L’édito du Travailleur Catalan par Nicole Gaspon. Le coup de Poker

L’annonce par le Premier ministre d’un vote de confiance le 8 septembre prochain aura bien été la seule nouveauté de la conférence de presse qu’il a tenue mardi dernier.

D’un ton lénifiant, il s’est borné à ressasser toujours les mêmes antiennes : la gravité de la situation (« c’est une question de survie »), la dette insupportable, le nécessaire effort de tous… L’ensemble se résumant à une seule idée : la politique menée est la seule possible, il n’y a pas d’alternative. On fait ça depuis huit ans, ça mène au désastre, il faut donc continuer !

Le tout avec une bonne dose de culpabilisation (« les Français n’ont pas conscience de la gravité de la situation ») et une dramatisation outrancière. Bien sûr pas un mot sur la recherche de nouvelles recettes auprès des plus riches et des entreprises, sur l’énormité des inégalités dans notre pays, sur les difficultés de vie qui s’aggravent pour le plus grand nombre.

On touche le fond, c’est l’échec d’une politique menée par un gouverne-
ment illégitime, majoritairement rejetée.

La colère qui gronde n’aura pourtant pas échappé à François Bayrou, c’est la raison de son coup de poker du 8 septembre, deux jours avant le blocage annoncé. Un coup de poker dont il est probable qu’il ne va pas se relever tant il se trouvera peu de monde pour lui faire confiance. Les réactions entendues depuis l’annonce du 8 laissent peu de suspense.

La gauche, sur ce coup, semble parler d’une seule voix. Après la cacophonie des universités d’été, c’est une note d’espoir. L’annonce de François Bayrou signerait-elle la relance du rassemblement ?

À lire dans Le Travailleur Catalan (n° 4080 – vendredi 29 août 2025)

L’édito de Nicole Gaspon. Le coup de poker
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Cabestany. « Le sport, c’était ma soupape et la leur » (L’Indep)

Surpopulation chronique, conditions de détention difficiles, violence et insécurité, manque de moyens pour la réinsertion et taux en hausse de récidive: l’univers carcéral est actuellement confronte a plusieurs défis majeurs. Stéphane Quintin, ancien surveillant pénitentiaire, apporte son témoignage sur 34 ans de carrière derrière les murs.

Vous souvenez-vous de votre premier jour en prison ?

Oui, comme si c’était hier. C’était à Fresnes, en 1986. J’avais 22 ans. Je n’avais jamais travaillé, et me retrouver là a été un véritable choc. J’ai encore l’image de cette immense grille qui s’ouvre, du long couloir de parquet grinçant menant au quartier disciplinaire. On avait l’impression d’avancer vers l’enfer. J’étais seul dans ma division, avec plus d’une centaine de détenus à gérer. La nuit surtout, c’était terrible: des cris étouffés, des agressions, mais la loi du silence régnait.

Vous étiez entré dans la pénitentiaire pour le sport ?

Exactement. A l’origine, je voulais être prof de sport. Comme j’avais raté le concours du Creps, j’ai tenté celui de surveillant. Mon espoir, c’était de devenir moniteur de sport en prison. Et j’y suis arrivé. Le sport a tout changé, pour moi comme pour les détenus. J’étais celui qui les sortait de leurs cellules pour souffler un peu. Je voyais des gars se détendre, retrouver un peu d’humanité. C’était une soupape pour eux, mais aussi pour moi. J’ai eu des moments d’émotion, des regards, des mercis silencieux. C’était ma récompense.

Comment décririez-vous vos relations avec les prisonniers ?

Ambiguës. On nous teste, on nous provoque parfois. Certains détenus cherchaient la faille, comme une sorte de bizutage. Mais j’ai aussi noué des rapports respectueux, voire amicaux. Les grands bandits, eux, savaient gérer leur détention. J’ai toujours eu plus d’affinité avec eux qu’avec les petits malfrats. Ils assumaient leur peine, s’organisaient, souvent de façon intelligente. Mais il ne faut pas se tromper : malgré ces échanges humains, chacun reste à sa place. Un détenu d’Action directe à l’époque m’avait prévenu : « On s’entend bien, mais si un jour je m’évade et que tu es sur mon chemin, je ne te ferai pas de cadeau ».

Quelle était la plus grande difficulté de votre métier ?

La surpopulation, sans hésiter. Trois détenus dans neuf mètres carrés, sans intimité, c’est une poudrière. Ajoutez à cela des profils totalement différents enfermés ensemble : niveau de délinquance, âge et milieu aux antipodes. Les tensions étaient permanentes. Et puis, il y a les drames : deux suicides dans ma carrière. On s’endurcit, on met une carapace pour tenir. L’uniforme, c’est aussi ça : on l’enfile le matin avec l’autorité qu’il impose, et on le laisse a la porte le soir pour retrouver une vie normale.

Avec le recul, que vous reste-t-il de ces années ?

Une vision de l’humain, dans tout ce qu’il a de plus dur, mais aussi de plus intense. La prison sécurise la société, mais elle ne réinsère pas. Beaucoup sortent pires qu’ils n’étaient entrés. Pourtant, j’ai vu des hommes s’accrocher, profiter d’un ballon ou d’un terrain de foot pour retrouver un souffle. Moi, c’est ce qui m’a sauvé aussi : le sport m’a permis de rester humain. Si c’était à refaire, oui, je le referais. Parce que malgré tout, j’ai vu des étincelles d’humanité dans un univers où tout est puissance dix.

Patricia Vedrenne (L’Indépendant, le 24 août 2025)

De Fresnes à Perpignan

Stéphane Quintin a quitté l’administration pénitentiaire en 2020, après 34 ans de service. De Fresnes à Perpignan, en passant par Moulins et Fleury-Mérogis, il a connu l’évolution des prisons françaises, mais aussi leurs échecs récurrents : la surpopulation, le manque de moyens, l’absence de réelle réinsertion. Syndicaliste CGT, il s’est engagé pour garantir de meilleures conditions du statut des surveillants par des mouvements sans cesse renouvelés. Pourtant, dans ce monde clos et dur, il garde en mémoire les instants de respiration qu’il a pu offrir grâce au sport. « Une bulle d’air », dit-il, qui lui a permis de traverser sa carrière sans se déshumaniser.

Le ministère du Travail se saisit de l’affaire du postier syndicaliste « licencié » (L’Indep)

Le cas de Samuel Toutain sera donc remonté jusqu’aux hautes sphères de l’État. En décembre 2024, La Poste avait lancé une procèdure afin de licencier le secrétaire départemental adjoint de Sud Poste, Samuel Toutain. Saisie du dossier, comme l’impose la loi dans ce genre de situation, l’inspection du travail a refusé ce licenciement en mars dernier. La Poste a fait un recours hiérarchique auprès du ministère du Travail pour contester cette décision. Une nouvelle enquête a donc été ouverte.

Ils ne lâchent pas « leur camarade ». Une manifestation de soutien s’est tenue ce mercredi devant l’inspection du travail à Perpignan. Ces syndicalistes se sont mobilisés sur le boulevard Aristide Briand car l’un des leurs était reçu par l’administration à partir de 14 heures dans le cadre d’une enquête contre son licenciement.

L’Indépendant s’était déjà fait écho de l’histoire de Samuel Toutain, ce salarié de la Poste de Thuir, secrétaire départemental adjoint du syndicat Sud Poste, que sa direction voulait mettre a la porte. Accusé de harcèlement envers sa hiérarchie, la Poste avait lancé une procédure de licenciement pour faute grave. En raison du mandat syndical du postier thuirinois, le groupe devait obtenir l’aval de la Direction départementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Ddeets) pour pouvoir le remercier. « L’Inspection du travail avait déjà rejeté leur demande de licenciement une première fois, rappelle Samuel Toutain. La Poste a fait un recours hiérarchique auprès du ministère du Travail pour contester cette décision. Le ministère a mandaté la Ddeets pour réaliser une nouvelle enquête ».

Voilà pourquoi le postier était reçu ce mercredi. « Avec mon avocat, nous avons eu le sentiment d’être entendus et écoutés », commentait-il simplement à la sortie du rendez-vous.

Samuel Toutain était en tout cas soutenu ce mercredi par Virginie Malavergne de Sud PTT et Ludovic Jeanneau, secrétaire départemental de Sud Poste 66, entre autres. Les syndicalistes dénonçaient cette situation : « Samuel a fait son travail de délégué syndical en défendant les salariés. Cette volonté de licenciement est une attaque frontale contre notre organisation, sa représentation et le droit de grève. Samuel a combattu la souffrance au travail. Mais nous sommes muselés. La direction refuse tout dialogue social ».

Contactée, la direction de la Poste qui devait être reçue ce jeudi à son tour par la Ddeets, n’a pas répondu à nos sollicitations.

Diane Sabouraud (L’Indépendant, le 25 juillet 2025)