Lettre d’information du groupe CRCE.K au Sénat (n° du 12 décembre 2025)

Un budget qui remet toujours en cause les valeurs de solidarité et de protection
Nouvelle lecture PLFSS 2026
Les sénatrices et sénateurs du groupe Communiste Républicain Citoyen Écologiste et Kanaky ont fait le choix de déposer cette motion tendant à opposer l’exception d’irrecevabilité sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 examiné en nouvelle lecture qui remet en cause (…)
—> Lire l’intervention de Cathy Apourceau-Poly

Requiem pour la recherche
PLF 2026 : crédits « recherche et enseignement supérieur »
Le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche pour l’année 2026 consacre un abandon, celui de la loi de programmation de la recherche.
Souvenez-vous, aux dires du président de la République, elle devait être « une première historique dans l’histoire de la nation en matière de (…)
—> Lire l’intervention de Pierre Ouzoulias

« L’État central reprend la main »
PLF 2026 : crédits « Relations avec les collectivités territoriales »
Lors du dernier Congrès des maires, un constat s’est imposé : crise démocratique, essoufflement des élus locaux, lassitude citoyenne, affaiblissement des leviers d’action des collectivités.
La France doute et la démocratie locale s’abîme sous le poids de l’austérité. Mais cette alerte (…)
—> Lire l’intervention de Cécile Cukierman

« Cessons d’entretenir le flou démocratique, organisons les élections provinciales »
Question d’actualité sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie
L’État avance à marche forcée, avec l’organisation d’une consultation anticipée sur le projet d’accord de Bougival et l’examen, début janvier, d’un projet de loi.
Alors que l’accord de Bougival n’a pas été validé par le FLNKS et que le Congrès s’est prononcé le 8 décembre sans majorité – 19 (…)
—> Lire l’intervention de Robert Xowie

De la COP 30 à notre budget : le grand écart climatique
PLF 2026 : Crédits « Écologie, développement et mobilité durables »
« Sans équivoque, les humains sont la cause du changement climatique auquel nous assistons ». Ces mots sont ceux du Président du GIEC en présence de 600 experts présents à PARIS la semaine dernière
Le dépassement du seuil de 1,5 ° est désormais inévitable. La COP 30 qui s’est déroulée au (…)
—> Lire l’intervention de Céline Brulin

Quand les perdants gouvernent, les citoyens paient
Crédits « Conseil et contrôle de l’État »
Ce débat intervient alors que vous avez perdu les élections législatives anticipées. Mais vous restez en place et vous appliquez la même politique ! Il n’existe pas un pays démocratique où la force arrivée en tête des scrutins est écartée du pouvoir et où les perdants continuent à diriger. (…)
—> Lire l’intervention de Fabien Gay

Et la police de proximité ?
PLF 2026 : crédits « sécurités »
Ce budget est essentiel. Pourtant, ce qui nous est présenté n’est pas à la hauteur des défis.
Les chiffres de la sécurité civile semblaient encourageants : hausse de 15 % en AE, de 6 % en CP. Mais on est loin de financer l’investissement nécessaire. Le Président de la République avait promis (…)
—> Lire l’intervention de Ian Brossat

Une dérive stratégique
PLF 2026 : budget de la défense
La hausse inédite des crédits de la mission, de 13 %, témoigne du basculement historique à l’œuvre. Cette accélération engage la France dans une trajectoire qui la conduira vers 100 milliards d’euros annuels à l’horizon 2030.
Dans le même temps, on supprime 4 000 postes d’enseignants, on (…)
—> Lire l’intervention de Michelle Gréaume

Les autres interventions

Finances : Comment l’État a capitulé face aux marchés financiers
Budget et fiscalité – PLF 2026 : crédits « engagements financiers de l’État »par Pierre Barros – 12 déc. 2025

Affaires sociales : « Jamais nous n’accepterons de perdre des enfants dans des conflits fabriqués par le capitalisme »
Anciens combattants – PLF 2026 : crédits « anciens combattants »par Cathy Apourceau-Poly – 12 déc. 2025

Affaires sociales : AME : répondre aux besoins plutôt qu’attiser les fantasmes
Santé et protection sociale – PLF 2026 : crédits « santé »par Céline Brulin – 12 déc. 2025

Affaires culturelles : La voie ouverte à une marchandisation de l’espace médiatique et artistique
Culture et médias – PLF 2026 : crédits « Médias, livre et industries culturelles » – par Michelle Gréaume – 12 déc. 2025

Affaires étrangères et défense : Pour une France indépendante et actrice de la paix
International – PLF 2026 : crédits « Action extérieur de l’État »par Michelle Gréaume – 11 déc. 2025

Affaires étrangères et défense : Coup de froid budgétaire sur l’aide au développement
PLF 2026 : Crédits « Aides publiques au développement »par Michelle Gréaume – 11 déc. 2025

Lois : L’impasse sécuritaire
Justice et police – PLF 2026 : Crédits « Immigration, asile et intégration »par Ian Brossat – 9 déc. 2025

L’actu de la CGT (n° du 12 décembre 2025)

Alerte industrie : 18 mois après, où en sommes-nous ?
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Près de dix-huit mois après l’alerte qu’elle a lancé sur l’industrie, la CGT a présenté la mise à jour de sa liste des plans de suppressions d’emplois en France – et le bilan s’alourdit de jour en jour.
—> Accéder au dossier

Nos industries en danger
Industrie : la situation est catastrophique
483 plans de suppressions d’emplois ont été recensés, soit 107 562 emplois menacés ou supprimés (dont près de la moitié dans l’industrie).
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Les cartes des suppressions de postes
La CGT a élaboré une cartographie interactive des suppressions d’emplois pour visualiser l’évolution et l’ampleur du phénomène.
—> Voir les cartes

6 entreprises sauvées par leurs salarié·es
Industrie : malgré la situation alarmante, 6 entreprises sauvées par leurs salarié·es
Alors que le patronat sacrifie l’emploi sur l’autel du profit et que l’État laisse faire, les salarié·es se mobilisent pour préserver leur outil de production.
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Actualités

Né·es ici ou venu·es d’ailleurs : pour une France de liberté, d’égalité et de solidarité
Appel collectif à mobilisation dans le cadre de la Journée internationale des migrant-es, le 18 décembre 2025, à Paris (lieu à préciser) et partout en France.
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Partout en France, les luttes pour les salaires s’intensifient et se multiplient
Alors que s’ouvrent les négociations annuelles obligatoires (NAO) dans de nombreuses entreprises, la colère monte dans les lieux de travail.
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Rapport annuel sur l’état de la France du Cese : « Égalité des chances, mythe ou réalité ? »
Le rapport du CESE est présenté chaque année par la commission économie et finances au gouvernement. Axé cette année sur l’égalité des chances, le constat est sans appel – et le rapport accablant.
—> Lire la suite

Communiqués de presse

Sébastien Lecornu empêche les salarié·es de vivre de leur travail
Le Premier ministre a décidé ce jour, de ne pas augmenter le SMIC, et enlise les travailleurs et travailleuses dans la précarité.
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Budget : la bataille continue
L’Assemblée nationale doit maintenant débattre et voter le projet de loi de finances. La CGT appelle les député·es à le modifier en profondeur pour supprimer les nombreuses mesures d’austérité, augmenter les moyens des services publics, des associations et des collectivités et le salaire des fonctionnaires. Alors que les inégalités explosent, il y a urgence à mettre enfin à l’ordre du jour la justice fiscale !
—> Lire le communiqué

Patrimoine: des inégalités criantes dans la population française (L’Indep)

Les nouvelles données dévoilées par l’Insee dessinent un pays coupé en deux, un grand écart spectaculaire qui devrait s’accentuer.

Les chiffres posent question et pourraient relancer le débat sur la taxation des plus aisés et des plus âgés, au moment où le Parlement est invité à réaliser de douloureux arbitrages budgétaires pour l’année 2026.

Les inégalités en matière de patrimoine sont criantes en France et elles s’accentuent. Elles sont même « nettement plus fortes que les inégalités de niveaux de vie (les revenus du ménage, NDER) », pointe l’Insee, dans un nouveau rapport rendu public mardi.

Premier constat : le patrimoine brut des ménages s élevait en moyenne à 374.900 € début 2024, observe l’Insee qui dessine une France coupée en deux. Pour la moitié des ménages, il dépasse les 205.000€, l’autre moitié étant située sous ce seuil. Autre leçon, les Français sont plus riches de 9 % qu’il y a dix ans (et les plus aisés de 23 %).

46 % des ménages ont cependant des emprunts à rembourser. Et, stout, ces moyennes masquent un grand écart spectaculaire. Les 10% des ménages les mieux dotés (plus de 857.700 € brut) cumulent, à eux seuls, près de la moitié de la masse totale de patrimoine brut en France. Tout à la fois de biens immobiliers et professionnels (entreprises, terres, bâtiments professionnels, etc.).

Les retraités, les héritiers et les autres

Alors que pour les 10 % des ménages qui possèdent le moins de patrimoine (soit moins de 6.200 €), celui-ci se résume sou-vent à la voiture utilisée au quotidien, l’équipement du logement| et des comptes sur livrets patiemment garnis pour faire face aux coups durs.

Ce patrimoine augmente logiquement avec l’âge. Il est en moyenne de 104.400 € pour les moins de 30 ans, de 464.800 € pour les quinquagénaires. Il atteint son maximum vers 60 ans, puis se stabilise, avant de diminuer à partir de 75 ans. Certains puisent dans leur épargne pour financer de la dépendance, d’autres « font des donations », explique Aurélie Goin, cheffe de la division logement et patrimoine a l’Insee.

Mais les plus de 60 ans détiennent très clairement la majeure partie de la richesse patrimoniale en France et celle-ci est moins taxée que les revenus, fruit du travail des salariés. Ce qui pourrait reposer la question de la répartition de l’effort entre retraités et actifs.

« Mais il y a aussi des disparités assez fortes au sein même des tranches d’âge », souligne Aunélie Goin. Notamment car la France des propriétaires a bénéficié de la hausse des prix de l’immobilier.

Dernier constat : ces inégalités se creusent et ce n’est qu’un début. Avec la disparition des baby-boomers, un transfert massif de richesses va être opéré en France. La fondation Jean-Jaurès l’a déjà chiffré : près de 9.000 milliards d’euros devraient ainsi être transmis, via des successions, d’ici 2040.

Dessinant la perspective d’une France à deux vitesses, ou la richesse dépendra davantage de L’héritage que du travail.

L’Indépendant, le 11 décembre 2025

Serge Coutouris. « Un enjeu national sur le modèle des ports » (La Marseillaise)

Serge Coutouris est secrétaire général adjoint de la fédération CGT des Ports et Docks. Il analyse les conséquences du développement d’un modèle « low-cost » sur les ports français.

La Marseillaise : Quel est le sens de votre mobilisation ?

Serge Coutouris : Rappelons le contexte : À Port-la-Nouvelle, il y a de nouveaux projets avec de nouveaux acteurs portuaires. Le tout, voulu et impulsé par la Région Occitanie. Depuis le début, le montage capitalistique et sa gouvernance nous interpellent. Surtout lorsqu’on voit qu’un manutentionnaire est devenu concessionnaire tout en étant actionnaire du port. Il y a peut-être là une forme de conflit d’intérêts. On voit aussi que la place de la Région au sein du port et de la société Semop [société d’économie mixte à opération unique qui assure la gestion du port via une concession de service public, Ndlr.] diminue. Une diminution au profit du privé, qui impose petit à petit sa manière de faire. Cela fait des années que nous nous inquiétons sur le sujet. Au sein du port, les travailleurs portuaires demandent une visibilité, et une lisibilité, sur leur avenir. Il était annoncé un « port vert », avec un enjeu de transition écologique, puisque tourné vers l’éolien en mer, les énergies marines renouvelables [EMR Ndlr] et l’hydrogène. Sauf qu’aujourd’hui, il y a des interrogations sur l’hydrogène et un retard pris sur l’éolien… Et donc le concessionnaire a d’autres vues et entend se diversifier.

La Marseillaise : En quoi cette diversification vous inquiète ?

Serge Coutouris : Il y a sur la table des creusements de quais en eaux profondes pour accueillir de gros navires vraquiers et l’occupation d’un espace pour faire du roulier… Actuellement, avec les informations que l’on a, cela impliquerait un transfert d’activités de ports à proximité, comme Sète ou Marseille, pour combler les volumes de Port-la-Nouvelle. Il y a donc une vraie menace sur les trafics existants. Et ce, pour l’ensemble des ports français, de Bayonne à Toulon. C’est pour cela que des dockers et travailleurs portuaires de tous les ports du pays sont présents, avec les organisations territoriales de la CGT comme l’Union départementale, Comité régional, Union locale… On est sur un enjeu national sur le modèle économique des ports. Même certaines directions de grands ports reconnaissent que ce qui est fait à Port-la-Nouvelle est problématique.

La Marseillaise : Vous évoquez un « port low-cost ». Comment cela se concrétise pour les travailleurs ?

Serge Coutouris : On est sur un port low-cost car le montage capitalistique et les conditions données au concessionnaire et manutentionnaire permettent d’avoir des prix défiants toute concurrence. Concrètement, on a des pressions dans tous les ports avec des menaces sur l’emploi et les conditions de travail. Il nous est dit : « Si vous ne baissez pas vos compositions d’équipes, on s’en va sur Port-la-Nouvelle ». Avec ce nouveau port qui attirerait des trafics, car beaucoup moins cher, on pourrait avoir un chantage à l’emploi. Il est moins cher parce que la précarité est de mise sur ce site : des intérimaires et des occasionnels travaillent sur les bateaux. Alors que dans notre profession, on a un cursus et une réglementation sur la formation professionnelle. Par ailleurs, on n’a pas d’éléments sur l’avenir des travailleurs portuaires, leur périmètre à venir ou des embauches éventuelles… Il pourrait y avoir de l’externalisation et donc encore plus de précarité. Avec, donc, des salaires bien inférieurs à la moyenne des autres ports, des conditions de travail qui ne respectent pas forcément la réglementation. Preuve en est : Depuis deux ans, on négocie avec la direction du port sur les salaires, l’organisation et l’emploi. Mais on s’enlise puisque le port n’a plus la main.

La Marseillaise : Quel message adressez-vous à la Région Occitanie et à l’État ?

Serge Coutouris : On dit à la Région de reprendre la main ! De reprendre son rôle dans un port qu’elle laisse à une privatisation totale… À Port-la-Nouvelle, la Région est minoritaire, mais a une minorité bloquante, donc elle peut, et doit, jouer son rôle. Il y a deux ans, dans un salon international qui rassemblait tous les acteurs du maritime, on retrouvait une pancarte : « Port-la-Nouvelle, premier port 100% privé en France ». On est aussi dans un contexte où une loi est en discussion sur les modèles économiques dans les ports décentralisés. Cette loi pourrait être un pas de plus vers une privatisation totale de ces ports. On demande des garde-fous au ministère des Transports.

La Marseillaise : C’est une remise en cause de la planification industrielle nécessaire sur les ports ?

Serge Coutouris : À la CGT, on ne parle pas de concurrence entre les ports, mais de complémentarité. Or, on voit qu’on se dirige vers une spécialisation des ports. Alors qu’on veut que les ports gardent leurs trafics ! Un exemple concret : Port-la-Nouvelle prévoit d’accueillir du trafic de véhicules alors que Sète et Marseille en ont… Ce schéma de port low-cost pourrait mettre en péril les trafics existants tout en mettant la pression sur l’emploi portuaire. On est dans la lignée de la déréglementation totale orientée par l’Union Européenne et les recommandations ultra libérales de la Commission européenne.

Entretien réalisé Amaury Baqué (La Marseillaise, le 11 décembre 2025)

Le billet d’Yvon Huet. La République a la tremblotte…

Les repères ont sauté à l’occasion du vote du budget de la Sécurité Social qui –après 80 ans de bons et loyaux services grâce à sa mise en œuvre par la CGT et les communistes en 1945 dans le cadre du programme du CNR– se retrouve aujourd’hui privée de plusieurs milliards de ressources, budget de guerre du président Macron oblige, pour n’évoquer que cela…

Quand on fait le compte des votes qui additionnent l’abstention et le vote pour le budget de misère proposé par la gouvernance Lecornu, on s’aperçoit en fait que ce sont principalement des députés d’extrême droite et de droite qui font, de loin, le gros du score du refus, sachant que c’est pour une raison inverse à celle des gauches puisque leur obsession c’est la chasse aux migrants et aux pauvres et la privatisation de la Sécurité Sociale…

Allez expliquer cela à ceux qui ont déjà décroché de l’intérêt pour la politique… Pas simple.

Pour être plus précis, au vu des résultats que je reprends ci-dessous, nous avons 153 voix de contre issues de l’extrême droite et de la droite et 90 voix contre issues de la gauche NFP, dont 71 LFI et 10 communistes et apparentés… Côté vote pour, on en a 67 dont 63 socialistes, 1 GDR et 3 écologistes, les 176 autres venant de différents courants de droite. Reste les abstentions, essentiellement des écologistes mais pas seulement. En tout, cela fait 53 abstentions à droite et 37 à gauche + 1 non inscrit…

C’est ce que mon journal l’Humanité ne sait pas reconnaître et que LFI cache bien pour ne pas reconnaître les limites de sa marge de manœuvre à l’Assemblée nationale.

J’en ai peut-être oublié à la marge mais je pense, à un moment, qu’il faut arrêter se laisser berner par les langues de bois qui font croire au père Noël de cette assemblée maudite qui risque bien de finir comme celle de la 3e République qui a majoritairement donné ses voix à Pétain et Laval ou de la 4e qui a laissé faire un coup d’État institutionnel par un général… Les contextes sont toujours bien différents mais les républiques françaises finissent toujours dans les bras de l’autoritarisme depuis plus de deux siècles en commençant par la 1re qui a fini dans les bras de des Bourbons en 1814 après le passage tonitruant de Napoléon dont s’inspirent tous les aventuriers de la politique pendant les crises aiguës d’un capitalisme qui n’accepte le fait démocratique que lorsqu’il avantage le pouvoir des riches…

Alors que faire ? Une bonne révolution démocratique et sociale issue du mouvement social serait la meilleure solution. En attendant, chacun fait ce qu’il peut dans les chaumières de la résistance au mensonge permanent diffusé par les médias aux ordre désormais de l’extrême droite en France pour une grande majorité d’entre eux.

Je reproduis le décompte officiel fait par LCP pour éviter toute mauvaise interprétation :

Pour, contre, abstentions… Qui a voté quoi ?

Groupes de l’ex-socle commun :

  • Ensemble pour la République : 91 « pour » (sur 91 députés)
  • Les Démocrates : 36 « pour » (sur 36 députés) ;
  • Horizons : 9 « pour », 25 abstentions (sur 34 députés) ;
  • Droite républicaine : 18 « pour », 3 « contre », 28 abstentions (sur 49 députés).

Groupes d’opposition :

  • Rassemblement national : 123 « contre » (sur 123 députés) ;
  • La France insoumise : 71 « contre » (sur 71 députés) ;
  • Socialistes : 63 « pour », 6 abstentions (sur 69 députés) ;
  • Écologiste et social : 3 « pour », 9 « contre », 26 abstentions (sur 38 députés) ;
  • Gauche démocrate et républicaine : 1 « pour », 10 « contre », 5 abstentions (sur 17 députés) ;
  • Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires : 20 « pour », 2 abstentions (sur 22 députés) ;
  • Union des droites pour la République : 16 « contre » (sur 16 députés).

Non inscrits :

  • 6 « pour », 2 « contre », 1 abstention (sur 9 députés).

Yvon Huet

Lisa Ribeaud. « Ce budget de la Sécu inverse les solidarités »

Lisa Ribeaud, nouvelle présidente de Solimut Mutuelle de France, répond à « La Marseillaise » à propos du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, alors que son vote a lieu ce mardi.

La Marseillaise : L’instabilité politique conduit, cette année, à une élaboration du projet de loi de financement de la Sécurité sociale assez chaotique. Est-ce que cela vous inquiète en tant que responsable mutualiste ?

Lisa Ribeaud : Oui, on assiste à des allers-retours incessants entre le gouvernement, l’Assemblée nationale et le Sénat. Des mesures sont annoncées puis retirées. Des parties de textes sont créées puis supprimées puis réintroduites, des compromis de dernière minute sont passés… Encore à l’heure où on se parle. Ce n’est pas à la hauteur des enjeux. On ne parle pas d’ajustement technique, mais de l’accès aux soins, de l’hôpital, des restes à charge… Bref, de la vie quotidienne de millions de personnes. Je suis outrée que le budget de la Sécurité sociale fasse l’objet d’un marchandage permanent.

La Marseillaise : Plusieurs acteurs du mouvement social ont qualifié ce projet de loi de financement de la Sécurité sociale de « musée des horreurs ». Partagez-vous ce constat ?

Lisa Ribeaud : Totalement. S’agissant du texte initial qui a posé le cadre de la discussion, l’analyse que je fais, c’est qu’il inverse les solidarités fondées par la Sécurité sociale il y a 80 ans. On passe d’un système où la maladie était prise en charge collectivement, à un système où – de plus en plus – on demande aux personnes fragiles, aux personnes malades de payer pour générer des recettes qu’on n’est pas capable de trouver par ailleurs. C’est insupportable et c’est d’une grande violence. Il y a plusieurs mesures qui méritent leur entrée au musée des horreurs. Premièrement, le doublement des franchises médicales et des participations forfaitaires. Ce sont ces petites sommes qui restent à la charge des patients lorsqu’ils vont chez le médecin ou à la pharmacie. On sait que ces franchises, qui ne sont pas d’un montant spectaculaires, constituent néanmoins des barrières financières à l’accès aux soins, surtout lorsque les personnes malades doivent s’en acquitter de manière répétitive. Ça va finir par peser très très lourd.

La Marseillaise : Le gouvernement parle de responsabiliser les patients. Vous n’êtes pas d’accord ?

Lisa Ribeaud : Par ailleurs, politiquement, le message est assez détestable : on parle de responsabiliser les patients, mais les patients ne sont pas responsables de leurs maladies. On ne choisit pas d’être malade. Les patients ne sont pas responsables de ce qu’un médecin met sur l’ordonnance. Pour moi, en revanche, c’est le gouvernement et les décisions politiques qui ont été prises ces dernières années qui sont responsables de la situation actuelle de la Sécurité sociale et du manque de financements pour combler son déficit. Plutôt que d’aller chercher de nouvelles recettes, on pointe les personnes malades, je trouve assez insupportable d’inverser les responsabilités de cette manière.

La Marseillaise : On pourrait vous dire que des restes à charge importants, c’est plutôt un argument pour développer des mutuelles.

Lisa Ribeaud : Ce n’est pas du tout notre conception. Nous, aux Mutuelles de France, on se positionne en complémentarité de la Sécurité sociale. Plus elle transfère des charges sur les mutuelles, plus on est obligé d’augmenter les cotisations et notre vocation, c’est que la population puisse être couverte pour une Sécurité sociale de haut niveau et par des mutuelles qui restent accessibles financièrement. Le combat de Solimut et des Mutuelles de France, c’est que la santé soit un droit pour tout le monde. Pour cela, il n’y a rien de mieux que la Sécurité sociale, qui a une base de mutualisation extrêmement forte puisqu’elle couvre l’ensemble de la population. En tant que mutuelle héritière des mutuelles ouvrières, on n’a aucun intérêt à rembourser de plus en plus de dépenses. Ce n’est pas soutenable financièrement pour nos adhérents. La seule chose qui se passe avec ce type de logique, c’est que les personnes ne prennent plus du tout de mutuelle.

La Marseillaise : Au-delà du doublement des franchises médicales, quelles sont les mesures qui vous choquent dans le projet de budget de la Sécurité sociale ?

Lisa Ribeaud : Il y a une mesure qui peut sembler administrative sur le papier, c’est de pousser les personnes qui ont une maladie chronique qu’on appelle « stabilisée » à sortir du dispositif des affections de longue durée. Il faut être extrêmement vigilants à la façon dont cela va se mettre en place. Il y a 14 millions de personnes en affection de longue durée. Une personne qui a un diabète stabilisé, elle reste diabétique. De même, une personne qui a le VIH et dont la charge virale est indétectable, reste porteuse du VIH. Si leur maladie est stabilisée, c’est parce que ces personnes ont pu avoir un accès aux soins, remboursés à 100%. Le risque, c’est que sans cela, elles recourent de moins en moins aux soins et donc que leur maladie chronique soit aggravée. À titre individuel c’est dramatique et à titre collectif, on sait qu’une maladie mal prise en charge ensuite coûtera plus cher et contribuera à désorganiser le système de soins.

Encore une fois, plutôt que d’aller chercher des recettes supplémentaires, on s’en prend à des personnes malades qui sont considérées comme « plus assez malades ». C’est une logique très dangereuse. Ensuite, pour moi, le dernier élément qui mérite son entrée au musée des horreurs, c’est l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam). C’est le chiffre qu’il ne faut pas dépasser. Son augmentation était fixée dans le texte à 1,6%, alors qu’on sait que l’augmentation naturelle des besoins de santé est de 4 à 5% avec le vieillissement de la population, les maladies chroniques et l’innovation médicale. Donc, si on applique ce taux-là, on va demander un effort insoutenable à notre système de santé. On décide de volontairement sous-financer la Sécurité sociale et, ensuite, on se sert de cela pour fermer des lits voire des services à l’hôpital…

La Marseillaise : Après avoir été supprimée en première lecture, les députés ont réintroduit en séance, vendredi 5 décembre, la taxe d’un milliard d’euros sur les cotisations mutualistes. Vous vous y opposez, mais les mutuelles n’ont-elles pas leur part d’effort à faire ?

Lisa Ribeaud : Répétons-le : quand une taxe augmente, elle finit inéluctablement par peser sur le bénéficiaire final. Au-delà de la mesure financière lourde pour les adhérents, ce sont les « arguments » invoqués avec désinvolture qui nous alertent et nous révoltent. Plus d’une heure durant, nous avons entendu, de la part des députés en séance, des propos fallacieux, insensés, insultants, qui remettent en cause l’intégrité du mouvement mutualiste. Mettre en cause l’intégrité des mutuelles, c’est attaquer le système de protection sociale solidaire que nous défendons. Nos entreprises relèvent de l’économie sociale et solidaire, sont à but non lucratif et à gouvernance démocratique. Ce sont les adhérents, élus par leurs pairs, qui ajustent les tarifs au strict nécessaire pour garantir les équilibres, payer les prestations et assurer les services aux populations que nous protégeons. Nous ne pouvons pas laisser s’installer ce discours. Nous ne pouvons laisser sans rien dire les mutuelles se faire insulter avec leurs adhérents, leurs militants, leurs salariés. Nous ne pouvons pas accepter que les mutuelles deviennent les boucs émissaires de décisions prises par les mêmes députés depuis des années, comme les transferts de dépenses vers les complémentaires, ou le définancement organisé de la Sécurité sociale, qui sont les véritables causes du niveau des cotisations mutualistes. Personne n’est dupe sur les jeux politiques en cours. Une partie des députés a sacrifié délibérément le pouvoir d’achat des ménages au profit d’un accord tactique pour faire passer un texte quel qu’en soit le contenu.

La Marseillaise : Votre prédécesseure avait déjà lancé une carte-pétition contre la taxation « habituelle » des mutuelles en expliquant que les hamburgers étaient moins taxés que les cotisations mutualistes. Où en êtes-vous ?

Lisa Ribeaud : Cette campagne produit ses effets auprès d’une partie des députés, nous continuons à dire que ces taxes sont profondément injustes parce qu’elles visent la santé et pénalisent les personnes âgées, fragiles ou qui ne sont pas salariées et qui ne bénéficient pas de l’aide de leur employeur. Nous poursuivons ce combat en mobilisant nos militants mutualistes pour interpeller les pouvoirs publics et aussi expliquer les enjeux dans la population avec un message fort : stop à la casse de la Sécurité sociale et stop à la taxation des mutuelles. Dans le cadre des 80 ans de la Sécurité sociale, nous avons mené plusieurs initiatives à Marseille, en Île-de-France, à Nice… qui ont été des moments de rassemblement populaire pour penser ensemble un autre avenir pour la Sécurité sociale.

La Marseillaise : Comment faire autrement ? Quand on dit qu’il n’y a pas d’argent, vous n’y croyez pas ?

Lisa Ribeaud : De l’argent il y en a ! Il y a beaucoup de déconstruction de discours à faire autour du financement de notre système de Sécurité sociale. Il y a tout un discours gouvernemental qui consiste à dire que la dépense sociale est trop élevée en France et du coup qu’il faudrait la maîtriser pour « sauver notre modèle ». Des économistes qui travaillent à évaluer notre dépense sociale, comme Anne-Laure Delatte, démontrent que quand on compare avec d’autres pays européens, on est dans la moyenne par habitant d’autres grands pays comparables. C’est un premier élément important à rappeler. Deuxième élément fondamental : ce n’est pas la dépense le sujet. L’augmentation des dépenses est inévitable, l’enjeu, c’est comment la financer. Qui contribue ? À quelle hauteur ? Sous quelle forme ? Notre système de Sécurité sociale souffre d’un sous-financement chronique. Pourquoi ? Parce qu’on parle de 80 milliards d’euros d’exonération de cotisations imposées par le gouvernement à destination des entreprises. Le gouvernement fait ce choix politique, mais il demande à la Sécurité sociale de le financer puisqu’il ne compense pas les montants. Il y a aussi toute une part des richesses produites qui ne contribue pas au financement de la Sécurité sociale. Ce serait aussi un levier important pour financer correctement notre modèle de protection sociale.

La Marseillaise : Si on vous suit bien, vous appelez les parlementaires à rejeter le projet de budget de la Sécurité sociale dans son état actuel. N’y a-t-il pas un risque de chaos ?

Lisa Ribeaud : Moi, j’appelle surtout les parlementaires à construire un budget à la hauteur des besoins, qui finance correctement notre Sécurité sociale, qui protège les plus malades et ne les pénalise pas, qui fasse fonctionner la solidarité collective. Je pense que c’est cela qu’on attend d’un débat parlementaire de haut niveau. La Sécurité sociale est trop importante pour être l’objet de marchandages. C’est ce qui permet à notre société de rester unie, c’est un socle de cohésion. Il faut aussi avoir cela à l’esprit quand on est parlementaire et que l’on vote sur l’avenir de la Sécurité sociale.

Entretien réalisé par Léo Purguette (La Marseillaise, le 9 décembre 2025)

Pierre Ouzoulias : « La loi de 1905 est menacée par des forces réactionnaires » (La Marseillaise)

Estimant la laïcité menacée, Pierre Ouzoulias, sénateur des Hauts-de-Seine, vice-président PCF du Sénat, appelle à rebâtir un cadre législatif autour de la loi de 1905.

La Marseillaise : La laïcité est-elle menacée aujourd’hui ?

Pierre Ouzoulias : Profondément. Il faut se replonger dans le contexte de 1905. On dit aujourd’hui que c’est une loi qui permet la liberté de conscience, de culte, etc. C’est aussi une loi qui permet de libérer les esprits du dogme religieux qui pèse sur eux. Dans les discours et surtout les articles de Jean Jaurès, il explique qu’on ne peut pas libérer le prolétariat s’il reste complètement enchaîné dans ses traditions. Pour lui, l’émancipation devait concerner toute la sphère sociale, à la fois le domaine économique mais aussi intellectuel avec la religion. On voit bien qu’en ce moment, montent chez les musulmans et les catholiques, partout, des pensées politiques qui utilisent la religion pour faire avancer une forme de néo-conservatisme, ayant pour conséquence le recul des libertés individuelles, des femmes surtout et la promotion d’un ordre social conservateur. Finalement, je trouve que 120 ans après, la situation que nous vivons n’est pas aussi éloignée que ça de celle de 1905.

La Marseillaise : Cette notion est instrumentalisée ?

Pierre Ouzoulias : C’est un principe qui n’est plus compris, utilisé par les uns et les autres, à gauche comme à droite, avec des objectifs qui n’ont pas été ceux de 1905. Cette loi arrive très peu de temps après l’affaire Dreyfus, qui a été le moment paroxysmique où l’armée et l’Église se sont entendues pour faire avancer une vision très nationaliste de la Nation et antisémite. C’est l’époque où on explique que les juifs ne seront jamais de bons Français, qu’ils sont des Français de papier. On retrouve parfois aujourd’hui, dans la façon dont les Français de confession musulmane sont montrés du doigt, quelque chose de similaire. En 1905, c’est au contraire le moment où la République affirme que tous les Français sont des citoyens de plein exercice, indépendamment de leur origine, de leur couleur de peau, de leur confession ou de leur non-confession. La loi de 1905 donne sa pleine puissance au projet républicain d’émancipation du citoyen. Elle est, à ce titre, tout à fait d’actualité car on sent monter des forces réactionnaires avec le développement d’un islam politique très inspiré de ce qui se passe au Proche-Orient, notamment de la pensée religieuse du wahhabisme ou du Qatar, avec des éléments profondément rétrogrades et conservateurs. De la même façon, il y a une forme de catholicisme identitaire comparable à celui de Trump, qu’utilisent tous les moyens de Bolloré et de Stérin, qui est profondément conservateur et anti-républicain. Par rapport à ces deux mouvements la loi de 1905 est menacée, et donc, essentielle.

La Marseillaise : Quel rôle joue l’éducation ?

Pierre Ouzoulias : Il est fondamental. La loi de 1905 arrive après les grandes lois de Jules Ferry sur l’école publique, laïque et obligatoire. Le principe est le même : émanciper les esprits, donner une éducation qui permette à chacun et à chacune de se faire sa libre opinion sur tous les sujets qui le concerne, y compris la religion. La loi de 1905 permet la critique de la religion. Il n’y a pas de blasphème en France et c’est quelque chose de fondamental. On voit bien en relisant Jaurès qu’en 1905, il avait l’ambition de libérer l’Église contre elle-même, ayant conscience que les forces progressistes qui visaient à plus d’égalité sociale entre les individus étaient sous la domination d’un épiscopat extrêmement rétrograde. Aujourd’hui, c’est la même chose. Il y a dans le catholicisme, l’islam et le judaïsme des voies progressistes, modernistes, qui sont critiques par rapport à un certain nombre de pratiques religieuses.

La Marseillaise : Quel est le cadre législatif à rebâtir autour de cette loi ?

Pierre Ouzoulias : La loi de 1905 n’est pas allée jusqu’au bout de ce qu’elle devait réaliser. Un certain nombre de territoires qui étaient à l’époque des colonies n’ont pas eu le droit à son application. Je pense notamment à la Guyane, à Saint-Pierre-et-Miquelon. Le concordat d’Alsace-Moselle est une incongruité, une espèce de fossile qui n’a plus de sens. La première chose, ça serait qu’elle puisse s’appliquer partout, dans les territoires ultramarins et métropolitains. Nous devons trouver une façon pour que le principe de laïcité soit plus affirmé, plus précisé dans la Constitution, donc à un niveau supérieur de celui de la loi.

Entretien réalisé par Laureen Piddiu (La Marseillaise, le 9 décembre 2025)