Perpignan. Pendant que Jordan Bardella dédicace, l’opposition résiste (L’Indep)

Le président du Rassemblement national a dédicacé son dernier livre ce lundi 10 novembre au Palais des Congrès de Perpignan. Une séquence qui se voulait purement littéraire mais qui a vite tourne au politique, entre les conquis venus en nombre et les protestataires mobilisés.

Un an après la sortie de son premier ouvrage autobiographique intitulé Ce que je cherche (vendu à plus de 230 000 exemplaires), le jeune patron du Rassemblement national, Jordan Bardella semble avoir trouvé la voie… vers la présidentielle 2027.

Via un deuxième livre au titre anaphorique « Ce que veulent les Français » publié chez Fayard, qu’il est venu spécialement dédicacer ce lundi à Perpignan. D’emblée, il s’en défend, « Je ne suis pas là en tant que président du Rassemblement national. » Pas question « de parler des prochaines municipales. » Louis Aliot, le maire frontiste de Perpignan, se tient d’ailleurs dans un coin, loin des objectifs et des caméras.

Code électoral et contrat éditeur obligent. Pourtant le recueil du « dauphin », compilation de doléances inspirées « de la France qui travaille », sonne plutôt comme un programme électoral. Et sa tournée littéraire peine à dissimuler entre les lignes ses accents de campagne, sans Marine Le Pen. Elle qui est menacée d’inéligibilité et pourrait bien lui passer le drapeau à la flamme pour l’échéance nationale.

Ils se croient en terrain conquis mais nous sommes la

En préambule, à l’extérieur du Palais des congrès, le ton est déjà donné. Une file d’attente de plusieurs centaines de fans de Bardella et quelque 70 manifestants, rassemblés à l’appel du NFP 66 (Nouveau Front Populaire) s’interpellent à distance, par-dessus les forces de l’ordre, à coups de slogans ou de chants partisans. « On est chez nous », scandent les premiers. « On ne lâche rien », entonnent les seconds, entre riposte et résistance. « Ils se croient en terrain conquis mais nous sommes là pour dénoncer le double langage de ce front antisocial qui barre la route à tout progrès social, refuse l’augmentation du SMIC et la répartition des richesses », lance au micro le représentant du Parti Communiste français. « Si on n’est pas la, on accepte la banalisation du Rassemblement national. Et l’unité est la seule solution, Perpignan n’appartient pas à ce parti. Nous ne voulons pas de lui, ni de Jordan Bardella, ni ici, ni ailleurs », enchaine une porte-parole du NPA. Nicole et Françoise acquiescent. « Nos deux parents ont été dé-portés, on sait à quoi cela mène. Et l’extrême droite n’a rien à faire dans notre ville », lâchent-elles. Quand un « vieux militant » embraye. « Le fascisme a marqué toute ma vie. Je suis né en 40, j’ai manqué de peu d’être emporté par le pétainisme et à la fin de ma vie, je suis toujours antifasciste. Ceux qui ont ces idées-la, ça parait normal qu’ils se tournent vers ce genre de mouvement, mais aujourd’hui je suis totalement démuni et je ne sais pas quoi dire face à ces gens pour lesquels Bardella apparait comme le sauveur suprême et qui s’associent à ce genre de parti sans que l’on sache pourquoi. » (…)

Laure Moysset (L’Indépendant, le 11 novembre 2025)

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