L’édito du webzine. Notre Sécurité sociale a 80 ans

Ambroise Croizat, ouvrier, syndicaliste devenu parlementaire puis ministre du Travail (PCF) incarna la volonté farouche de mettre l’humain au cœur des politiques publiques. Il ne théorisa pas la solidarité : il l’organisa. Cet anniversaire permet de rendre hommage à son action. Pour cela, il faut refuser le démantèlement silencieux de ce qu’il a bâti.

Depuis 80 ans, la Sécurité sociale est un bien collectif qui s’adapte et accompagne les grandes transformations de la société française : création des caisses d’allocations familiales en 1946, minimum vieillesse en 1956, loi Veil sur l’intégration des personnes handicapées en 1975, RMI (devenu RSA) en 1988 ou encore les premières aides pour les aidants familiaux en 2007.

Jamais le patronat et leurs fidèles grands commis ont put accepté cette avancée sociale qu’est la possibilité de se soigner pour tous. En 1967, les ordonnances Jeanneney lui ont donné un premier coup en la scindant en trois branches. Surtout, que son financement fut fragilisé par les exonérations de cotisations au nom de l’emploi. Cette politique n’a jamais été efficace.

En 2025, les coups continuent de pleuvoir sur la Sécu dont le budget est étatisé et corseté par des choix de réductions des droits, à l’instar de l’augmentation des franchises médicales. Des mesures jugées profondément injustes par toutes les associations de patient.

Un projet injuste et inefficace

La suspension de la réforme des retraites promise aux socialistes en échange de leur non-censure, si elle est votée, sera remise en cause par le Sénat contrôlé par la droite. Ce projet suspend jusqu’à janvier 2028 la marche en avant vers les 64 ans, tout comme le relèvement du nombre de trimestres à cotiser pour partir à taux plein.

Le coût est estimé à 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027. Au lieu de le financer par des recettes supplémentaires pris sur les exonérations de cotisations patronales, plusieurs mesures cibleront les malades : nouvelle hausse des franchises (reste à charge des patients sur les consultations et médicaments), moindre remboursement chez le dentiste, limitation de la durée d’un premier arrêt maladie… Ce projet est profondément injuste et inefficace, c’est la pire cure d’économies depuis les années 2010.

Autres propositions : une taxation supplémentaire des complémentaires santé, une taxation des cotisations patronales sur les tickets-restaurants et œuvres du CSE, ou encore une surcotisation sur les dépassements d’honoraires des médecins. Le gel des pensions et de l’ensemble des prestations sociales (RSA, allocations familiales, APL…) est proposé en 2026, pour dégager 3,6 milliards d’euros d’économies

Aussi, 80 ans après sa création, il est fondamental de rappeler que la Sécurité sociale est une révolution sociale qui fut combattue dès le départ par les forces de l’argent, le patronat. La Sécu protège chacun, quel qu’il soit. Une vision comptable présente la cotisation comme une charge. On cherche à privatiser, rogner, affaiblir ce qui a été conquis de haute lutte.

La Sécurité sociale est un droit fondamental. Elle n’est pas un coût, mais un investissement dans la dignité.

Dominique Gerbault

Posted in National, Santé, Services publics, Social and tagged .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *