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Construisons un processus de lutte pour gagner, construisons la grève ! Déclaration du CCN de la CGT du 26 et 27 août
Les organisations de la CGT réunies en CCN sont particulièrement préoccupées de la situation des millions de travailleuses et de travailleurs, de leurs familles victimes de la guerre et des conflits. En Ukraine, au Soudan, en République Démocratique du Congo, en Palestine et partout dans le monde, la paix et le droit international doivent être mis en œuvre immédiatement, les populations civiles doivent être protégées. À Gaza et en Palestine occupée, la folie génocidaire de Netanyahou doit être stoppée et un cessez-le-feu immédiat imposé par la communauté internationale permettant l’acheminement de l’aide humanitaire, la fin de l’occupation militaire israélienne, la reconstruction de Gaza et le droit à l’autodétermination pour le peuple palestinien. La CGT soutient et participe à toutes les initiatives de mobilisations permettant d’arrêter immédiatement le génocide en cours. Elle portera la proposition de faire du 21 septembre, journée mondiale pour la Paix, un temps fort de mobilisation nationale pour la Palestine. La France a enfin décidé de reconnaître l’État de Palestine, il est urgent de le faire sans délai, de cesser toute coopération avec le gouvernement d’extrême droite israélien, de prendre des sanctions et de cesser toute livraison d’armes et de composants militaires.
C’est dans ce contexte international dramatique et en pleine période de congés que le gouvernement, au service du patronat, a annoncé un budget d’une violence inédite : vol de 2 jours fériés ; doublement des franchises médicales ; gel du salaire des fonctionnaires, des pensions des retraité·e·s, de toutes les allocations sociales (aides au logement, allocations familiales, allocation adulte handicapé…) ; réforme de l’assurance chômage ; suppression de 3.000 postes de fonctionnaires avant des dizaines de milliers d’autres ; coupes dans les budgets des hôpitaux, des écoles, de la culture ; volonté affichée de remettre en cause la 5ème semaine de congés payés et précariser toujours plus les contrats… Si ce budget était adopté, chacune et chacun perdrait plusieurs centaines d’euros en 2026, nos services publics et notre système de protection sociale seraient considérablement affaiblis. Dans les territoires d’Outre-Mer, ce serait la double peine : de violentes baisses de revenus alors que les prix sont déjà beaucoup plus élevés.
Pourquoi une telle cure d’austérité ? Parce qu’Emmanuel Macron a multiplié les cadeaux aux plus riches et aux grandes entreprises tout en engageant une augmentation massive des budgets militaires au profit des vendeurs d’armes. Nous refusons qu’encore une fois, le monde du travail soit sommé de passer à la caisse : c’est aux grandes entreprises et aux rentiers, qui se gavent d’argent public et de dividendes, de payer !
Alors que cet été a encore battu des records de chaleur, avec de violents incendies et des morts au travail, il est temps d’arrêter la fuite en avant et de prendre enfin des mesures pour limiter le réchauffement climatique et adapter nos sociétés. Cela passe dans l’immédiat par l’abrogation des mesures anti-environnementales qui n’ont pas encore été retirées de la loi Duplomb, heureusement déjà amputée sous la pression d’une mobilisation citoyenne massive dont la CGT se félicite.
La CGT exige l’abandon du projet de budget et la mise en place de mesures d’urgence autour de 5 priorités :
- La justice fiscale : la taxation des patrimoines, des dividendes et des rachats d’action, la remise à plat des 211 Mds d’aides publiques aux entreprises, le rétablissement de l’ISF et la mise en place d’une vraie progressivité de l’impôt sur le revenu ;
- La justice sociale par l’abrogation de la réforme des retraites, première étape pour gagner la retraite à 60 ans, et une Sécurité sociale répondant aux enjeux actuels, rétablie dans ses prérogatives issues du programme du Conseil national de la Résistance, dotée de l’ensemble des moyens nécessaires pour répondre aux besoins ;
- Le financement de nos services publics et de la transformation environnementale de notre économie, de l’argent pour nos hôpitaux, nos écoles et nos universités et nos infrastructures et notre politique culturelle ;
- L’augmentation des salaires, des pensions, des minimas sociaux, l’égalité F/H et des mesures contre la vie chère dans les outre-mer ;
- L’arrêt des licenciements et l’organisation d’assises de l’industrie.
Grâce à notre mobilisation contre la réforme des retraites, le gouvernement n’a jamais été aussi faible, Emmanuel Macron n’a plus de majorité pour faire passer ses réformes régressives et la colère sociale est énorme. Pour éviter d’avoir à modifier son budget, F.Bayrou en est réduit à servir de fusible. Nous ne nous laisserons pas distraire par cette manœuvre de diversion. Quelle que soit la situation gouvernementale, ce que nous voulons, c’est un autre budget correspondant aux urgences sociales et environnementales. Tous les ingrédients sont réunis pour gagner ! Pour cela, il nous faut construire une mobilisation massive et unitaire !
La CGT se félicite que les initiatives se multiplient d’ores et déjà et appelle à les amplifier. Le 25 août, les salarié·e·s de Radio France ont commencé une grève reconductible et les hôpitaux de Paris ont engagé un processus de mobilisation, suivis le 2 septembre par les salarié·e·s du secteur de l’énergie, le 4 septembre les salarié·e·s de Novasco seront en grève comme ceux d’Owens Illinois le 9 septembre pour empêcher la fermeture de leurs usines, les fédérations CGT des Industries chimiques et du Commerce et des Services appellent depuis déjà plusieurs mois à la grève le 10 septembre contre la répression antisyndicale, pour les salaires, les conditions de travail et contre la casse sociale, une manifestation nationale des professionnel·le·s de la santé et de l’action sociale est d’ores et déjà prévue à Paris le 9 octobre ainsi qu’une grève dans les organismes sociaux et des mobilisations dans les services d’insertion/probation du ministère de la Justice.
La dynamique de l’initiative citoyenne du 10 septembre démontre l’ampleur de la colère sociale. La CGT souhaite que cette journée soit une première étape réussie, ce qui passe en particulier par la grève sur les lieux de travail. Elle appelle donc ses syndicats à débattre avec les salarié·e·s et à construire la grève partout où c’est possible.
Lors de l’intersyndicale nationale interprofessionnelle du 29 août, la CGT proposera d’appeler en septembre à une journée interprofessionnelle unitaire de mobilisation de grève et de manifestations, et de construire un processus dans la durée pour gagner un budget à la hauteur des besoins.
La CGT appelle l’ensemble de ses organisations :
- À organiser des intersyndicales, dans les professions, les territoires et les entreprises ;
- À se déployer en grand auprès des salarié·e·s, retraité·e·s, privé·e·s d’emploi en continuant à faire signer la pétition intersyndicale stopbudgetbayrou.fr, diffusant les tracts explicatifs et en faisant connaître le simulateur CGT qui permet à chacune et chacun de mesurer l’impact des mesures.
La CGT appelle l’ensemble des salarié·e·s, retraité·e·s et privé·e·s d’emplois qui souhaitent se mobiliser à se syndiquer et se mettre en contact avec la CGT pour agir.
Tous les ingrédients sont réunis pour gagner, prenons les choses en main pour imposer nos exigences sociales et environnementales.
Refuser la confiance, rejeter l’austérité. Communiqué du groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine (GDR) à l’Assemblée nationale
Il ressort de la nouvelle intervention de François Bayrou que s’il s’efforce de s’adresser aux Français, il ne semble toutefois pas en mesure de les écouter.
Contrairement à ce que dit le Premier ministre, ceux-ci comprennent très bien les mauvais choix faits depuis 2017. Ils se sont mobilisés contre la réforme des retraites, ont sanctionné Emmanuel Macron en 2024 et refusé, dans leur immense majorité, les orientations budgétaires présentées cet été.
84% d’entre eux se sont déclarés fermement opposés à la suppression de jours fériés ; les salariés de Radio France sont en grève; l’hôpital public, la SNCF, les travailleurs de l’énergie, les pharmaciens, les taxis… ont annoncé rejoindre les actions de mobilisation qui s’organisent dans notre pays des la semaine prochaine. Réduire ces mobilisations d’ampleur à de l’agitation relève d’un profond mépris.
Le Premier Ministre campe sur sa ligne politique, sociale et économique, dévastatrice et va jusqu’à tenir les Français pour responsables de la dette. Pourtant, en décrivant la situation dans laquelle se trouve le pays, il expose en réalité les conséquences et l’échec patent de la politique qu’il s’obstine, comme les précédents, à imposer au pays.
Jamais la pauvreté n’a atteint de tels niveaux dans notre pays sur les trente dernières années ; ce sont au moins 12 millions de nos concitoyens qui vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté et à tous ceux-là, le Gouvernement promet un quotidien encore plus insupportable. Les privés d’emploi sont une nouvelle fois mis au ban de la société avec l’annonce d’une quatrième réforme de l’assurance chômage. L’ensemble des travailleurs est voué à une plus grande libéralisation du marché du travail, règne de l’insécurité sociale et de la précarisation.
Par sa décision d’engager la responsabilité de son gouvernement sur un simple constat plutôt que sur les mesures d’austérité qu’il défend, François Bayrou cherche à éviter la censure de son budget et espère décourager les mobilisations du 10 septembre. Mais les Français ont très bien compris que l’austérité n’est pas leur intérêt et que cette politique ne vise qu’à rendre une copie parfaite aux marchés financiers. Avec eux, notamment dans les mobilisations à venir, nous voterons contre la confiance que le Premier ministre nous demande.
Paris, 25 août 2025
« Bloquons tout le 10 septembre » : partis et syndicats dans l’expectative (L’Indep)
Un mouvement aux nombreuses inconnues que les acteurs politiques et sociaux appréhendent avec curiosité, prudence, voire inquiétude. État des lieux.
On en parle, à bas bruit depuis ce printemps, avec beaucoup plus d’écho, depuis juillet et, une fois dévoilées les premières mesures d’économies envisagées par François Bayrou, comme du mouvement du 10 septembre. Qui appelle à bloquer le pays à cette date.
Un mouvement initié par des citoyens anonymes s affirmant apartisans, soutenu rapidement sur les réseaux sociaux par des groupes venus d’horizons divers.
Avant qu’il ne soit adoubé, le 17 août, par Jean-Luc Mélenchon, qui appelle à une « offensive déterminée », puis par le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard, le lendemain.
Depuis, les Écologistes, les communistes ou le syndicat Sud Rail (qui, jeudi, a affirmé que « le 10 septembre, on bloque tout dans le ferroviaire ») ont confirmé publiquement leur appui.
D’autres organisations syndicales semblent plus partagées, ou indécises, alors que, à l’instar de FO ou de certaines branches de la CGT, des appels à la mobilisation sociale, début septembre, avaient déjà été lancés. Une intersyndicale prévue le 1″ septembre devrait permettre de clarifier les positions.
« Revendications floues »
Certaines unions départementales et fédérations de la CGT (chimie, commerce) ont décidé de ne pas attendre cette date pour se prononcer en faveur du mouvement et prévoient de se mobiliser le 10 septembre. Et ce, dans un contexte où d’autres initiatives émergent, ou sont déjà programmées : les fédérations de taxis disent vouloir « mettre le pays à l’arrêt » le 5 septembre, les pharmaciens envisagent une grève « illimitée des gardes », le secteur de l’énergie sera en grève le 2 septembre et plusieurs syndicats de personnels hospitaliers élaborent plusieurs formes de mobilisation.
Du côté des partis politiques, on marche sur des œufs, entre la peur de passer à un côté d’un mouvement d’envergure, comme cela avait été le cas avec celui des « gilets jaunes », et la crainte d’être visé par des accusations de récupération. Si LFI a mis de l’allant dans son renfort, les communistes et les Écologistes, eux, affirment leur soutien, certes, mais en précisant, a l’instar du porte-parole du PCF, lan Brossat, vendredi dans nos colonnes, qu’ils seront aux côtés de toute action stigmatisant le projet de budget 2026 du Premier ministre.
À gauche toujours, du côté du Parti socialiste, il a finalement été là aussi décidé « d’accompagner » le mouvement pour « lui offrir un débouché politique » de gauche, selon Olivier Faure. Même si « nous n’en connaissons pas complètement les contours » et que « ses revendications sont encore floues », a-t-il prudemment reconnu.
À l’autre bout de l’échiquier politique, toujours dans l’opposition, mais du côté du Rassemblement national, c’est vendredi que le parti a donné sa position officielle, par la voix de sa vice-présidente Edwige Diaz « Notre rôle en tant que parti politique est d’apporter des réponses aux problèmes et aux revendications des gens. Pas de crier dans un haut-parleur », a-t-elle lancé.
Et pour l’instant, sauf exception, rares sont les prises de parole sur le sujet dans les rangs du gouvernement (le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, avait sèchement refusé de nous répondre quand Midi Libre l’avait sollicité, mardi à Nîmes) ou dans le camp présidentiel. Mais pour eux, à n’en pas douter, cette journée fera office de test grandeur nature, au cœur d’une rentrée sociale brûlante.
À la veille de sa conférence de presse prévue ce lundi à 16h, François Bayrou, menacé d’une nouvelle motion de censure, a fustigé le mouvement dans La Tribune Dimanche: « Tout le monde a le droit de protester, mais je ne crois pas que, devant une telle crise, la réponse des Français puisse être de bloquer le pays. » « C’est la chute de la falaise ou le chemin pour s’en sortir », a-t-il déclaré au Parisien, ajoutant que « seule l’adhésion des Français peut changer les choses ».
Vincent Coste (L’Indépendant, le 25 août 2025)