Une aubaine pour ce gouvernement, le « hara-kiri » de François Bayrou, prévu le 8 septembre, va sûrement faire passer au second plan les lourdes conséquences imposées par la pauvreté du budget de l’Éducation nationale pour cette rentrée scolaire.
La rentrée scolaire de 12 millions d’élèves, le 1er septembre, risque de passer malheureusement au second plan après l’annonce surprise de François Bayrou d’engager la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale. Cet écran de fumée, ne peut pas faire passer par pertes et profits les enjeux concrets de cette rentrée 2025.
La secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Vénétitay, a prévenu que « le contexte d’instabilité politique ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt de la dégradation du service public d’Éducation et, en particulier, du second degré, traversé par une crise profonde ». « Avec ou sans François Bayrou, avec ou sans Élisabeth Borne [ministre de l’Éducation], l’enjeu principal c’est le budget. C’est vraiment ce qui va guider nos mobilisations et nos interventions les prochaines semaines », déclare la responsable syndicale.
Pour le Snes-FSU, « la logique budgétaire pour l’Éducation nationale », est « à rebours des besoins du service public d’éducation ». En 2018, en dépit d’une hausse de la démographie scolaire de +8.029 élèves dans le second degré, 8.865 postes ont été supprimés, soit l’équivalent de 197 collèges, a calculé le syndicat y voyant le symbole de la politique d’Emmanuel Macron depuis 2017.
L’effort budgétaire a été dérisoire contrairement à ce qu’à déclarer le gouvernement. En 2025, la hausse de 1,95 milliard, s’est limitée à + 0,48% du budget de l’Éducation nationale une fois corrigé de l’inflation. Avec la valse des ministres (6 depuis le début du second quinquennat), la communauté éducative est aussi très lasse d’être si peu considérée. Les résultats sont catastrophiques.
Vers une rentrée scolaire coûteuse et agitée
Il manque encore une fois des professeurs à la rentrée, ce qui va générer des classes surchargées. Certains n’auront même pas d’enseignant dans leur classe. De nombreux postes aux concours n’ont pas été pourvus par manque de candidats du à une baisse d’attractivité du métier. Les gels de salaires et la chute du pouvoir d’achat y ont grandement contribué.
Des difficultés chroniques continuent à perdurer dans la scolarisation des élèves en situation de handicap intellectuel. Des milliers d’enfants ne feront pas leur rentrée comme les autres, faute de solutions de scolarisation adaptées et par manque d’AESH, une autre profession si peu rémunérée et si peu reconnue. Pourtant le premier article du Code de l’Éducation stipule bien que « le droit à l’éducation est garanti à chacun ».
À tout cela s’ajoute la hausse des fournitures scolaires. Si l’Allocation de rentrée scolaire (ARS) a bien été versée, -non pas acheter des TV 8K ou des consoles de jeux comme le prétend l’extrême droite, mais pour soulager 3 millions de familles précaires dans l’achat des fournitures scolaire- la rentrée se fait toujours plus chère.
Entre les vêtements (370€/an), la cantine (335€/an), les fournitures (146€/an) et les activités extrascolaires (125€/an), la scolarité d’un enfant coûte en moyenne 1.315 euros annuels à une famille, soit trois fois plus que la prestation octroyée par l’ARS.
Enfin l’image de la santé des élèves va être attaquée via les déremboursements et toujours ce manque criant de personnel médical dans les établissements scolaires. L’éducation n’est pas un secteur épargné par le plan d’austérité à 44 milliards d’euros d’un François Bayrou plus que jamais sur la sellette.
La colère sociale pourrait devenir explosive dès le 10 septembre. Une journée de mobilisation pour « bloquer le pays » à laquelle des syndicats ont déjà décidé de se joindre. Elle se poursuivra par une journée intersyndicale de grèves et de manifestations le 18 septembre. À cella s’ajoute la quasi certaine démission de François Bayrou qui a décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement, le 8 septembre. La rentrée risque d’être bouillante.
Dominique Gerbault