Le Billet d’Yvon Huet. Billard à trois bandes…

Quand le PS joue les facilitateurs pour sauver la Macronie, il favorise la confrontation de LFI, seule contre tous et du RN avec le risque probable d’un rassemblement des droites pour confirmer la fin de la démocratie…

Quand la Macronie rapproche son programme de celui du RN au point de ne plus savoir où sont les nuances, elle favorise l’entrée en fanfare du RN à l’Élysée et à Matignon…

Quand LFI joue le maximalisme de façade en jouant solo et en humiliant systématiquement le reste de la gauche dans la majorité des circonscriptions et assemblées territoriales, elle favorise un score ubuesque du RN qui risque de remporter le morceau plus encore qu’hier, à l’Assemblée nationale et dans les municipalités.

Cette situation risque bien, dans ces trois cas de figure, de finir en catastrophe démocratique annoncée…

Sur ce coup, vous avouerez que malgré ses tentatives répétées et affichées pour arrêter ce billard à trois bandes mortifères, le PCF n’a aucune responsabilité dans ce fiasco annoncé particulièrement lassant dans les relais médiatiques qui ne se privent pas pour enfoncer le clou d’une débâcle à gauche. Ne serait-ce que pour cela, je conseille à mes contacts de plus et mieux le soutenir, même s’il peut y avoir des désaccords sur tel ou tel sujet. Au PCF, on n’exclut pas. On réfléchit, on débat et on soutient toutes les luttes populaires pour le progrès social et pour la paix.

Yvon Huet

L’édito du webzine. Budget 2026, la purge continue

Pour économiser 200 millions d’euros, le gouvernement envisage de relever à 18 ans l’âge de revalorisation des allocations familiales, sans demander l’avis au Parlement. Sébastien Lecornu n’a même plus besoin de 49.3 pour squeezer le débat parlementaire.

Le gouvernement envisage de réduire les prestations sociales pour réaliser des économies en augmentant l’âge de revalorisation des allocations familiales de 14 à 18 ans pour le deuxième enfant.

Actuellement, les allocations familiales sont augmentées lorsque le deuxième enfant atteint 14 ans, avec des montants variant de 18,88 euros à 75,53 euros par mois selon les revenus du foyer. Si cette nouvelle mesure est adoptée, elle pourrait entrer en vigueur en mars 2026 et entraîner une perte sèche pour les familles d’environ 200 millions d’euros par an. L’impact de cette mesure serait très lourd notamment pour les familles monoparentales et les familles modestes.

Le ministère de la Santé justifie cette décision par une étude de sa Direction des études statistiques, qui remet en question les coûts associés aux enfants de moins et de plus de 14 ans, suggérant que le soutien devrait être ajusté en fonction des dépenses réelles.

Le projet de décret concernant les allocations familiales sera examiné en parallèle du projet de loi de finances de la Sécurité sociale, le gouvernement a choisi de ne pas l’inclure dans ce projet de loi donc pas de débat parlementaire

Une atteinte à l’esprit de la Sécurité sociale

Cette décision constitue une atteinte aux Droits de l’Enfant dont les besoins en matière d’éducation, santé, loisirs augmentent à l’adolescence et méritent la solidarité et le soutien du gouvernement. Elle constitue une atteinte au budget des familles modestes, les familles monoparentales pour lesquelles les allocations familiales sont indispensables. Elle constitue une atteinte à l’esprit de la sécurité sociale fondée il y a 80 ans par Ambroise Croizat, ministre communiste. Une sécurité sociale dont le principe est : Chacun reçoit selon ses besoins et cotise selon ses moyens.

Dans le même temps, le gouvernement refuse obstinément de taxer les grandes entreprises (LVMH, Auchan, Michelin, Arcellor Mital …) qui reçoivent chaque année 211 milliards d’aides fiscales et d’allégement de cotisations sociales de l’État.

L’argent public doit servir enfin l’intérêt général et améliorer notre vie. La justice fiscale, ça urge ! Taxe Zucmann, Impôt de Solidarité sur la Fortune… Des dizaines de milliards que la gauche veut arracher.

Dominique Gerbault

Communiqué de presse de l’UCR-CGT. Les retraité∙es ne sont pas les vaches à lait du gouvernement !

Alors que le PLFSS 2026 n’a pas encore été débattu à l’Assemblée nationale, le Premier ministre a fait valider en conseil des ministres exceptionnel du 23 octobre 2025, une lettre rectificative au PLFSS 2026.

Non content de geler les pensions en 2026, de les revaloriser de 0,4 % en dessous de l’inflation de 2027 à 2030, le gouvernement Lecornu alourdi la facture pour financer le pseudo décalage de l’application de la réforme des retraites 2023, dont le coût est estimé à 100 millions d’euros pour 2026 et 1,4 milliards d’euros en 2027.

Il faut donc trouver de nouvelles ressources.

Le gouvernement les a trouvés principalement chez les retraité·es !

Elles et ils seront, à nouveau, mis à contribution par une nouvelle sous-indexation des pensions en 2027. Les pensions seront sous-revalorisées de 0,9 % par rapport à l’inflation. Autrement dit, 2027 sera une nouvelle année blanche pour les pensions des retraité·es.

Cette mesure est une attaque sans précédent contre le niveau de vie des retraité·es.

L’UCR-CGT appelle l’ensemble des retraité·es à se mobiliser massivement, dans les rassemblements et manifestations, le 6 novembre 2025.

Montreuil, le 23 octobre 2025

À l’occasion du 80ème anniversaire de la création de l’Organisation des Nations Unies le Mouvement de la paix appelle à la création d’un Front mondial des peuples pour la paix

Les guerres et les logiques de guerre se développent. La force tend à s’imposer au détriment du droit international. La militarisation de l’Europe et du monde se met en place. Les idéologies et gouvernements d’extrême droite se développent et ont accédé au pouvoir dans un nombre grandissant de pays.

L’agression de Poutine en Ukraine se poursuit, le processus de paix en Palestine et au Moyen Orient est encore bien fragile, Persistance des affrontements au Congo. Bombes sur le Yémen. Effusion de sang au Soudan. Trump entend imposer sa loi dans les caraïbes. Les usa et l’Otan appellent à porter le montant des dépenses militaires à 5 % du Pib. L’union européenne, la France et bien d’autres pays européens s’alignent sur ces orientations qui vont faire exploser le montant des dépenses militaires mondiales qui ont pourtant déjà atteint la somme vertigineuse 2.700 milliards de dollars en 2024 contre 1.000 milliards environ en l’an 2000. Dans le même temps les budgets sociaux et environnementaux sont rognés et les services publics remis en cause au prétexte d’une économie de guerre.

Comme le soulignent les organisations syndicales et de nombreuses ONG la militarisation des économies et le développement d’industries militaires (qui font bénéficier les actionnaires de profits bien supérieurs aux activités civiles) contribuent au commerce des armes, alimentant les conflits et contribuant à la détérioration de l’environnement. Par contre on assiste dans le même temps à des fermetures d’entreprises et des licenciements dans des industries répondant à des besoins des populations et à des services publics qui n’ont pas les moyens suffisants pour assurer leurs missions.

Ces logiques conduisent à une fragilisation du dispositif international en faveur du désarmement, et du désarmement nucléaire en particulier, et ce malgré l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui a été gagné grâce à des mobilisations internationales. Cette évolution s’accompagne d’un développement des idéologies fascisantes et autoritaires.

Les forces du complexe militaro-médiatico-industriel et des idéologies autoritaires et fascisantes se développent, alors que le droit international et les institutions internationales dont les Nations Unies sont remis en cause. En fait les forces du complexe-lobby militaro-médiatico-industriel y compris en Europe sont déterminées à imposer la loi du plus fort contre le droit des humains à vivre ensemble en paix dans un monde de justice, de solidarité et de fraternité. Cette volonté se traduit par une violation régulière des règles du droit international et de la Charte des Nations Unies et par la marginalisation voulue des institutions internationales (et en particulier les Nations Unies et de toutes ses composantes) sur lesquelles repose les fondements du multilatéralisme.

Si la pression des populations en Europe et dans le monde existe, cette pression est insuffisante pour stopper ces logiques qui peuvent nous conduire aux pires catastrophes économiques, sociales, démocratiques et environnementales voire au possible basculement vers une extension mondiale de la guerre.

Pourtant des solutions existent tant pour l’Europe que pour le monde.

Les analyses et propositions des ONG et des organisations syndicales font apparaitre de larges convergences entre elles et avec les mouvements agissant pour la construction d’un monde de justice et de paix. Ces convergences s’expriment clairement à travers les récentes prises de positions de la CSI (confédération syndicale internationale) et de la CSE (Confédération syndicale européenne), de la conférence internationale contre les bombes A et H qui a réuni des militants venant de tous les continents à Hiroshima et Nagasaki en aout 2025, mais aussi à travers des prises de position de collectifs.

Ainsi en France le collectif national « En marche pour la paix » fort de près de 200 organisations nationales, régionales ou locales dont 3 des principales organisations syndicales (CGT, FSU , Solidaires) indique dans un appel de 2025 : « Nous refusons la guerre et l’économie de guerre comme horizon pour nos sociétés. Nous refusons la militarisation de la jeunesse et la captation des ressources par les industries de guerre. Nous appelons au respect du droit international qui demande de favoriser l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationale en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde » (article 26 de la Charte des Nations unies) et qui propose «de résoudre les crises en s’attaquant à leurs causes profondes par la voie du dialogue et de la négociation » (résolution ONU 52 13 du 15 janvier 1998).

Des mobilisations existent bien et elles nous ont permis il y a quelques années de gagner le traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Mais la situation internationale nécessite aujourd’hui le renforcement de l’action unie de NOUS LES PEUPLES au plan mondial à travers la constitution d’UN FRONT MONDIAL POUR LA PAIX.

De notre point de vue l’absence d’actions coordonnées et visibles au plan mondial contribue à créer chez les citoyens une sorte de découragement qui ne favorise pas le rassemblement des peuples pour la paix et en particulier des jeunesses du monde.

Il est de notre responsabilités à Nous les peuples à travers nos mouvements et organisations agissant pour la paix de travailler à la construction de ce front mondial pour la paix qui est nécessaire tant pour la paix en Europe que pour une paix juste et durable entre israéliens et palestiniens, que pour tous les autres conflits en cours. Cette construction doit se faire sur la base du respect du droit international, de la Charte des Nations Unies, des résolutions des Nations Unies et des décisions de la CIJ ainsi que sur la mise en œuvre des droits économiques et sociaux.

Pour le Mouvement de la Paix, le 80ème anniversaire de la création de l’ONU est une opportunité pour rappeler l’urgence de la mobilisation de « Nous les peuples » , à travers le monde pour la construction d’un FRONT MONDIAL POUR LA PAIX , un front contre l’économie de guerre, contre la militarisation de l’Europe et du monde et pour une sécurité humaine commune construite dans le respect de la Charte des Nations Unies et donc sur la base de logiques de coopérations et non d’affrontements, car pour son avenir face à tous les défis qui l’assaillent l’humanité n’a d’autres chemins que la paix.

En ce 24 octobre 2025 Le Mouvement de la paix réaffirme sa volonté de poursuivre partout en France les actions et débats sur toutes les questions liées à la défense du multilatéralisme et de la Charte des Nations Unies, et réaffirme sa résolution à agir pour stopper les guerres qui continuent à infliger à l’humanité d’indicibles souffrances et à associer nos efforts pour que le droit des humains à la paix devienne une réalité le plus vite possible.

Le Mouvement de la Paix
Le 24 octobre 2025

Communiqué de presse de la FCPE Occitanie

La FCPE Occitanie réunie autour de son projet éducatif pour l’année 2025-2026 avec une nouvelle équipe dans la poursuite des actions de terrains et de l’engagement en faveur des parents d’élèves

Une nouvelle équipe pour la FCPE Occitanie

Vanina Blelly et Rémy Landri élus co-président.e.s de la FCPE Occitanie

Lors du Conseil d’administration qui s’est réuni le samedi 18 octobre 2025, les membres du Comité Régional de la FCPE Occitanie ont élu un nouveau bureau :

  • Vanina Blelly, co-présidente,
  • Rémy Landri, co-président,
  • Nadège Houles, secrétaire générale,
  • Gilles Mercadier, trésorier général,
  • Aurélie Guillemat, secrétaire générale adjointe,
  • Chrystine Loupiac, trésorière générale adjointe.

Cette gouvernance partagée s’inscrit dans la poursuite des tâches engagées en faveur des parents d’élèves des écoles publiques en Occitanie et symbolise le partage d’expériences, la parité, et l’unité de notre région autour de l’école. C’est une nouvelle étape pour continuer à renforcer le dialogue territorial en garantissant une représentation équilibrée des départements et une co-construction de projets et d’actions à l’échelle régionale autour de différentes thématiques telles que : l’orientation, la lutte contre les inégalités scolaires et contre la violence et le cyber-harcèlement, la santé mentale…

Une équipe engagée pour l’École publique et les familles en Occitanie autour de son projet éducatif 2025-2028

En cohérence avec les valeurs fondatrices de la FCPE – première fédération de parents d’élèves des écoles publiques en France – et son projet éducatif 2025-2028, le Comité Régional de la FCPE Occitanie et sa nouvelle équipe régionale s’engage à :

  • Promouvoir une école laïque, inclusive, bienveillante et émancipatrice,
  • Soutenir activement les fédérations départementales des parents d’élèves des écoles publiques en Occitanie et tous les conseils locaux de parents dans leurs actions de terrain en faveur de l’éducation pour tous les élèves,
  • Renforcer le lien entre les familles, les établissements scolaires et les institutions,
  • Porter une voix forte et unie auprès du Conseil régional, de l’Éducation nationale et des partenaires.

Un appel à la défense de l’école publique en Occitanie et à la coopération partenariale

La FCPE Occitanie renouvelle son attachement à l’école publique, à la coéducation et à la coopération entre les différents acteurs éducatifs, associatifs et institutionnels.

Nous saluons toutes les structures partenaires qui, avec nous, œuvrent au service de l’intérêt des élèves et des familles, et réaffirmons notre volonté de dialogue et d’actions communes dans les mois à venir.

Pour tout contact presse ou demande d’entretien : contact@fcpe-occitanie.org 09 77 90 51 22

Conférence de presse : mardi 28 octobre 2025 de 11h à 12h15, 2 impasse du Général Baurot – Toulouse

L’actu de ­la CGT (n° du 24 octobre 2025)

Budget Lecornu : un concentré de violence sociale
­
Face à la mobilisation massive de la population, le premier ministre a été contraint à renoncer au vol de deux jours fériés, et à « suspendre » en décalant la réforme des retraites. Malgré tout, le budget qu’il présente reste bien pire que celui de son prédécesseur.
—> Lire l’article de décryptage

« Suspension » ou blocage de la retraite à 64 ans, quel impact pour vous ?
—> Accéder au simulateur

Actualités

Salaires : 9 raisons de contacter la CGT en territoire
Pour gagner des augmentations générales de salaires, souvent pendant les périodes des négociations annuelles, un syndicat peut s’appuyer sur les organisations interprofessionnelles CGT.
—> Lire la suite

16 associations et syndicats attaquent l’État
­Sanctions contre les allocataires du RSA : 16 associations et syndicats attaquent l’Etat
­Un collectif demande au Conseil d’État l’abrogation du décret sur les sanctions infligées aux allocataires du RSA et aux chômeurs.
­—> Lire la tribune

[Dossier] L’urgence c’est d’augmenter les salaires
L’inflation est amplifiée par les profits. L’urgence est d’augmenter les salaires, les pensions et les minima sociaux.
—> Voir le dossier

Pétition et simulateur pour un prix juste de l’énergie
Signez la pétition de la CGT de l’énergie pour réduire les factures d’énergie, lutter contre la précarité énergétique et augmenter les salaires.
—> Signer la pétition

Communiqués de presse

Le patronat empêche la revalorisation des retraites complémentaires : inacceptable
Alors même que les réserves de l’organisme sont au plus haut à 88 milliards d’euros, soit le double de ce qui est exigé, le patronat a refusé de voter toute autre proposition que 0.2 % d’augmentation, et a profité des règles de vote en sa faveur pour empêcher tout accord.
—> Lire le communiqué

Les députés doivent voter contre le report du vote des élections provinciales en Kanaky
Pour l’USTKE et le FLNKS, ce report constitue une remise en cause de la logique de co-construction issue des Accords de Matignon et de Nouméa.
—> Lire le communiqué

ARPÈGE : un fiasco définitif, un scandale d’État
Depuis octobre 2024, le logiciel ARPÈGE, développé par Sopra Steria et imposé par la CNAM, a plongé les CPAM de Loire-Atlantique et de Vendée dans un chaos sans précédent.
—> Lire le communiqué

Vie Ouvrière spéciale 80 ans de la Sécu. Prix : 9,50 €
­
Pour en savoir plus, lisez le numéro 14 de la Vie Ouvrière : « La sécu : une idée toujours révolutionnaire ».
Plongez dans l’histoire de cette conquête syndicale essentielle et découvrez dans ce numéro comment la lutte collective reste une force pour que ce rêve de justice ne soit jamais détricoté !
­—> Commander le numéro spécial

Philippe Corcuff. « Une extrême-droitisation structurée par un confusionnisme durable » (La Marseillaise)

Alors que la présence de l’extrême droite s’affirme dans l’espace public, Philippe Corcuff, sociologue, philosophe politique et professeur à Sciences Po Lyon, analyse les ressorts profonds de cette banalisation. Philippe Corcuff, auteur de « La Grande Confusion. Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées » (Textuel, 2021), prépare un nouvel ouvrage intitulé « Réinventer l’émancipation », consacré à la reconstruction d’un imaginaire de gauche face à la montée des droites radicales. Entretien.

La Marseillaise : Comment qualifiez-vous la période actuelle : simple « banalisation » ou quelque chose de plus profond ?

Philippe Corcuff : Nous sommes dans une phase d’extrême-droitisation amorcée en France dès 1983-1984, marquée par 2002, puis renforcée depuis la dernière Présidentielle et les Législatives. L’extrême droite n’est pas majoritaire, mais elle est devenue la force la plus importante. Cette dynamique est internationale, avec la Hongrie d’Orbán, l’Italie ou les États-Unis par exemple. En France, elle s’adosse à ce que j’ai appelé dans La Grande confusion un « confusionnisme » : des interférences croissantes entre thèmes d’extrême droite, de droite et parfois de gauche.

La Marseillaise : Justement, qu’entendez-vous par « confusionnisme » ?

Philippe Corcuff : Une aimantation des débats par l’extrême droite, facilitée par l’effondrement des gauches. Le pôle communiste et le pôle social-démocrate, dominants au XXe siècle, se sont marginalisés, comme on l’a vu à la Présidentielle. Dans ce vide, l’extrême droite a réinvesti la question sociale avec un lexique nationaliste xénophobe, tandis qu’une droite sarkozyste a importé des thèmes d’identité nationale, d’islam et d’insécurité au cœur de l’agenda. À cela s’ajoute une galaxie ultraconservatrice (Zemmour, Renaud Camus avec le « grand remplacement ») qui a d’abord prospéré dans des cercles intellectuels avant de diffuser à grande échelle (CNews, etc.). C’est d’ailleurs intéressant de voir que ces milieux ont été précurseurs sur internet : Soral, Dieudonné, puis une génération de youtubeurs mêlant virilisme, xénophobie et formats courts. La gauche, longtemps accrochée à l’écrit, a pris du retard.

La Marseillaise : Sarkozy a brouillé les repères. Macron a-t-il donné, selon vous, le « coup de grâce » ?

Philippe Corcuff : Le premier à vraiment porter ce confusionnisme au pouvoir est effectivement Sarkozy, à l’Intérieur puis en tant que président, avec le « Karcher », le thème de l’identité nationale ou la menace musulmane. Ce sont des thématiques traditionnellement d’extrême-droite, mais insufflées au cœur du débat public de manière soft par un homme de droite. Il fait cela de manière particulièrement perverse puisqu’il fait venir des ministres socialistes, et il nomme un ancien dirigeant socialiste pour diriger le ministère de l’identité nationale. Et puis, il met du Jaurès et du Antonio Gramsci dans ses discours, il fait lire dans les écoles la lettre du résistant communiste Guy Môquet. Il brouille vraiment les frontières. Actuellement, les deux locuteurs les plus confusionnistes, dans mon analyse, sont Macron et Mélenchon, mais pas au même niveau. Chez Macron, le basculement intervient fin 2018, avec les Gilets jaunes : émergence d’un triptyque immigration-laïcité-identité, loi sur le « séparatisme », et sarkozysation durable du discours. Paradoxe : il est élu deux fois contre l’extrême droite au second tour, tout en légitimant plusieurs de ses thèmes. Mélenchon, lui, fait parfois appel, lorsqu’il est en difficulté, à des schémas conspirationnistes qui sont habituellement une méthode d’extrême-droite.

La Marseillaise : L’intimidation est-elle devenue un levier de la banalisation de l’extrême droite ?

Philippe Corcuff : Concernant les procédures bâillon, l’extrême droite a su développer une capacité accrue à instrumentaliser le droit. Ces actions n’aboutissent pas toujours, Marine Le Pen a déjà perdu plusieurs procès. Mais elles intimident des rédactions précaires : même gagnée, une procédure coûte cher. Ce sont des pressions douces qui visent à marginaliser les voix critiques et à présenter l’extrême droite comme une force politique « normale ». Dans la rue aussi, les signaux se multiplient. Ces actions visibles relèvent surtout d’une logique d’intimidation. Le RN joue un double jeu : il profite de la pression symbolique des groupes identitaires plus violents tout en s’en distanciant au nom de la légalité, ce qui peut lui servir électoralement. On observe également une porosité croissante avec la droite classique, de Dupont-Aignan à Ciotti, jusqu’aux calculs de Bolloré. L’objectif est clair : briser le vieux cordon sanitaire.

La Marseillaise : Cette extrême-droitisation est-elle réversible ?

Philippe Corcuff : Rien n’est écrit, mais je suis pessimiste à court terme. L’extrême droite a appris de ses échecs et sait se stabiliser : regardez l’Italie ou la Hongrie, avec un Orbán qui est en place depuis près de 15 ans. En face, il manque un imaginaire commun de gauche : un bain culturel fait de valeurs, d’images, d’émotions partagées, autrefois porté par de vastes partis militants et des réseaux d’éducation populaire. Aujourd’hui, les organisations sont faibles, obsédées par la Présidentielle, et l’espace culturel est saturé par les questions identitaires. Sans laboratoires intellectuels et sociaux hors partis, difficiles à discerner en France, l’alternative restera fragmentée. Réversible ? Oui, théoriquement, mais cela suppose de réinventer l’émancipation et de reconstruire un imaginaire à la hauteur.

Propos recueillis par Axel Jolidon (La Marseillaise, le 24 octobre 2025)

Daniel Durand : « Le risque de guerre mondiale est réel, mais il faut garder son sang-froid » (La Marseillaise)

Daniel Durand, secrétaire national du Mouvement de la paix de 1987 à 2002, est l’auteur de « Onu – droit international : Notre maison commune, notre avenir… »(*). Entretien.

La Marseillaise : Ce 80e anniversaire est célébré dans un contexte inquiétant, de « menace existentielle pour l’Onu ». Faut-il craindre le pire ?

Daniel Durand : Nous sommes dans une période difficile, inquiétante à de nombreux égards où le risque de guerre mondiale est réel. Mais il faut garder son sang-froid. Il y a déjà eu, ces quatre-vingts dernières années, des périodes extrêmes : les années 1960, avec les missiles russes à Cuba, les années 1980, avec les euromissiles et les risques d’affrontements en Europe, pour ne citer qu’eux. Il y a 80 ans on crée les Nations Unies, on établit une charte qui est censée régir les rapports des nations. Dès le départ, il y a deux conceptions qui vont s’affronter. Il y a l’espoir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’idée qu’on peut essayer de construire une humanité débarrassée de la violence, qui se traduit dans le texte fondateur par ce magnifique préambule « Nous, peuple des Nations Unies ». Et puis, il y a une autre conception qui traverse la charte de manière souterraine, c’est l’accord entre les deux vainqueurs de la guerre, l’Union Soviétique et les États-Unis, qui, pour régler leurs relations, privilégient le plan des rapports de force, et donc négocient entre eux le règlement au Conseil de Sécurité. Ce qu’on appelle le droit veto et la création de membres permanents. D’un côté, on a « nous, les peuples », et de l’autre, on a « nous, les États ». Cette opposition traverse l’histoire des 80 ans qui viennent de s’écouler.

La Marseillaise : Dans votre livre vous saluez la place que tient désormais le droit international grâce à l’Onu. Comment cela a été rendu possible ?

Daniel Durand : Dans les dernières années, il y a eu des évolutions profondes notamment concernant le droit international qui est devenu une question politique de premier plan. En 2024, à deux reprises, la Cour internationale de justice (CIJ) s’est prononcée sur le risque de génocide à Gaza et sur la légalité ou non de l’occupation israélienne. Ça n’avait jamais été tranché de manière claire depuis 1967. La CIJ a statué que « non », il n’y a pas de doute, l’occupation israélienne des territoires occupés est illégale et Israël doit s’en retirer. Ces décisions ou ces avis sont rejetés, contestés par les États-Unis, par Israël, mais elles posent un problème politique et c’est un appui pour tous ceux qui veulent construire un monde où il y ait des véritables normes. Donc, on est vraiment dans un débat.
C’est par ailleurs la pression des ONG qui a permis la création de la Cour pénale internationale (CPI). Celle-ci peut lancer des mandats d’arrêt contre quelqu’un comme Vladimir Poutine, le dirigeant d’une puissance membre permanent du conseil de sécurité.
Depuis trois ans [et l’invasion russe en Ukraine, Ndlr], Poutine ne peut plus se déplacer comme il le veut. Cela concerne aussi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu qui a été contraint de modifier son itinéraire de vol en se rendant à Washington pour ne pas survoler des pays comme l’Espagne ou autres, où il risquait d’être arrêté.

La Marseillaise : Vous appelez à une réduction drastique des dépenses d’armement dans le monde. C’est bien le contraire qui se déroule actuellement…

Daniel Durand : Il faut être extrêmement inquiet et mobilisé sur ce qui est en train de se passer, notamment sur l’augmentation considérable des dépenses d’armement. On va sans doute approcher à la fin de cette année des 3 000 milliards de dollars de dépenses d’armement. À la fin de la Guerre froide, en 1989, on était à 900 milliards de dollars. On sait que des armes, un jour ou l’autre, sont faites pour servir. On assiste à deux phénomènes inquiétants : l’accumulation d’armes dans de nouvelles parties du globe, par exemple au Moyen-Orient, dans les pays du pétrole et en Europe avec la volonté des différents pays européens maintenant de dépasser les 3 % du PIB et d’aller à 5 %.
La semaine dernière, le secrétaire général de l’Otan, a lui-même dit que l’augmentation des dépenses militaires se fait aux dépens des dépenses de développement, des dépenses sociales, etc. C’est le danger principal et immédiat auquel il faut faire face. Il ne faut pas lâcher sur le renforcement et l’élargissement des traités.

La Marseillaise : Comment rester optimiste ?

Daniel Durand : Il faut avoir un regard intériorisé par rapport à ce que représentent les Nations Unies. Les problèmes qui sont en face de nous que ce soit le climat, l’eau, les migrations, sont globaux et on ne les réglera que si on les ressent comme des problèmes touchant l’ensemble de notre communauté.

Entretien réalisé par Laureen Piddiu (La Marseillaise, le 24 octobre 2025)

(*) « ONU – droit international : Notre maison commune, notre avenir… », Books on demand éditions, 116 pages,, 15 euros.

Municipales 2026. Les bastions de gauche militent pour sécurité sociale de l’alimentation (L’Indep)

Les partis Debout ! Génération. s et l’Après se font le porte-voix, dans les Pyrénées-Orientales, pour l’expérimentation d’une sorte de carte vitale de l’alimentation. Une idée qu’ils souhaitent porter dans le débat des municipales.

Une carte vitale de l’alimentation. L’idée fait son chemin aux quatre coins de la France. Le 15 octobre dernier une proposition de loi déposée par Charles Fournier, député d’Indre-et-Loire membre du groupe Écologiste et social, voulait instaurer l’expérimentation d’une sécurité sociale de l’alimentation. Le principe ? Il s’agirait de « mettre en place et financer des caisses alimentaires. L’objectif est d’expérimenter un accès universel à une alimentation choisie par les citoyen.nes. L’idée est de rémunérer les paysan.nes qui produisent mais aussi l’ensemble des travailleurs des filières alimentaires, via un système de conventionnement », est-il détaillé dans le texte. Bien qu’elle n’ait pas été adoptée par les députés, cette proposition est expérimentée localement. A Montpellier, ou en Gironde par exemple, des modèles similaires sont testés depuis des années. L’Agence de la transition écologique (Ademe) en recense une soixantaine sur tout le territoire.

À Perpignan, les partis de gauche Debout ! Génération. s, et l’Après militent pour déployer cette initiative localement en appelant « les syndicats, la Confédération paysanne, les associations environnementales et sociales, les partis politiques et citoyens », a se joindre à eux. Leur volonté étant de créer un collectif uni en faveur de cette sécurité sociale de l’alimentation. Ils veulent par ailleurs porter cette idée sur la table du débat des prochaines élections municipales.

Seulement voilà, pour le scrutin de Perpignan, difficile de marteler l’union quand ils peinent eux-mêmes à se fédérer. Génération. s s’est en effet engagé avec la liste Changez d’air de La France insoumise et des Écologistes. Quand l’Après est membre de Perpignan Autrement, la liste de Mathias Blanc. « Mais face à l’extrême droite, l’union n’est pas un devoir politique, c’est un devoir moral. Et, ce, dès le premier tour », tranche Edmond Harlé, de Debout !, inscrit pour l’instant sur une aucune liste. L’assemblée des bastions de gauche acquiesce. Ils y croient encore.

Diane Sabouraud (L’Indépendant, le 24 octobre 2025)