Martial, les jeunes au garde à vous en fond d’écran, Macron tente de redevenir audible sur la scène intérieure : « former au maniement des armes, au chant, à la marche au pas… » Tel est son projet pour la jeunesse, formulé à la base militaire de Varces, en Isère, le 27 novembre. La mise scène ne se borne pas à une simple opération de communication politique, c’est un signal inquiétant qui alimente le climat anxiogène entretenu par le chef de l’État. Cette volonté de former la jeunesse à la discipline des armes, au chant et à la marche au pas, apparaît comme une provocation pour celles et ceux qui refusent l’idée d’un avenir placé sous le signe de la logique guerrière. Une orientation qui inquiète les organisations de jeunesse et acteurs de l’éducation populaire. « C’est un projet destiné à faire avancer un agenda guerrier contre la Russie, dans un contexte où Macron n’a rien d’autre à proposer à la jeunesse », analyse Assan Lakehoul, secrétaire général du Mouvement jeunes communistes de France.
« Ce que prépare Macron, c’est une mise au pas de la jeunesse », juge Trystan Dupont, porte-parole de Solidaires étudiant·es. Selon lui, le pouvoir « essaye de fabriquer un avenir pour la jeunesse dans la guerre, faute de pouvoir en offrir un dans la société ». Alors que le projet de loi de finances se dessine, où les jeunesses sont les grandes oubliées, où tous les moyens qui devraient soutenir leur avenir sont rabotés et redirigés vers les armées, il y a matière à s’inquiéter… C’est une attaque frontale contre une jeunesse déjà fort maltraitée. Le chef de l’État ne recule devant rien pour imposer sa vision. Il manie la peur comme une arme, brandissant la menace d’une guerre qui reste pourtant évitable, pour masquer l’absence d’alternatives et affirmer son autorité. Ce choix ne relève pas d’une posture mais témoigne d’une fuite en avant dangereuse, où l’angoisse d’un conflit armé est présentée comme unique horizon, au mépris de la paix, de la justice et de l’engagement citoyen véritable. Le président ouvre ainsi la porte à des dérives autoritaires inquiétantes. Sous prétexte de « dangerosité », il cherche à soutenir un pouvoir atrophié, testant sans vergogne les limites d’une présidence qui se rêve encore toute-puissante. Oui, il bouge encore et cette saillie iséroise interroge notre capacité collective à résister face à la confiscation progressive de nos droits et de notre avenir. Alors, Salomé Hocquard, vice-présidente de l’UNEF formule comme une évidence : « à quel moment va-t-on enfin demander aux jeunes ce qu’ils veulent vraiment ? »
