Lettre d’information du groupe CRCE.K au Sénat (n° du 12 décembre 2025)

Un budget qui remet toujours en cause les valeurs de solidarité et de protection
Nouvelle lecture PLFSS 2026
Les sénatrices et sénateurs du groupe Communiste Républicain Citoyen Écologiste et Kanaky ont fait le choix de déposer cette motion tendant à opposer l’exception d’irrecevabilité sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 examiné en nouvelle lecture qui remet en cause (…)
—> Lire l’intervention de Cathy Apourceau-Poly

Requiem pour la recherche
PLF 2026 : crédits « recherche et enseignement supérieur »
Le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche pour l’année 2026 consacre un abandon, celui de la loi de programmation de la recherche.
Souvenez-vous, aux dires du président de la République, elle devait être « une première historique dans l’histoire de la nation en matière de (…)
—> Lire l’intervention de Pierre Ouzoulias

« L’État central reprend la main »
PLF 2026 : crédits « Relations avec les collectivités territoriales »
Lors du dernier Congrès des maires, un constat s’est imposé : crise démocratique, essoufflement des élus locaux, lassitude citoyenne, affaiblissement des leviers d’action des collectivités.
La France doute et la démocratie locale s’abîme sous le poids de l’austérité. Mais cette alerte (…)
—> Lire l’intervention de Cécile Cukierman

« Cessons d’entretenir le flou démocratique, organisons les élections provinciales »
Question d’actualité sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie
L’État avance à marche forcée, avec l’organisation d’une consultation anticipée sur le projet d’accord de Bougival et l’examen, début janvier, d’un projet de loi.
Alors que l’accord de Bougival n’a pas été validé par le FLNKS et que le Congrès s’est prononcé le 8 décembre sans majorité – 19 (…)
—> Lire l’intervention de Robert Xowie

De la COP 30 à notre budget : le grand écart climatique
PLF 2026 : Crédits « Écologie, développement et mobilité durables »
« Sans équivoque, les humains sont la cause du changement climatique auquel nous assistons ». Ces mots sont ceux du Président du GIEC en présence de 600 experts présents à PARIS la semaine dernière
Le dépassement du seuil de 1,5 ° est désormais inévitable. La COP 30 qui s’est déroulée au (…)
—> Lire l’intervention de Céline Brulin

Quand les perdants gouvernent, les citoyens paient
Crédits « Conseil et contrôle de l’État »
Ce débat intervient alors que vous avez perdu les élections législatives anticipées. Mais vous restez en place et vous appliquez la même politique ! Il n’existe pas un pays démocratique où la force arrivée en tête des scrutins est écartée du pouvoir et où les perdants continuent à diriger. (…)
—> Lire l’intervention de Fabien Gay

Et la police de proximité ?
PLF 2026 : crédits « sécurités »
Ce budget est essentiel. Pourtant, ce qui nous est présenté n’est pas à la hauteur des défis.
Les chiffres de la sécurité civile semblaient encourageants : hausse de 15 % en AE, de 6 % en CP. Mais on est loin de financer l’investissement nécessaire. Le Président de la République avait promis (…)
—> Lire l’intervention de Ian Brossat

Une dérive stratégique
PLF 2026 : budget de la défense
La hausse inédite des crédits de la mission, de 13 %, témoigne du basculement historique à l’œuvre. Cette accélération engage la France dans une trajectoire qui la conduira vers 100 milliards d’euros annuels à l’horizon 2030.
Dans le même temps, on supprime 4 000 postes d’enseignants, on (…)
—> Lire l’intervention de Michelle Gréaume

Les autres interventions

Finances : Comment l’État a capitulé face aux marchés financiers
Budget et fiscalité – PLF 2026 : crédits « engagements financiers de l’État »par Pierre Barros – 12 déc. 2025

Affaires sociales : « Jamais nous n’accepterons de perdre des enfants dans des conflits fabriqués par le capitalisme »
Anciens combattants – PLF 2026 : crédits « anciens combattants »par Cathy Apourceau-Poly – 12 déc. 2025

Affaires sociales : AME : répondre aux besoins plutôt qu’attiser les fantasmes
Santé et protection sociale – PLF 2026 : crédits « santé »par Céline Brulin – 12 déc. 2025

Affaires culturelles : La voie ouverte à une marchandisation de l’espace médiatique et artistique
Culture et médias – PLF 2026 : crédits « Médias, livre et industries culturelles » – par Michelle Gréaume – 12 déc. 2025

Affaires étrangères et défense : Pour une France indépendante et actrice de la paix
International – PLF 2026 : crédits « Action extérieur de l’État »par Michelle Gréaume – 11 déc. 2025

Affaires étrangères et défense : Coup de froid budgétaire sur l’aide au développement
PLF 2026 : Crédits « Aides publiques au développement »par Michelle Gréaume – 11 déc. 2025

Lois : L’impasse sécuritaire
Justice et police – PLF 2026 : Crédits « Immigration, asile et intégration »par Ian Brossat – 9 déc. 2025

Le billet d’Yvon Huet. Se poser les bonnes questions (en toute modestie…)

Certains disent que le vote du budget de la Sécu est une déclaration de guerre contre le monde du travail et la démocratie sociale. Ils ont raison, mille fois raison. Mais il faut se demander le pourquoi du comment de ce vote de l’Assemblée plutôt que de ruer dans les brancards d’une armoire fermée par le clanisme populiste ou ramper face aux exigences de la table des privilégiés de la finance.

La raison essentielle qui explique le vote du budget, c’est le rapport de force actuel où le mouvement social piétine dans une résistance très minoritaire face à l’apathie générale qui envahit les chaumières où le chacun pour soi est devenu la règle obligée. Le nier, c’est se mentir à soi-même.

Malgré un effort très méritant des organisations syndicales, particulièrement la CGT, pour mobiliser les citoyens contre le projet de budget imposé par une gouvernance qui prépare sa guerre contre les peuples, et pas seulement le nôtre, la réplique résistante est beaucoup trop isolée. Ne pas le reconnaître, c’est nier la réalité, donc se tromper d’analyse et de stratégie.

Certes, se défouler sur le Parti socialiste est devenu un sport de compétition à essayer de savoir qui aura la médaille d’or de l’expression graveleuse. Et après ? La social-démocratie a toujours fonctionné avec le rapport de force. Quand le peuple revendiquait, elle penchait à gauche. Quand le peuple se taisait, elle penchait à droite… Doit-on nier cette évidence ?

Reste ceux qui sont dans le doute, environ une quarantaine de députés issus des mouvances communistes, écologistes et socialistes se sont réfugiés dans l’abstention. Consciemment ou non, ils n’ont pas voulu mêler leurs voix à celle des droites extrêmes qui représente à l’AN plus que toute la gauche réunie. Ils doivent penser que le rapport de force actuel impliquant une nouvelle élection législative qui piratera les élections municipales déjà difficiles dans un contexte de crispation guerrière entre LFI et le PS qui a fait exploser le NFP finira par une victoire sans partage de l’extrême droite. Doit-on les condamner pour cela ?

Pas simple, d’autant que le texte du budget envoyé au Sénat risque de revenir encore plus anti-social qu’il ne l’est en regard des quelques concessions arrachées par la gauche dans les amendements.

Plutôt que d’essayer de crier plus fort que les loups du fascisme rampant qui ont envahi les médias, c’est plutôt le moment d’essayer de comprendre ce qui se passe sur le terrain de la vie. Pourquoi les gens ne bougent pas, hormis les convaincus d’avance, quand un budget proposé aux Français va leur enlever l’essentiel de la protection sociale à laquelle ils ont droit ?

Il n’y a pas de réponse toute faite mais au moins un constat. La 5e République arrive au bout du rouleau de son histoire. Entre autoritarisme accentué menant au totalitarisme des héritiers de Pétain d’un côté et Révolution partageuse et démocratique de l’autre que seul un mouvement social puissant et unitaire pourrait initier avec, en cadeau de mariage, une gauche réconciliée, les Français auront à choisir parce que le marais du milieu s’est noyé dans la tempête des crises d’un système capitaliste qui se raidit en vieillissant.

Je peux me tromper d’analyse et je ne cherche pas à imposer mon ressenti. Mais j’ai appris après près de 60 ans de participation à la lutte politique et sociale que la réflexion posée vaut mieux que le pugilat des insultes qui pleuvent et s’évaporent aussi vite qu’elles sont tombées et permettent aux puissants de continuer à dormir sur le magot de leur vol à mains armées.

Au-delà de notre crise franco-française, il faut aussi réfléchir aux conséquences du succès des extrêmes droites sur la planète, aux USA, en Europe et même en Asie. Quelle réponse internationaliste pouvons-nous y apporter sans tomber dans le repli populiste ? Ce n’est pas une question annexe. Elle fait partie d’un ensemble où il faut faire du neuf et construire les bases d’une nouvelle internationale solidaire et progressiste.

Yvon Huet

Le billet d’Yvon Huet. La République a la tremblotte…

Les repères ont sauté à l’occasion du vote du budget de la Sécurité Social qui –après 80 ans de bons et loyaux services grâce à sa mise en œuvre par la CGT et les communistes en 1945 dans le cadre du programme du CNR– se retrouve aujourd’hui privée de plusieurs milliards de ressources, budget de guerre du président Macron oblige, pour n’évoquer que cela…

Quand on fait le compte des votes qui additionnent l’abstention et le vote pour le budget de misère proposé par la gouvernance Lecornu, on s’aperçoit en fait que ce sont principalement des députés d’extrême droite et de droite qui font, de loin, le gros du score du refus, sachant que c’est pour une raison inverse à celle des gauches puisque leur obsession c’est la chasse aux migrants et aux pauvres et la privatisation de la Sécurité Sociale…

Allez expliquer cela à ceux qui ont déjà décroché de l’intérêt pour la politique… Pas simple.

Pour être plus précis, au vu des résultats que je reprends ci-dessous, nous avons 153 voix de contre issues de l’extrême droite et de la droite et 90 voix contre issues de la gauche NFP, dont 71 LFI et 10 communistes et apparentés… Côté vote pour, on en a 67 dont 63 socialistes, 1 GDR et 3 écologistes, les 176 autres venant de différents courants de droite. Reste les abstentions, essentiellement des écologistes mais pas seulement. En tout, cela fait 53 abstentions à droite et 37 à gauche + 1 non inscrit…

C’est ce que mon journal l’Humanité ne sait pas reconnaître et que LFI cache bien pour ne pas reconnaître les limites de sa marge de manœuvre à l’Assemblée nationale.

J’en ai peut-être oublié à la marge mais je pense, à un moment, qu’il faut arrêter se laisser berner par les langues de bois qui font croire au père Noël de cette assemblée maudite qui risque bien de finir comme celle de la 3e République qui a majoritairement donné ses voix à Pétain et Laval ou de la 4e qui a laissé faire un coup d’État institutionnel par un général… Les contextes sont toujours bien différents mais les républiques françaises finissent toujours dans les bras de l’autoritarisme depuis plus de deux siècles en commençant par la 1re qui a fini dans les bras de des Bourbons en 1814 après le passage tonitruant de Napoléon dont s’inspirent tous les aventuriers de la politique pendant les crises aiguës d’un capitalisme qui n’accepte le fait démocratique que lorsqu’il avantage le pouvoir des riches…

Alors que faire ? Une bonne révolution démocratique et sociale issue du mouvement social serait la meilleure solution. En attendant, chacun fait ce qu’il peut dans les chaumières de la résistance au mensonge permanent diffusé par les médias aux ordre désormais de l’extrême droite en France pour une grande majorité d’entre eux.

Je reproduis le décompte officiel fait par LCP pour éviter toute mauvaise interprétation :

Pour, contre, abstentions… Qui a voté quoi ?

Groupes de l’ex-socle commun :

  • Ensemble pour la République : 91 « pour » (sur 91 députés)
  • Les Démocrates : 36 « pour » (sur 36 députés) ;
  • Horizons : 9 « pour », 25 abstentions (sur 34 députés) ;
  • Droite républicaine : 18 « pour », 3 « contre », 28 abstentions (sur 49 députés).

Groupes d’opposition :

  • Rassemblement national : 123 « contre » (sur 123 députés) ;
  • La France insoumise : 71 « contre » (sur 71 députés) ;
  • Socialistes : 63 « pour », 6 abstentions (sur 69 députés) ;
  • Écologiste et social : 3 « pour », 9 « contre », 26 abstentions (sur 38 députés) ;
  • Gauche démocrate et républicaine : 1 « pour », 10 « contre », 5 abstentions (sur 17 députés) ;
  • Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires : 20 « pour », 2 abstentions (sur 22 députés) ;
  • Union des droites pour la République : 16 « contre » (sur 16 députés).

Non inscrits :

  • 6 « pour », 2 « contre », 1 abstention (sur 9 députés).

Yvon Huet

Accord départemental entre La France insoumise et le Parti communiste Français en Seine-Saint-Denis

La France insoumise et le Parti communiste français ont conclu un accord départemental en vue des élections municipales de mars 2026 en Seine-Saint-Denis. Les candidat-e-s communistes et insoumis-e-s mèneront campagne ensemble pour bâtir des majorités solidaires, écologiques et démocratiques.

À Bobigny. Noisy-le-Sec, Sevran et Stains, La France insoumise soutiendra les maires communistes et apparentés sortants. Au Blanc-Mesnil, les insoumis-es participeront à la liste conduite par Didier Mignot pour battre la droite extrême.

À Aubervilliers, Aulnay-sous-Bois, Bondy et Drancy, les communistes soutiendront une tête de liste France Insoumise. À Saint-Denis-Pierrefitte, La France insoumise, le Parti communiste ainsi que la Seine-Saint-Denis au cœur seront unis derrière l’insoumis Bally Bagaycko.

À Noisy-le-Grand, la liste sera menée par une citoyenne soutenue par Générations.S, La France insoumise et le PCF face aux droites réactionnaires et antisociales.

À Neuilly-sur-Marne, le Parti communiste et La France insoumise, avec Aziza Nouioua, proposent le rassemblement de toutes les forces de gauche et citoyennes face à la droite.

Cet accord départemental est un point d’appui essentiel pour rendre nos villes à leurs habitant-e-s. Nous poursuivons les discussions avec les collectifs et les forces politiques de la Seine-Saint-Denis, fidèles au programme de rupture du Nouveau Front Populaire.

L’édito du webzine. Les rats quittent le navire

Les rats ont ceci de particulier : ils détestent qu’on les nomme notamment celui du navire qu’ils quittent au premier signe de menace. Sophie Binet, secrétaire nationale de la CGT utilise cet adage pour dénoncer ces patrons qui agitent le chantage fiscal.

Les patrons viennent de déclarer : « Taxez-nous davantage et nous quitterons la France. » Une manière de faire pression au moment où l’État cherche des solutions aux déficits abyssaux. Alors que les budgets sociaux sont déjà sacrifiés sur l’autel d’une austérité durcie, le grand patronat, lui, refuse tout effort.

Bernard Arnault a prophétisé une vague de délocalisations si, au regard des bénéfices réalisés, une contribution supplémentaire venait à être exigée. L’homme est coutumier des manœuvres dès qu’il s’agit de préserver les profits que lui rapportent ses 173 000 salariés.

Donald Trump a lancé sa guerre douanière tout en invitant les entreprises étrangères à produire aux États-Unis, son ami, Arnault, a aussitôt répondu présent. Résultat : plus de 20 millions d’euros investis dans une usine de maroquinerie au Texas. Et il n’est pas le seul à avoir fait allégeance au caïd de Washington.

Le groupe pharmaceutique Sanofi prévoit au moins 17 milliards d’investissements aux États-Unis d’ici 2030. Le constructeur automobile Stellantis promet plus de 10 milliards pour moderniser ses usines et lancer de nouveaux modèles là-bas. Le transporteur maritime CMA-CGM annonce un plan de 17 milliards pour construire terminaux et infrastructures logistiques… La liste pourrait encore s’allonger.

Le coup de gueule de Sophie Binet

Ces groupes s’achètent un environnement fiscal plus clément, des réglementations plus souples et des aides publiques généreuses. Ce qui n’était qu’une menace devient soudain une source de profits supplémentaires.

Le patriotisme ? Balayé. Peu importe que le navire industriel France prenne l’eau, manque d’investissements dans la recherche, l’innovation ou la production. Peu importe que l’État leur ait offert des talents formés, des infrastructures de qualité, des services publics performants et 211 milliards d’aides diverses notamment 2023 comme l’a révélé le sénateur communiste Fabien Gay. Ils n’ont même pas la reconnaissance du ventre.

Prenons Stellantis : depuis 2013, le groupe a bénéficié de 14 catégories d’aides publiques – crédits d’impôt recherche, subventions locales… Entre 2020 et 2024, ces soutiens représenteraient près de 400 millions d’euros. Et pourtant ? Cette année, 1 100 postes ont été supprimés. Dans le même temps, les actionnaires touchent 2 milliards d’euros pour l’exercice 2024-2025, et l’ex-PDG Carlos Tavares part avec 34 millions d’euros d’indemnités. Et ce n’est qu’un exemple. Dans ce monde-là, ceux qui quittent le navire ne partent ni les mains vides ni le ventre creux.

Pour avoir rappelé ces faits et utilisé une expression populaire, Sophie Binet se retrouve aujourd’hui sous le coup d’une plainte pour injure public. Cette intimidation judiciaire n’effacera ni les faits ni leurs conséquences pour le pays et pour ses citoyens.

La secrétaire nationale de la CGT est notre voix, elle mérite notre soutien.(*)

Dominique Gerbault

(*) Signez et faites signer la pétition : Soutenir Sophie Binet face à sa mise en examen.