Hier matin, une soixantaine de personnes se sont rassemblées a l’appel de plusieurs associations devant le poste-frontière du Perthus. Objectif: dénoncer les contrôles policiers qui y ont été rétablis depuis dix ans et certaines pratiques « illégales » dont les migrants seraient la cible.
Dix ans déjà que les contrôles aux frontières internes à l’Union européenne ont été rétablis en France. Hier, à l’occasion de cet anniversaire, plusieurs associations venant en aide aux migrants ont organisé des rassemblements dans des lieux de passage emblématiques. Et notamment au poste-frontière du Perthus, devant lequel une soixantaine de personnes se sont réunies en fin de matinée. « Nous voulons dénoncer ces contrôles effectués aux frontières internes de l’Union européenne alors que nous sommes dans l’espace Schengen, où la libre circulation des personnes est censée être la règle », résume Dominique Ségard, de la Cimade.
La militante concède que l’Union autorise le rétablissement temporaire (pour trois ans maximum) des contrôles aux frontières internes en cas de circonstances exceptionnelles. Mais selon elle, les renouvellements successifs intervenus depuis 2015 pour différents motifs (sécurité, Covid-19…) seraient en revanche contraires au droit européen.
« Avec les bénévoles, nous allons régulièrement observer comment les forces de l’ordre se comportent lors de ces contrôles », poursuit Dominique Ségard. « Nous avons notamment pu constater que des personnes qui souhaitent demander l’asile ne peuvent pas le faire, que des personnes sont refoulées au mépris de la législation, que des mineurs sont mis en danger. À Cerbère, on assiste par exemple a une sorte de ping-pong, avec des jeunes parfois très jeunes qui sont baladés entre la commune et Portbou (Espagne) sans même comprendre ce qu’il se passe puisqu’il n’y a pas d’interprète. »
Au Perthus également, selon les associations : « Les contrôles quotidiens conduisent à l’interpellation et au renvoi en Espagne de personnes exilées, sans que leurs droits ne soient respectés. » Des « pratiques illégales » qui pousseraient les migrants à prendre plus de risques pour franchir la frontière (traversée à pied du tunnel entre Portbou et Cerbère…). Selon les associations, depuis 2015, au moins treize personnes seraient mortes à la frontière franco-espagnole.
Arnaud Andreu (L’Indépendant, le 7 décembre)












