Hôpital public : le recadrage de la Fédération Hospitalière de France

On a tous entendu les hypocrites à la télé saluer « le travail formidable des soignants » (qui aime bien, châtie bien, dit-on) suivi de « le problème de l’hôpital c’est les 30 % d’administratifs ». Comme toujours c’est suivi d’une comparaison en général faussée avec tel ou tel pays sur lequel il faudrait s’ajuster à la baisse.

La déléguée générale de la FHF a fait une mise au point.

L’hôpital public c’est 1,2 million de professionnel.les, 200 métiers.

Il réalise 80 % de l’hospitalisation – réanimation, 85 % de la permanence des soins, continuité des soins.

Il finance 69 % de dépenses des soins, 100 % des greffes, 80 % de la recherche publique.

Dans les 2 dernières décennies l’hôpital public a perdu 12 milliards.

Entre 2009 et 2019 les soins ont augmenté de 19 %, les effectifs de 4 %.

Non il n’y a pas 30 % de personnel administratifs. Il y en a 10,6 %, dont la moitié de secrétaires médicales (contre 13,6 % dans le privé)

Sur l’absentéisme (en baisse) : on compte les maternités dans les absences, or il y a 79 % de femmes.

Recrutement un peu plus facile sauf gériatrie, psy, urgences.

Les économies on devrait les faire par la prévention : gagner 1 année de vie en bonne santé c’est 1,5 Md d’économies.

L’édito du webzine. 18 septembre, suite et sûrement pas fin !

Au grand dam de Retailleau qui a tout fait pour mettre la pression afin que cette journée dégénère, ce 18 septembre a été un des grand moment de colère et de protestations avec, dans tout le pays, des manifestations massives, colorées, inventives, déterminées et joyeuses.

Après 1 million de manifestants, l’intersyndicale a mis une pression phénoménale sur l’exécutif. Le couple Macron-Lecornu va-t-il plier, rompre avec son orientation politique rejetée par une écrasante majorité de Français ? Il serait risqué de leur part de ne pas entendre le message pour la justice sociale porté par les manifestants et grévistes qui ont exprimé leur colère et, surtout, leur désir ardent de changement.

Mais la Macronie nie depuis huit ans la question sociale. Pourtant le mouvement social ne cesse d’exiger la rupture avec ce projet de budget 2026, « le musée des horreurs » présenté par François Bayrou. Ce mouvement social avance des propositions pour la justice sociale, la justice fiscale et écologique. Il est méprisé par Emmanuel Macron qui est passé en force pour imposer deux années de travail supplémentaire aux travailleurs.

Les organisations syndicales ont lancé, ce vendredi, un « ultimatum » au nouveau Premier ministre, lui laissant jusqu’à mercredi prochain pour répondre à leurs revendications. Parmi celles-ci l’abandon de tout le contenu du projet de budget 2026 (doublement des franchises médicales, désindexation des pensions, des prestations sociales, des salaires des agent·es de la fonction publique et du budget des services publics, suppression de 3.000 postes de fonctionnaires, réforme de l’assurance chômage…). Les syndicats réclament également l’abandon du recul de l’âge légal de départ à 64 ans.

Une soif de justice sociale et fiscale

Par ailleurs les organisations syndicales exigent l’ouverture de négociations salariales dans toutes les branches et les entreprises » et que ces dernières justifient les 211 milliards d’euros d’aides publiques qu’elles ont reçues.

Sébastien Lecornu s’est dit prêt à bouger, alors chiche « on attend des preuves ! » dit Marylise Léon de la CFDT. Sophie Binet, de la CGT enfonce le clou et prévient que « nous sommes en position de force et exigeons des réponses immédiates », et rajoute : « Nous ne rangerons pas les drapeaux tant que nous n’aurons pas eu gain de cause ».

Ne pas répondre à cette soif de justice et continuer sur la voie de la politique pro business, qui a asséché les finances publiques à coups de cadeaux fiscaux serait un aveu d’incapacité à gouverner le pays pour le sortir de l’ornière. Mais qu’attendre de la droite macroniste et de ses alliés du socle commun de plus en plus replié sur ses prébendes ? Seules les mobilisations sociales pourront inciter le pouvoir à plier et à faire pression sur les gauches pour qu’elles dépassent leurs divisions et soient au rendez-vous de l’histoire.

Dominique Gerbault

Après le coup de semonce, l’ultimatum des syndicats (L’Indep)

L’intersyndicale pose ses conditions et attend une réponse d’ici à mercredi.

Au lendemain d’une mobilisation massive à travers la France, les organisations syndicales ont appelé, vendredi, le Premier ministre Sébastien Lecornu à abandonner l’ensemble du projet de budget 2026. Elles le jugent injuste et dangereux pour les droits sociaux et menacent d’une nouvelle journée de grève et de manifestations si leurs revendications ne sont pas entendues d’ici mercredi.

« La mobilisation massive du 18 septembre démontre que le compte n’y est toujours pas », souligne l’intersyndicale dans une déclaration commune lue devant la presse par Thomas Vacheron, secrétaire confédéral de la CGT.

Des demandes précises

Elle exige notamment l’abandon du doublement des franchises médicales, de l’année blanche, de la désindexation des pensions et des prestations sociales, de la suppression de 3 000 postes de fonctionnaires, ainsi que de la réforme de l’assurance chômage. Les syndicats déplorent également des projets « attaquant » le Code du travail et le 1ª mai. Ils réclament une fiscalité ciblant les gros patrimoines et les très hauts revenus, ainsi qu’une conditionnalité sociale et environnementale des 211 Mde d’aides publiques aux entreprises.

Parmi les autres revendications figurent: des moyens budgétaires renforcés pour les services publics, une protection sociale de haut niveau l’abandon du recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, des investissements dans une transition écologique juste et une réindustrialisation du pays, des mesures contre les licenciements.

« La balle est maintenant dans le camp du Premier ministre », prévient l’intersyndicale. Faute de réponse d’ici le 24 septembre, elle se réunira pour décider rapidement d’une nouvelle journée de mobilisation. Cette déclaration fait suite à celle, forte, enregistrée jeudi pour dénoncer la politique économique menée sous Emmanuel Macron et les coupes budgétaires redoutées de la part du futur gouvernement de Sébastien Lecornu, malgré le renversement de son prédécesseur François Bayrou. La CGT a revendiqué plus d’un million de participants dans le pays. Les autorités en ont recensé moitié moins.

Sébastien Lecornu, qui mène depuis son arrivée à Matignon des consultations avec les forces politiques et les partenaires sociaux sur le budget, a promis, jeudi, de recevoir à nouveau les forces syndicales dans les jours qui viennent.

L’Indépendant, le 20 septembre 2025

L’actu de la CGT (n° du 19 septembre 2025)

Après le succès du 18 septembre, les syndicats lancent un ultimatum
La mobilisation contre le budget d’austérité a été massive : plus d’un million de manifestant·es et des centaines de milliers de grévistes dans le public et le privé. Le signal est clair : le gouvernement ne peut plus ignorer la colère.
—>­ Retrouvez les moments forts de la journée

Dimanche 21 septembre : marche pour la reconnaissance de l’État palestinien et l’arrêt du génocide à Gaza
­
Partout, des voix s’élèvent pour la paix et l’arrêt des massacres. La France doit agir sans attendre : reconnaître l’État de Palestine dans les frontières de 1967, pour garantir la coexistence de deux peuples dans la sécurité et le respect de leurs droits.
—> ­Télécharger le tract

Actualités

Contre l’austérité, renforçons la mobilisation
L’austérité, ce sont des salaires bloqués, des services publics sacrifiés, des vies abîmées. Ensemble, renforçons la mobilisation dans nos entreprises, nos services et nos territoires.
—>­ Voir la vidéo

La CGT soutien la flottille pour Gaza
La flottille pour Gaza tente une nouvelle fois de briser le blocus illégal imposé à la population palestinienne. La CGT, avec d’autres organisations syndicales internationales, salue cette action de solidarité internationale et rappelle l’urgence d’obtenir la levée du siège et la paix.
—>­ Lire l’appel et écouter le témoignage d’un camarade à bord

Pétition

Gaz, électricité : exigeons des factures justes
La CGT mines et énergie propose de réduire la pression sur les factures et lance une pétition pour soutenir une proposition de loi pour baisser la TVA à 5,5 % sur la facture d’énergie.
—>­ Je signe la pétition

Communiqués de presse

Répondre au million de manifestant·es : l’intersyndicale lance un ultimatum
­L’ensemble des organisations syndicales se félicite du succès de la journée de mobilisation interprofessionnelle et unitaire du 18 septembre avec un million de manifestant·es et de grévistes dans toute la France. Cela confirme la colère et la détermination des salarié·es, privé·es d’emplois, jeunes et retraité·es : les sacrifices pour le monde du travail, ça suffit !
—> Lire le communiqué unitaire

Plus d’un million pour le progrès social !
­Avec plus d’un million de manifestant·es dans plus de 250 manifestations, et des centaines de milliers de grévistes dans le privé et le public, la mobilisation unitaire de ce jeudi 18 septembre est une grande réussite. Elle envoie un avertissement clair au gouvernement : la colère sociale se renforce.
—> Lire le communiqué

Répondre au million de manifestant·es : l’intersyndicale lance un ultimatum

L’ensemble des organisations syndicales se félicite du succès de la journée de mobilisation interprofessionnelle et unitaire du 18 septembre avec un million de manifestant·es et de grévistes dans toute la France. Cela confirme la colère et la détermination des salarié·es, privé·es d’emplois, jeunes et retraité·es : les sacrifices pour le monde du travail, ça suffit ! La mobilisation contre le budget d’austérité a commencé à payer, elle a obligé le pouvoir à abandonner la suppression de deux jours fériés.

La mobilisation massive du 18 septembre démontre que le compte n’y est toujours pas ! Les organisations syndicales, avec les travailleuses et les travailleurs, exigent :

  • L’abandon de l’ensemble du projet de budget et notamment le doublement des franchises médicales, l’année blanche (désindexation des pensions, des prestations sociales, des salaires des agent·es de la fonction publique et du budget des services publics), la suppression de 3 000 postes de fonctionnaires et la réforme de l’assurance chômage, ainsi que des projets attaquant le code du travail, et le 1er mai ;
  • La justice fiscale, avec la mise en place de dispositifs qui taxent les gros patrimoines et les très hauts revenus, et contraignent le versement des dividendes ;
  • La conditionnalité sociale et environnementale des 211 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises privées ;
  • Des moyens budgétaires à la hauteur pour les services publics partout sur le territoire ;
  • Une protection sociale de haut niveau et l’abandon du recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans ;
  • Des investissements dans une transition écologique juste et la réindustrialisation de la France, et des mesures contre les licenciements.

La balle est maintenant dans le camp du Premier ministre. Si d’ici au 24 septembre il n’a pas répondu à leurs revendications, les organisations syndicales se retrouveront pour décider très rapidement d’une nouvelle journée de grève et de manifestations.
Les organisations syndicales pointent également la responsabilité du patronat et exigent l’ouverture de négociations salariales dans toutes les branches et les entreprises. D’ici là, les travailleuses, les travailleurs et leurs syndicats maintiendront la pression par différentes initiatives, organisations de réunions d’information, assemblées générales du personnel, actions dans les entreprises, les services et administrations…

La réussite du 18 septembre place les travailleuses et les travailleurs en position de force. Les organisations syndicales conviennent d’ores et déjà de se revoir très régulièrement pour prendre toutes les initiatives nécessaires afin de mettre le débat budgétaire sous la pression du monde du travail et gagner enfin la justice sociale.

Le 19 septembre 2025

500 000 à un million dans la rue pour « plus de justice sociale » (L’Indep)

La mobilisation a tenu ses promesses, jeudi, pour l’intersyndicale qui a compté un million de manifestants, 506 000 selon les autorités. Les coupes budgétaires à venir et les finances du quotidien étaient au cœur des préoccupations.

1 Une mobilisation importante

Un million selon l’intersyndicale, comme au meilleur des manifestations contre la réforme des retraites. Et 506 000 pour le ministère de l’Intérieur, qui avait revu, la veille, l’estimation initiale de 400 000 manifestants à la hausse : 900 000 personnes étaient annoncées, pour 80 000 membres des forces de l’ordre déployés, avec un vaste dispositif de sécurité.
« C’est un succès », s’est félicitée la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. « Un succès et un avertissement très clair au gouvernement », dit l’intersyndicale, qui décidera, ce vendredi, des suites du mouvement.
« C’est un immense événement, qui aura des conséquences politiques », a aussi réagi le patron de LFI, Jean-Luc Mélenchon, présent dans les défilés à Marseille. Pour Raphaël Glucksmann, de Place publique, membre du cortège parisien, où 55 000 personnes ont défilé, selon la préfecture de police, « il faut passer à une culture de la négociation, du compromis ».

Ils étaient 15 000 à Montpellier, selon les estimations de Midi Libre. 15 000 aussi à Marseille, selon La Provence, 20 000 (syndicats) à 14 000 (préfecture) à Lyon, 20 000 (syndicats) à 11 500 à Rennes. Le 10 septembre, le mouvement « Bloquons tout » avait réuni 197 000 (ministère de l’Intérieur) à 250 000 personnes.
« Les revendications des manifestants sont au cœur des consultations engagées », a réagi le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui a annoncé qu’il recevra les syndicats « dans les jours qui viennent ».

2 Sous tension, sans incident majeur

Des milliers de personnes « viendront pour la bagarre »,s’était inquiété Bruno Retailleau. Des incidents ont émaillé les défilés: à Marseille, un policier a été filmé en train de donner des coups de pied à une manifestante. À Lyon, un journaliste de France Télévision a été blessé. A Paris, des cheminots ont pu pénétrer dans l’enceinte du ministère de l’Économie.
« La France n’a pas été bloquée », s’est félicité Bruno Retailleau, qui s’est exprimé à 20h. Le ministre de l’intérieur a signalé la présence de « 7300 individus radicalisés, dangereux, black blocks », dans les cortèges. Il recense 309 interpellations et 134 gardes à vue et mentionne que 26 agents des forces de l’ordre ont été blessés.

3 Enseignement ou énergie, les secteurs qui ont mobilisé

Selon le ministère de l’Éducation nationale, près d’un enseignant sur cinq (19,90 %) était en grève dans les collèges, 17,48 % dans le primaire, 13,72 % dans les lycées d’enseignement général et 13,08 % en lycée professionnel. 22 lycées ont été complètement bloqués. L’académie de Montpellier était bien au-delà, avec, de source officielle, 17,22 % de grévistes.
Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a comptabilisé, pour sa part, 45 % de grévistes dans les collèges et lycées.
Dans la fonction publique d’État, plus d’un agent sur dix (12,7 %) était en grève, selon le ministère de la Fonction publique.
EDF a fait état, à la mi-journée, de 4 000 mégawatts de baisses de charge dans ses centrales de production d’électricité, l’équivalent de quatre réacteurs nucléaires, précise BPMTV. Dans le secteur privé, les pharmaciens ont tenu leur promesse : 9 officines sur 10 étaient fermées et 20 000 d’entre eux « étaient dans la rue », selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

4 Les économies dans toutes les têtes

Lancé le 29 août en réaction aux 44 millions d’économies annoncées par François Bayrou, l’appel à manifester aurait pu faire « flop », alors que la France a changé de Premier ministre, avec un « plan » à redéfinir pour assainir ses finances. Il n’en a rien été.
La crainte de coupes drastiques dans les finances publiques et le quotidien difficile étaient au cœur des préoccupations dans les cortèges, où le « pouvoir d’achat », la « justice sociale », le blocage des salaires ou encore les petites retraites étaient souvent cités.

Sophie Guiraud (L’Indépendant, le 19 septembre 2025)

Sophie Binet : « S’il n’y a pas de réponse, la mobilisation ne va pas s’arrêter » (L’Indep)

La secrétaire générale de la CGT nous a accordé un entretien à la veille de la grande journée de manifestations et de grève ce jeudi.

Quelle sera l’ampleur de la mobilisation ce 18 septembre, annoncé comme un jeudi noir ?

Ça va être une grande journée de grève et de manifestations. On a recensé plus de 260 manifestations, je pense qu’on va approcher des 300. C’est le niveau de maillage de la mobilisation contre la réforme des retraites. On s’attend à une forte mobilisation parce qu’il y a une colère énorme.
Notre but est de construire une mobilisation crescendo. Ce sera donc un succès à partir du moment ou ce sera plus fort que le 10 septembre.
Le 10, c’était d’abord de la colère. Le 18 septembre, ce sera aussi un message d’avenir : on veut un budget de justice sociale qui ouvre des perspectives pour le pays et qui rompe avec la nuit sans fin du macronisme. Ça n’est plus possible que ce soit toujours les travailleurs qui passent à la caisse.
Depuis huit ans, on a subi des réformes (Code du travail, assurance-chômage, retraites…), il y en a ras le bol qu’on vienne chercher dans nos poches pour rembourser l’argent qui a été donné aux milliardaires.

Que demandez-vous concrètement ?

D’abord l’enterrement du projet de budget de François Bayrou. J’ai rencontré M. Lecomu lundi et je lui ai posé des questions très précises, la seule chose qui est clairement abandonnée, c’est la suppression des deux jours fériés. Pour le reste, il n’y a pas de rupture. Il y a toujours dans les tuyaux une réforme de l’assurance-chômage, le doublement des franchises médicales, les 3 000 suppressions de postes dans les services publics, la baisse des pensions, des prestations sociales et des salaires dans la fonction publique… Tout ça est toujours sur la table.

La taxe Zucman, que vous défendez comme solution alternative, serait-elle suffisante, sachant que des économistes remettent en cause l’ampleur des recettes qu’elle pourrait générer ?

Même si elle rapporte 6 milliards, ce sera toujours ça de pris. Nous portons aussi la nécessité de taxer les rachats d’actions et les dividendes, de rétablir l’ISF, de mettre en place une vraie progressivité de l’impôt sur le revenu.
Parce qu’aujourd’hui, le problème, c’est que les milliardaires payent deux fois moins d’impôts que le reste de la population. Et puis, il y a les 211 milliards d’aides publiques aux entreprises qui sont donnés chaque année sans condition ni contrepartie.

Le gouvernement redoute ce 18 septembre, comme lors du 10 septembre,
des débordements. Craignez-vous des violences, des dérapages ?

Moi, ce qui m’inquiète très fortement, c’est la stratégie de maintien de l’ordre du ministère de l’Intérieur. Le 10 septembre, les violences étaient marginales, mais le dispositif policier était complètement disproportionné, on n’a jamais vu ça, et ça conduit à de la répression policière, des manifestants gazés et violentés de façon « préventive ».
Heureusement, les gens étaient très majoritairement pacifiques et avaient bien compris le piège que veut nous tendre le ministre de l’Intérieur démissionnaire, qui met de l’huile sur le feu pour tenter de rendre impopulaires les mobilisations, en nous faisant passer pour des gens violents.

L’enjeu est-il, pour vous, de garder la main sur la contestation sociale, alors qu’émergent sur les réseaux sociaux des mouvements spontanés comme « Bloquons tout » ?

La CGT n’a pas de problème avec la démocratie. C’est bien que cette mobilisation ait pris dès cet été. Ça montre à quel point la colère est forte. Nous avons décidé de participer à la mobilisation du 10 et je me félicite que cette journée a été un succès parce que ça vient nourrir le 18. C’est comme ça qu’on
continuera a avancer.

Les organisations syndicales sont-elles toujours en mesure, elles, de peser sur le pouvoir, sachant que les journées d’action contre la réforme des retraites sont restées vaines ?

Le problème, ce n’est pas les organisations syndicales, c’est la Vº République et le 49.3. C’est ça qui a permis à Emmanuel Macron de passer en force sur la réforme des retraites. On avait prévenu qu’il le paierait par une profonde crise démocratique. On y est. Et s’il continue à passer en force, ça peut se traduire par une crise de régime.
Mais, aujourd’hui, nous sommes en position de force, parce que jamais un gouvernement, un Président, n’ont été aussi affaiblis.

La mobilisation va-t-elle se poursuivre au-delà du 18 septembre ?

La décision sera prise collectivement. Mais s’il n’y a pas de réponse du gouvernement sur nos revendications au lendemain du 18, la mobilisation ne va pas s’arrêter comme ça. Ça continuera à monter crescendo.
Ça fait huit ans que le disque est rayé, qu’on nous dit, matin, midi et soir, qu’il faut faire des sacrifices pour rembourser la dette. Il faudra une pression sociale tout au long de la discussion de ce budget, sinon, ce sont encore les milliardaires qui vont avoir le stylo. Nous voulons prendre le stylo et le chéquier. Et pour ça, comme on n’a pas la force de l’argent, il nous faut la force du nombre.

Propos recueillis par Manuel Cudel (L’Indépendant, le 18 septembre 2025)