Le 20h de France 2, en passe de gagner le concours du journal le plus réactionnaire

Pour tenter de gagner le Graal de la meilleure audience devant TF1, la direction de l’information de France Télévisions semble avoir misé sur tout ce qu’il y a de plus rance dans le spectre des opinions politiques.

Lors du 20h du 9 septembre, après une ouverture classique sur le choix du futur Premier Ministre et l’indéboulonnable Nathalie Saint-Cricq qui parle de la nomination de Sébastien Lecornu comme s’il n’y avait pas eu d’autre alternative, on passe à la journée de mobilisation du 10 septembre, et là, soudain, l’information se met au garde-à-vous.

Alors que selon les instituts de sondage, près d’un Français sur deux soutient le mouvement « Bloquons tout ! », le journal de Léa Salamé occulte totalement les raisons de la colère populaire, pour ne traiter cette journée que sous l’angle du maintien de l’ordre et des perturbations à venir pour la France qui travaille.

Le sujet sur le dispositif policier mis en place fait un étalage des moyens de répression que pourront utiliser les policiers, comme s’ils n’avaient en face d’eux que des casseurs, des voyous et des black bloc, et non des citoyens avec des revendications légitimes. France 2 se met ainsi explicitement du côté de la police, quitte à mettre en danger ses équipes qui couvriront les manifestations.

Dire que « les forces de l’ordre ont appris des gilets jaunes à être plus efficaces », sans rappeler que depuis que Macron est au pouvoir la répression policière n’a jamais été aussi violente, avec des dizaines de personnes mutilées et éborgnées, et même trois personnes tuées depuis 2015, c’est tourner le dos à cette population française qui continue de défendre le droit légitime de manifester.

Léa Salamé aurait pu rappeler que la France est le pays européen le plus violent en matière de maintien de l’ordre, ou même, évoquer la note envoyée cet été par le Ministère de l’Intérieur aux forces de l’ordre. Dénoncée par les syndicats de journalistes, elle ne prend plus en compte le statut de journaliste en cas de violences urbaines. Or, comme l’explique un policier dans le sujet, « on va être à la limite entre le maintien de l’ordre et les violences urbaines ». Un mot de solidarité avec les journalistes qui risquent d’être traités comme n’importe quel manifestant aurait été le bienvenu.

Pour ne pas être en reste, pour dire quand même quelques mots du mécontentement populaire, la chefferie du 20h se livre à une manipulation grossière, que l’on a déjà vue au moment des gilets jaunes. Le téléspectateur est incité à faire un lien entre le mouvement « Bloquons tout » et l’extrême droite, puisque les seules revendications exprimées dans le journal sont celles du « trop d’impôts » et du « Nicolas qui paie ». Rien sur le naufrage des services publics, les milliardaires qui se gavent, les vraies revendications de gauche.

Pour clore le tout, ce journal pitoyable se termine par l’onction du cardinal Bustillo, un Richard Gere en soutane, qui nous prie de sortir de la lutte des classes. Félicitations pour ce journal d’Ancien Régime, pour ce journalisme de cour. Quel mépris pour les citoyens qui regardent encore le 20h et pour les journalistes qui continuent de faire leur travail, dans l’adversité !

Paris, le 10 septembre 2025

Gérone. Les Catalans réunis pour défendre leur langue et leur culture (L’Indep)

Quelque 12 000 Catalans ont défilé ce jeudi 11 septembre 2025 dans le centre-ville de Gérone lors de la traditionnelle et revendicatrice diada.

Il faudrait plus qu’un ciel gris et menaçant pour doucher les envies d’émancipation du noyau dur du mouvement indépendantiste catalan. Ce 11 septembre 2025, Gérone était l’une des trois villes catalanes où la senyera flottait sur une diada qui doublait crânement son nombre de participants par rapport à l’édition 2024.

Deux fois plus de monde que l’an dernier

12 500 personnes, selon les organisateurs, ont en effet rallié la place de l’Indépendance et le pare de la Devèse un kilomètre plus loin. Soit deux fois plus de monde que l’an dernier aux mêmes endroits puisque la diada 2024 avait alors rassemblé 6 500 Catalans.

Un parcours d’un petit kilomètre pavoisé de sang et or et retentissant des indispensables chants, « Volem, volem paisos catalans » en tête.

Dans la foule, Carles, 77 ans, membre d’Omnium et ANC, deux associations organisatrices, qui n’a manqué aucune diada depuis 30 ans. Et qui, malgré la plus forte participation de cette année, remarque bien que le mouvement s’essouffle. La faute aux politiques selon lui. « La dissonance entre Junts et ERC (les deux partis indépendantistes catalans-NDLR) a produit du désintérêt chez beaucoup », grimace-t-il. « Mais quand des personnages incarneront de nouveau la possibilité de l’indépendance, ça repartira car il n’y a pas d’autre solution. On est en stand-by ». En attendant un autre homme providentiel, c’est la langue catalane qui est au cœur des revendications cette année.

Inquiétude sur la langue catalane

Lluis Llach depuis Barcelone ou les « marcheurs » de la diada 2025 à Gérone, tous ont la même inquiétude, la langue catalane serait attaquée et en danger, et la même revendication, la protéger. Car le Tribunal supérieur de justice catalan a amputé le décret sur le très inflammable régime linguistique. L’enseignement scolaire du catalan serait ainsi menacé. « Une offensive sur l’école catalane », selon Lluis Llach.

« C’est simple, les Catalans veulent une seule chose: qu’on respecte leur langue et leur culture », résume Carles, vêtu d’un maillot de l’USAP, et accompagné de son épouse française Véronique et leur fille Estelle. Le couple participe « à toutes les diada depuis quinze ans, chaque année on y est, à Barcelone ou ici ». Et Carles « y croi(t) encore mais en ce moment ce n’est pas possible parce que l’État espagnol nous colonise »,

Le slogan de cette diada 2025 était « Plus de raisons que jamais de réclamer l’indépendance ». La place que gardera, ou pas, la langue catalane dans la société catalane, et pour sa cohésion, est assurément un enjeu pour cette diada comme pour la prochaine.

À Gérone, Frédérique Michalak (L’Indépendant, le 12 septembre 2025)

Journée d’action du 18 septembre : « L’austérité n’est pas une fatalité » (L’Indep)

Ce jeudi 18 septembre 2025, une large intersyndicale appelle salariés du public et du prive a manifester a Perpignan dans le cadre d’une journée d’action entre autres destinée à s’opposer à l’austérité budgétaire et à réclamer la « justice fiscale ». Dans la lignée des revendications exprimées ce mercredi lors du mouvement citoyen « Bloquons tout ».

L’intersyndicale réunie lors du mouvement contre la réforme des retraites est de retour. CGT, CFDT, FO, CFTC, FSU, Solidaires, Unsa, CPE-CGC : pas moins de huit organisations appellent à battre le pavé à Perpignan ce jeudi 18 septembre 2025. Entre autres pour s’opposer aux restrictions budgétaires annoncées, tout en réclamant une véritable « justice fiscale » et un meilleur partage des richesses. Le rendez-vous est fixé à 10h30 sur la place de Catalogne.

« Pas un syndicat ne manque à l’appel », se félicite le secrétaire départemental de FO, Jérôme Capdevielle. Selon lui, cette unité est toute naturelle compte tenu de la situation : « Le budget annoncé par Bayrou est injuste, dans la continuité de ce qu’on a vécu en 2023 avec la réforme des retraites. On a pris acte de la démission de Bayrou et de l’arrivée de Lecornu en tant que Premier ministre, mais on se fout du nom de celui qui est à Matignon. Ce qu’on regarde, c’est la politique menée. Faire payer l’ardoise aux seuls salariés est inadmissible. Il faut que l’effort soit partagé. »

Du « musée des horreurs » à la « chambre de torture »

Sur ce coup, le porte-parole départemental de la CGT, Julien Berthélémy, est sur la même ligne. « 44 milliards rognés sur les finances publiques, 2 jours fériés supprimés, la monétisation de la 5e semaine de congés payés: le budget annoncé est un véritable musée des horreurs », juge-t-il. « Nous réclamons la justice fiscale. On donne 211 milliards d’euros au patronat sans contreparties, alors qu’avec la réforme de l’assurance-chômage, on va encore prendre plus aux précaires. »

« Et en plus du musée des horreurs, on a l’impression d’être dans la chambre de torture », renchérit Géraldine Moralès, de la FSU66. « Il y a une souffrance qui est sur le point d’exploser : On s’attaque aux services publics mais derrière, il y a des hommes et des femmes. »

Omar Belguellaoui, de la CFDT 66, se veut également offensif. « On tape toujours sur les mêmes, les travailleurs, les demandeurs d’emploi, les retraités, comme s’ils étaient responsables de la dette », déplore-t-il. « Depuis 2017, on a eu 7 premiers ministres, mais c’est toujours le même braquet. »

Cependant, au-delà de la critique, l’intersyndicale propose également des solutions pour sortir le pays de l’ornière. « L’austérité n’est pas une fatalité. La dette peut être réduite autrement », assure l’un des co-secrétaires départementaux de Solidaires, Christopher Pereira. « Pour nous, le mieux serait de mettre à contribution les grands patrimoines », rebondit Laurent Fourcade, de la CFTC. Pierre Grousset, de l’Unsa, acquiesce. Et appelle, comme Solidaires, à l’instauration de la taxe Zucman de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros.

Jérôme Capdevielle estime quant à lui qu’au lieu de miser sur l’austérité, le gouvernement devrait également favoriser le pouvoir d’achat et par ricochets la consommation des ménages « qui pèse 60 % du produit intérieur brut ». Quand la CGT met notamment l’accent sur la nécessité de parvenir à l’égalité salariale entre hommes et femmes, qui permettrait aussi de renflouer les caisses grâce aux cotisations générées.

Arnaud Andreu (L’Indépendant, le 12 septembre 2025)

Conseil national du 6 septembre 2025

Le Conseil national avait deux points à son ordre du jour : premièrement, la situation politique, la rentrée sociale et la préparation des échéances électorales ; deuxièmement l’adoption du cahier thématique formalisant nos propositions pour la Sécurité sociale à l’occasion de son 80e anniversaire.

Le premier point a débouché sur l’adoption d’une résolution caractérisant la crise actuelle, à la veille de la chute du Premier ministre, marquée par le coût exorbitant du capital et le besoin d’intervention des travailleurs et des travailleuses, la nécessité de faire grandir le mouvement social, notamment à l’occasion de la journée de grèves et de manifestations du 18 septembre.

C’est la condition indispensable pour résister aux plans d’austérité et pour rassembler autour d’un pacte d’avenir pour la France et gagner le développement de l’emploi, de la formation, le renouveau industriel et agricole, le développement des services publics, de la transition écologique et une politique de paix.

Le second point a permis d’échanger autour du projet de Sécurité sociale dont le pays a besoin conjuguant nouvelle ambition pour les différentes branches de la Sécu, impératif démocratique et nouvelles propositions de financement et s’est conclu par l’adoption du cahier thématique, quatrième cahier qui voit le jour après ceux consacrés à la mobilité, au handicap et au logement !

Les rapports et documents adoptés

Le rapport de Fabien Roussel

Résolution face à l’offensive du capital, luttons et rassemblons autour d’un pacte d’avenir pour la France
Résultat du vote : 67 Pour / 0 Contre / 1 Abs.

Les cahiers thématiques des Jours heureux : Sécurité sociale
Résultat du vote : 68 Pour / 0 Contre / 0 Abs.

Relevé des interventions transmises

Montagne catalane. Bloquons tout : le haut canton mobilisé (L’Indep)

Hier, un barrage filtrant était dressé lors d’une action spontanée à l’occasion du mouvement « Bloquons tout le 10 septembre ». Une trentaine de personnes a commencé à se rassembler devant la citadelle de Mont-Louis à partir de 12h30 pour un barrage filtrant.

La montagne a voulu montrer « qu’ici en zone rurale, encore plus qu’ailleurs, on est mécontents de ce gouvernement On est les oubliés des oubliés. Nous faisons une manifestation non déclarée car le gouvernement et Macron ne sont tellement pas dans les clous qu’il n’y a pas de raison qu’on le soit ! », explique une manifestante. Une trentaine de personnes avait dressé un barrage filtrant sur le passage piéton devant la citadelle de Mont-Louis avec distribution de tracts aux automobilistes. « Nous nous sommes retrouvés spontanément entre gens qui ne connaissaient pas forcément mais qui cherchaient un lieu de protestation sur la montagne. » Quelques anciens Gilets jaunes étaient de la partie, n’ayant pas digéré « la répression et la non-prise en compte du cahier de doléances pour plus de justice sociale et de démocratie. » Ce que nombre de manifestants veulent, « le Référendum d’initiative citoyenne avec une Ve République car on veut décider des lois à mettre en place pour l’intérêt commun. Les revendications sont toujours les mêmes mais beaucoup plus criantes tant le gouvernement est allé trop loin, notamment sur les retraites, la loi Duplomb. Nous ne pouvons pas accepter d’être tondus indéfiniment, on est étouffés par une profonde injustice, une grosse indignation et beaucoup de détresse. Nous avons de plus en plus le sentiment d’être gouvernés par une caste qui défend son intérêt et pas celui du peuple français. On veut que la politique change. Le président de la République ne respecte pas la démocratie et ce déni de démocratie est assez insupportable. La nomination de Lecornu, Premier ministre, la veille du mouvement a exacerbé encore plus les tensions ! »

L’action, encadrée par les gendarmes s’est déroulée pacifiquement. Elle s’est achevée sur une assemblée générale toute aussi spontanée que le barrage filtrant « pour se fédérer car on se donne le droit de décider au dernier moment d’une action. C’est un mouvement citoyen et on ne veut être récupérés par aucun parti politique ».

Frédérique Berlic (L’Indépendant, le 11 septembre 2025)