Communiqué de presse du Collectif Inter-Hôpitaux. Fin de l’égalité républicaine

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 prévoit, à nouveau, un budget insuffisant pour les établissements de santé. Alors que l’augmentation annuelle des charges des hôpitaux est de l’ordre de 4 %, un objectif national de dépenses de l’assurance maladie (ONDAM) à 1,6 %, et de 2.1 % pour les établissements de santé, va encore réduire les moyens de nos hôpitaux publics, et continuer à dégrader l’accès, la qualité et la sécurité des soins. Actuellement, plus de 2/3 des hôpitaux publics ont des recettes inférieures aux coûts nécessaires à leur fonctionnement et leur déficit est passé de 415 millions d’euros en 2019 à 2.8 milliards d’euros en 2024. Ce déficit, reflet d’un sous-financement chronique, résulte d’une inadéquation entre les tarifs et le coût réel des soins, du non-financement des revalorisations salariales du Ségur et de l’inflation. Avec une augmentation de l’ONDAM totalement décorrélée des besoins, l’écart va se creuser davantage. Selon la Fédération Hospitalière de France, c’est 1,1 milliard d’euros qui vont manquer aux hôpitaux publics correspondant à 20 000 postes d’infirmières. Les conséquences sont connues. Les soignants et les usagers les subissent depuis des années : dégradation des conditions de travail, fuite des personnels et fermetures de lits.

Par ailleurs, le PLFSS comporte une nouvelle augmentation du reste à charge pour les patients : doublement des franchises sur les boîtes de médicaments, consultations et transports, création de nouvelles franchises (soins dentaires, lunettes…). Le reste à charge moyen d’un assuré en affection de longue durée (ALD) est de 840 euros annuels (rapport IGF juin 2024). « Grâce » à ce PLFSS, il faudra payer 100 euros supplémentaires chaque année, sans compter l’augmentation des tarifs des complémentaires santé. L’accroissement du reste à charge sape la solidarité et entrainera des renoncements aux soins.

En 2018, la première revendication de la population, appelée à se prononcer sur les dépenses publiques, était le rétablissement d’un accès aux soins hospitaliers de proximité. Pour célébrer le 80ème anniversaire de la Sécurité Sociale, le gouvernement abandonne la promesse républicaine d’un accès aux soins égal pour tous. Les conséquences sanitaires de ce choix politique sont connues : la crise de l’hôpital public va s’aggraver et l’accès aux soins se dégrader.

Le CIH demande une réforme du financement de l’hôpital public partant des besoins de la population et permettant d’avoir les effectifs de personnels nécessaires à assurer des soins de qualité.

Le CIH appelle les parlementaires à amender le PLFSS pour aller dans ce sens.

La Terre n°20 (nouvelle formule, grand format engagée pour l’agroécologie et l’alimentation)

Plus incisive, plus combative, engagée pour une bifurcation agroécologique et pour le droit réel de toutes et tous à une alimentation de qualité, La Terre se renouvelle en grand format avec son numéro du 20 octobre prochain.

« Revue-journal », bimestrielle, elle adopte un format berlinois d’au moins 16 pages. Entre chaque numéro papier, les abonnés recevront une lettre d’information.

La Terre lance également un « Forum pour le droit à l’alimentation » et l’association « Nous La Terre » qui organisera partout dans les campagnes et les villes des initiatives décentralisées de promotion de La Terre, de débats et de rencontres sur les grands défis agricoles, ruraux et alimentaires.

Sommaire

  • Climat. Un bond en avant du droit international
  • Benoît Delépine : « Ce système prédateur n’est pas récupérable » Avec Animal Totem, le réalisateur signe un film écologique, touchant, drôle, étonnant et enfin, radical. Interview.
  • Fleur Breteau, porte-parole du collectif Cancer colère : « Nous sommes du côté de la vie »
  • L’agroécologie au chevet des nuages, par Léa Lugassy, Directrice scientifique & technique chez Pour une Agriculture Du Vivant.
  • En route vers l’agroécologie, par Marc-André Selosse, Professeur du Muséum national d’Histoire naturelle et à l’Institut Universitaire de France, Membre de l’Académie d’Agriculture de France.
  • Delphine Batho, députée : « La loi Duplomb doit être abrogée »
  • Gérard Lahellec, sénateur : « C’est ce système qu’il faut remettre en cause ! »
  • Vous avez dit « contraintes » au métier d’agriculteur ?, par Patrick Le Hyaric, député européen 2009-2019.
  • Pesticides. À qui profite le crime
  • Et si la Sécurité Sociale de l’Alimentation permettait de passer de l’art de perdre à l’art de gagner, la chronique de Bénédicte Bonzi, anthropologue, chercheure indépendante associée au Laboratoire d’Anthropologie du Politique (LAP).
  • De bonnes adresses pour se nourrir, la chronique d’Olivier Morin. L’actualité vue par un jeune agriculteur de la Brenne.
  • Non à l’accord UE-Mercosur par Gérard Le Puill.
  • Feu la protéine animale, vive la protéine du capital, par Jonathan Dubrulle, ingénieur agronome et docteur en agriculture comparée.
  • Dans les Corbières, la solidarité pour renaître des cendres. Reportage par Fabrice Savel.
  • Grandeurs et décadences, la chronique de Pierre-Louis Basse, écrivain, journaliste.
  • Initiative citoyenne européenne (ICE) : « L’alimentation est un droit humain pour toutes et tous ! Garantir des systèmes alimentaires sains, justes et durables »

La Terre, 6,90 €. En kiosque dès le 20 octobre prochain.

Commémoration du crime d’État commis en plein Paris le 17 octobre 1961

La guerre d’indépendance algérienne approchait de sa victoire quand, le 17 octobre 1961, un massacre a été perpétré par la police française à l’encontre des milliers d’Algériennes et d’Algériens qui manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu raciste qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque.

Ce crime d’État demeure trop souvent occulté et trop rarement enseigné.

Nous protestons

Contre les odieuses déclarations de haine, à l’encontre des Algériens, exprimées par des responsables politiques, au premier rang desquels le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Elles traduisent la résurgence des pires idées racistes des tenant-e-s de l’Algérie française et des extrémistes criminels de l’OAS que certain-e-s cherchent à réhabiliter.

Contre l’augmentation systématique des entraves à la circulation des personnes entre l’Algérie et la France et l’aggravation des conditions de séjour des Algérien-ne-s, comme celles des autres étrangères et étrangers en France.

Nous demandons

Dans un souci de transparence sur notre histoire et de reconnaissance des faits, un accès libre aux archives de la guerre d’Algérie.

Que la recherche sur ces questions historiques et mémorielles soit encouragée sans ingérence des pouvoirs politiques.

Qu’afin de favoriser la transmission aux nouvelles générations, soit créé, en France, un musée national d’histoire du colonialisme et que soit équitablement enseigné cette période de notre histoire commune.

Nous appelons les citoyennes et les citoyens de ce pays et l’ensemble des organisations progressistes, politiques, syndicales et associatives à se joindre aux différentes initiatives prises ce 17 octobre 2025 afin de rendre hommage à la mémoire de tous les Algériens qui ont été victimes des violences racistes et colonialistes de l’État français et de combattre leurs résurgences dans le présent.

Signataires :
17 octobre contre l’oubli, ACCES (Chevilly-Larue), ACCA, AFPS Paris-Sud, Africa 93, AGAUREPS-Prométhée, AMFPGN, AMF, APAREDESA, Apel-Égalité, Association de Promotion des Cultures du Voyage (APCV), Association des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis (ANPNPA), Association Démocratique des Tunisiens en France (ADTF), Association Josette et Maurice Audin, ASTI de Colombes, ATTAC France, ATMF, Au nom de la Mémoire, CCML, CEDETIM, CGT, CISE, CISPM, Collectif Boycott Apartheid Israël Paris-Banlieue, Collectif Ivryen de Vigilance Contre le Racisme, Collectif Unitaire Franco-Algérien de l’Île de France, Comité vérité et justice pour Charonne, Compagnie Un Pas de Côté, COPAF, coudes à coudes, CRID, DIEL, Euro Palestine, FASTI, Fédération nationale de la Libre Pensée, Fondation Frantz Fanon, FSE, FTCR, Histoire coloniale et postcoloniale, Institut Mehdi Ben Barka – Mémoire vivante, Institut Tribune Socialiste-Histoire et Mémoire du PSU (ITS), Jeunes Insoumis-es, JSJV, L’APRES, La Marche des Solidarités, Le 93 au Coeur de la République, Le Poing Levé, Les Ami-es de Maurice Rajsfus, Les Amis de Jean-Luc Einaudi, Les amis de Max Marchand – de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), Mouvement de la Paix, Morlaix Libertés, PCF, PEPS, NPA Anticapitaliste, Palestine Vivra !, Pour une Écologie Populaire et Sociale, Pour la Mémoire – Contre l’Oubli, RAAR (Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes), Renouveau Syndical, RESOCI-Algérie-Point-com, Réseau Féministe « Ruptures », Révolution Permanente, ROSMERTA, SNPES.PJJ-FSU, Solidaires Étudiant-e-s, Solidarités Asie France, SOS Racisme, Survie, Union étudiante, UJFP, Union communiste libertaire, Union syndicale Solidaires.

Jeudi 17 novembre 2025 s’est tenu le conseil d’administration de l’AGIRC ARRCO pour examiner la revalorisation des retraites complémentaires.

La fédération de la métallurgie, son UFR et l’UCR ont été reçus en délégation et ont porter nos revendications :

  • La revalorisation du prix du point Agirc-Arrco de 10 % (pour le maintien du pouvoir d’achat et un rattrapage des pertes des années précédentes).
  • Le gel du prix d’achat pour 2026.
  • La suppression de la cotisation dite d’équilibre de 1 %.
  • La prise en compte des points retraites dès le premier euro cotisé.

La présidente et le secrétaire général de l’AGIRC ARRCO ont rejeté l’ensemble de nos revendications nous renvoyant aux accords signés ou non par la CGT. Accords qui régissent le fonctionnement de l’institution. Ils nous ont indiqué qu’ils étaient prêts à renégocier les accords mais pas avant 2027.

Le conseil d’administration qui s’est réuni à partir de 10h00 s’est terminé avec un patronat arc-bouté sur sa proposition de revalorisation de 0,2%. Proposition rejetée par l’ensemble des organisations syndicales (CGT – FO – CFTC – CFE CGC – CFDT).

Devant ce désaccord, une commission paritaire s’est tenue l’après-midi à 15h. Commission qui n’a pas permis de trouver un consensus entre organisations syndicales et patronales.

Conclusion : les retraites complémentaires AGIRC ARRCO ne seront pas revalorisées au 1er novembre 2025 et la valeur du point sera gelée. Alors que les réserves s’élèvent à 101,7 milliards d’€ !

Dans le contexte politique et les jeux politiciens avec la proposition de suspension de la réforme des retraites 2023 jusqu’au 1er janvier 2028, l’ouverture d’une conférence sociale (un nouveau conclave) est une grande fumisterie pour masquer le contenu néfaste et dangereux des projets de budgets 2026 en discussion à l’Assemblée nationale.Pour le patronat et le gouvernement, les retraité.es sont plus que jamais le cœur de cible et les mesures annoncées vont encore plus impacter les retraité.es.

Le rassemblement au siège de l’AGIRC ARRCO à Paris a rassemblé près de 200 militant.es avec la participation de la confédération, de l’UGICT, des UD et de l’URIF.

L’UCR et la fédération de la métallurgie et son UFR ont recensé une vingtaine d’initiatives sur l’ensemble du territoire rassemblant des retraité.es mais aussi des actif.ves.

Camarades, notre combat est légitime pour une vraie justice sociale, nous ne devons rien lâcher si nous voulons gagner.

Les initiatives du 17 octobre constituent un point d’appui pour amplifier la mobilisation des retraité.es le 06 novembre 2025 à l’appel des organisations CGT- FSU – Solidaires – FGRF.P – CFTC – CFE CGC – FO – Ensemble solidaires – LSR

Cathy Tran-Phung Cau,
Secrétaire générale de l’UCR-CGT

Communiqué de presse de l’UCR-CGT. Les retraité·es, encore et toujours, la cible du gouvernement !

Le Premier ministre, S. Lecornu, lors de sa première nomination, avait déclaré vouloir changer de méthode et laisser la place au dialogue, à la concertation.

Son discours de politique générale a, certes, été plus court que ceux de ses prédécesseurs, mais le contenu est toujours aussi violent.

Les recettes restent les mêmes pour le projet de budget 2026 : réduire les dépenses de l’État, faire peser les efforts sur les salarié·es, et plus particulièrement sur les retraité·es, et poursuivre les cadeaux au patronat et aux plus riches.

Pas de retrait de la réforme des retraites de 2023, mais une suspension jusqu’en janvier 2028, avec un coût estimé de 400 millions d’euros pour 2026 et de 1,8 milliard d’euros pour 2027, qu’il faut donc compenser par des économies pour que la dette ne dépasse pas 4,7% du PIB.

Le Gouvernement reprend les propositions contenues dans le budget Bayrou, à savoir :

  • Suppression de plus de 3 000 emplois de fonctionnaires ;
  • Année blanche pour 2026, donc pas d’augmentation des pensions de base, pas de revalorisation des prestations sociales, ni du barème de l’impôt ;
  • Revalorisation des pensions inférieure de 0,4% à l’inflation, de 2027 à 2030 ;
  • Suppression de l’abattement fiscal des retraité·es et son remplacement par un forfait de 2 000 € ;
  • Doublement des franchises médicales, réforme des ALD et autres mesures contre les assuré·es sociaux∙ales.

Les plus riches, les entreprises verront leurs contributions exceptionnelles prolongées, mais à un taux moindre !

Une fois de plus, les retraité·es sont largement mis à contribution pour atteindre l’objectif de 30 milliards d’euros d’économies sur le budget 2026. Elles et ils, si les propositions restent en l’état, verront encore leur niveau de vie se réduire, leur accès aux services publics entravé.

L’UCR-CGT appelle l’ensemble des retraité·es à se mobiliser massivement, le 6 novembre

2025, à l’appel des organisations syndicales et associatives de retraité·es, pour exiger :

  • La revalorisation de toutes les pensions de retraite (base et complémentaires) de 10% ;
  • Le maintien de l’abattement fiscal de 10% ;
  • La revalorisation des prestations sociales a minima du niveau de l’inflation ;
  • L’abandon du doublement des franchises médicales ;
  • Le maintien et le développement des services publics sur l’ensemble du territoire ;
  • L’abrogation pure et simple de la réforme des retraites de 2023 et le retour à la retraite à 60 ans.

Montreuil, le 16 octobre 2025

Compte-rendu du Conseil national du PCF

Le dernier Conseil national avait deux points à son ordre du jour : premièrement, la situation politique nationale inédite au lendemain de la renomination de Sébastien Lecornu à Matignon ; deuxièmement la situation internationale avec la poursuite de la guerre en Ukraine et après le cessez-le-feu à Gaza.

Le premier point a débouché sur l’adoption d’une résolution pointant la responsabilité – au-delà du président de la République – des grandes puissances économiques et financières et l’enjeu de la conquête de pouvoirs par les citoyens, les salariés et plus largement par le monde du travail ; le besoin d’une forte mobilisation face à un projet de budget portant de grandes régressions sociales ; la nécessité de voter la censure du gouvernement – qui a échoué ce jeudi – ; le rôle de notre parti pour mettre à l’ordre du jour une politique de progrès et de paix et des mesures d’urgences et coordonner notre démarche en cas de dissolution.

Le débat, qui a permis l’expression d’une cinquantaine de camarades, a porté sur le lien entre la crise politique française et la crise actuelle du capitalisme, la perte de légitimité populaire d’Emmanuel Macron et les contradictions que portent la revendication de sa démission ou destitution, l’accélération du rapprochement entre droite et extrême droite, la nécessité d’une refonte de nos institutions ainsi que la nécessaire réflexion sur la façon de construire un nouvel accord avec les forces de gauche et écologistes en cas de dissolution pour atteindre tous nos objectifs politiques.

Le second point a été l’occasion pour le secteur International de présenter un rapport sur notre analyse actuelle des rapports de force internationaux et de la nécessité de les transformer pour gagner la paix et la coopération entre les peuples. Le rapport revient notamment sur la réalité du « plan Trump » à Gaza et la nécessité de poursuivre le combat avec l’OLP pour une paix juste et durable. Il traite également de la transformation du régime aux États-Unis sous la pression de la politique autoritaire, xénophobe et raciste du pouvoir trumpiste, la situation en Europe, les risques d’engrenage que porte la guerre en Ukraine avec le coût humain et financier terrible de celle-ci et nos propositions.

Les rapports et documents adoptés :

Le billet d’Yvon Huet. Trou noir ou révolution ?

La France a connu, depuis la fin du XIXe siècle, 5 républiques. Elles ont toute fini par un retour de l’autoritarisme, à des niveaux différents certes, mais toujours dans le même sens. La première, de 1792 à 1804, broyée par Napoléon Ier, la seconde de 1848 à 1852 broyée par Napoléon III, la troisième, de 1870 à 1940, la quatrième, de 1945 à 1958 broyée par le Général De Gaulle qui a instauré une République présidentielle autoritaire par un coup d’État institutionnel avec la complicité du socialiste Guy Mollet. Nous arrivons aux termes de la 5e République…

L’enjeu est de taille. Les citoyens, dont la majorité écrasante semble avoir perdu la mémoire historique, sont confrontés à un choix crucial, soit l’initiation d’une République sociale et représentative, donc démocratique, certes imparfaite –il faut se méfier de la perfection en la matière parce qu’elle est souvent synonyme d’autoritarisme– mais vivante de la diversité du peuple français et ouverte et solidaire avec les peuples du monde, soit à la conclusion qu’ont connu les quatre premières républiques, dans une version de plongée vers un État autoritaire rabougris et terrorisant, initié par une alliance de plus en plus claire entre droite et extrême-droite, avec les compliments des milieux d’affaires du grand patronat et de la finance, comme aux « bons vieux temps hitlériens ». Cette conclusion glauque ne peut en aucun cas faire rêver d’un retour démocratique rapide.

Aurait-on oublié qu’en Espagne, Franco, après avoir assassiné la République et après avoir exterminé des millions de gens attachés à la démocratie, est resté debout avec l’aimable complicités des USA et de l’Otan pendant 40 ans ? Soit dit en passant, nos amis espagnols doivent être particulièrement étonnés et déçus, vu l’idée qu’ils ont toujours eu d’une France républicaine et généreuse, particulièrement les républicains catalans, de voir Perpignan finir en place forte de l’intégrisme catholique d’extrême droite…

Ne l’oublions pas. Aujourd’hui, les amateurs de pouvoir fort osent tout. Les menaces de l’extrême droite contre le Mémorial de Rivesaltes, lieu de mémoire mettant en évidence l’horreur de l’enfermement des « indésirables » ne sont pas innocents.

Merci aux aboyeurs de la cacophonie à gauche d’arrêter de brouiller la voix nécessaire d’une urgence démocratique et sociale à construire contre ce qui nous pend au nez. Ceux qui pensent qu’on peut éviter ce qu’ont connu nos anciens par des pirouettes finiront à la casserole comme les autres. Nous sommes au temps de la résistance démocratique, sociale et environnementale (ne l’oublions pas). Il faut la mettre en musique sur le terrain des luttes. Comment la nommer ? 6e République ? Pas forcément. Ce qu’il faut surtout, c’est en changer le fonctionnement. Demain sera une démocratie si le peuple le permet par un comportement qui le sorte de sa léthargie et son dégoût récurrent de la politique. Faute de quoi, l’option du trou noir risque bien de ne pas être évitable. À nous de tout faire pour l’empêcher, chacun avec ses petits moyens qui ne peuvent être grands que dans le respect de chacune et chacun.

Yvon Huet

L’édito du TC par Évelyne Bordet. Le bal des vampires

Au cœur du capharnaüm politique et moral, l’entrée au panthéon de Robert Badinter aurait pu marquer une pause dans le tourbillon d’une semaine de folie, un temps pour penser, panser notre République meurtrie. Mais, dès la première image, le président de la République avançant d’un pas ferme vers l’événement solennel qu’il avait lui-même initié, alors que derrière lui, hésitant, Lecornu tentait d’habiter le costume d’un Premier ministre, ex Premier ministre, futur Premier ministre voire futur-ex… Image pathétique d’un régime à l’agonie… La soirée, comme le révélateur d’une société en perte de repères, et l’on oscille entre catalepsie et malaise.

Et puis, vinrent les interviews des hommes politiques invités. Darmanin, garde des sceaux alors démissionnaire, disserte sans vergogne sur tout ce qu’il a appris de Badinter, étrange démonstration de l’influence supposée d’un héritage politique, mais surtout de sa dénaturation. Un cauchemar !

Et là, une question troublante s’impose : comment a-t-on pu passer de Badinter à Darmanin ? On s’interroge alors sur l’inexorable mutation des valeurs et des pratiques politiques au sein de notre République. Une forme de désillusion collective, où les repères idéologiques s’effacent au profit d’une communication cynique et désincarnée. Bayrou, avec sa morgue coutumière, invoquant les valeurs humanistes du grand Homme, ajoutait à cette impression de trouble et de dissonance.

« Les morts nous écoutent ! » scandait à plusieurs reprises Macron, s’appropriant ainsi une formule puissante sans en rappeler l’origine. Cette phrase, prononcée par Robert Badinter lors de son discours au Vel’ d’Hiv, portait toute la charge de la colère et de la honte ressenties face au comportement de l’auditoire ce jour-là. Badinter, dans un élan d’émotion, avait lancé à l’assemblée : « j’ai honte pour vous » ! Alors oui, la honte est bien présente quand Macron n’a rien à nous offrir qu’une parole politique dévoyée, rien de plus !

Digne dans son silence, Elisabeth Badinter, regarde tristement ce bal des vampires infligé et force le respect…