10 ans du Mémorial de Rivesaltes : entre mémoire partagée et reconnaissance historique, une lutte contre l’oubli (L’Indep)

Le Mémorial du Camp de Rivesaltes a été inauguré il y a dix ans. Né d’une mobilisation citoyenne et d’une forte volonté politique, il a accueilli 400 000 visiteurs et de nombreux scolaire. Lieu de réflexion sur l’histoire complexe des « indésirables » en France sur une très longue période, il dévoilera une nouvelle muséographie en janvier prochain autour d’une démarche basée sur la recherche et la volonté de traiter toutes les mémoires.

C’est un immense bloc de béton de 200 mètres de long sur 20 mètres de large, semi-enterré au beau milieu de l’îlot F du camp Joffre de Rivesaltes. Il y a 10 ans, le 15 octobre 2015, le Mémorial du Camp de Rivesaltes était inauguré. Ce jour-là, ministres, hommes politiques de tous bords, personnalités emblématiques, se pressaient autour du bâtiment d’une ambition folle construit par l’architecte Rudy Ricciotti. Entouré des ruines des baraques militaires où la France avait, pendant près de 40 ans, relégué ses « indésirables », l’œuvre figure une mémoire enfouie, émergeant doucement. Tous les invités étaient alors conscients de la force symbolique de cet espace sur les lieux mêmes de l’Histoire dont il doit rendre compte.

La lente sortie de l’oubli

La façon dont le projet a vu le jour n’est pas banale non plus. Dans le département des Pyrénées-Orientales personne n’ignorait l’existence de cet immense camp militaire implanté sur une plaine aride et battue par les vents. En revanche, le rôle qu’il avait joué dans l’histoire était longtemps resté ignoré ou tabou. En 1978, Serge Klarsfeld avait établi la liste des juifs déportés depuis Rivesaltes en 9 convois. Mais il faudra attendre 1993 et la publication de son livre sur ce qu’il appelle « le Drancy de la zone sud » ainsi que le témoignage de l’infirmière autrichienne Friedel Bohny-Reiter pour que la prise de conscience commence à s’opérer. Elle concerne alors des citoyens comme Claude Delmas, écrivain rivesaltais obsédé par la présence du camp. La presse, notamment L’Indépendant, informe la population mais inquiète beaucoup de responsables locaux peu pressés « de faire de la réclame » sur un passé aussi difficile.

L’électrochoc de la découverte des fichiers

Mais les années 90 sont celles des mémoires en action. Après la stèle inaugurée par Serge Klarsfeld en 1994, les harkis font de même fin 1995 puis les Républicains espagnols en 1999. Entretemps, la découverte de fichiers du camp dans les poubelles de la Préfecture, révélée par L’Indépendant en 1997, déclenche un électrochoc. Des citoyens, Claude Delmas, Claude Vaucher, lancent une pétition pour sauver le site d’un projet de destruction. Les signataires s’appellent Simone Veil, Robert Badinter, Claude Simon ou Edgar Morin. « La pétition lancée après que les révélations de l’Indép a créé une demande, à laquelle a répondu le politique », estime l’historien Nicolas Lebourg lui-même auteur d’une thèse sur l’histoire du camp. Président du Conseil général des Pyrénées-Orientales à l’époque, Christian Bourquin est donc l’homme de la réponse politique, d’autant plus spectaculaire qu’il prend les rênes de la Région, ce qui lui donne plus de moyens d’agir à partir de 2010 jusqu’à l’inauguration de 2015. La première conséquence de la décision de construire le Mémorial passe presque inaperçu. Les jeunes fêtards et raveurs qui avaient pris l’habitude d’utiliser les ruines pour des fêtes non autorisées abandonnent d’eux-mêmes le site.

Reconnaissance collective

« En dix ans, nous avons vu émerger une reconnaissance collective », résume Céline Sala-Pons, directrice du Mémorial pour résumer le travail mené par cette structure auprès du grand public. 400 000 personnes ont visité le lieu, auxquels il faut ajouter des milliers de scolaires. Il attire de nombreux visiteurs de l’extérieur du département et propose, toute l’année, programmation culturelle et événements aux habitants. Le Mémorial est le lieu d’accueil de toutes les mémoires : 250 personnes le 25 septembre dernier pour la journée des Harkis pour une conférence. Une exposition remarquable des œuvres de Josep Bartoli, réfugié espagnol et peintre. Une soirée bouleversante lorsqu’Édouard Drommelschlager, 83 ans, laisse en dépôt l’original de la lettre écrite par sa mère Luisa, alors qu’elle était transférée de Rivesaltes vers les camps de la mort. « Aujourd’hui, le camp de Rivesaltes n’est plus un sujet enfoui mais bien une mémoire partagée et assumée », dit Céline Sala-Pons.

Une histoire qui s’élargit

La construction du Mémorial –et même, la décision de le faire- a donc largement précédé le processus de mémoire mais, également, le travail historique sur le lieu lui-même. Outre Nicolas Lebourg, Abderahmen Moumen travaille sur le rôle du camp dans l’internement des Harkis à la fin de la guerre d’Algérie. 22 000 d’entre eux sont passés par Rivesaltes, une ville qu’ils ont profondément marquée. Et, plus les historiens cherchent, plus ils trouvent. Les recherches d’Alexandre Dolut font émerger la politique d’enfermement des nomades, seuls français du camp pendant la deuxième guerre mondiale, envoyés là par Vichy. Au fil du temps, la liste des internés de ce camp construit par des réfugiés espagnols pour des tirailleurs sénégalais, s’allonge. Ouvriers malgaches pendant la guerre, combattants vietnamiens sortis des camps du Viet Minh pour être transférés dans les années 60, militaires guinéens et leurs familles, mais aussi prisonniers de guerre allemands, activistes du FLN. La nouvelle muséographie du Mémorial, actuellement en cours d’installation tiendra compte de ce fil rouge colonial et post-colonial de l’histoire du camp.

De cinq stèles au Mémorial

L’existence d’un tel outil de réflexion, incitant à regarder au-delà des simplifications et des récupérations tranche dans un contexte politique et intellectuel actuel. Lorsque la décision de bâtir ce lieu avait été prise, il s’agissait déjà d’un enjeu majeur. Cinq stèles avaient été érigées dans l’enceinte du camp : juifs, harkis, Républicains espagnols, tsiganes et même une dernière pour le centre de rétention administrative, installé pour les migrants en 1986 et déménagé près de l’aéroport en 2007. Depuis, d’autres mémoires n’ont cessé de s’agréger à mesure que la recherche progresse. « Nous avons choisi de ne pas hiérarchiser mais de montrer la complexité », explique Céline Sala-Pons à propos de l’immense diversité des réalités historiques qui se sont succédé sur cet espace. Un choix consistant à privilégier les faits avant les opinions, la démarche scientifique avant la propagande. Cela donne donc, forcément, un contenu politique. Il sera l’un des enjeux des batailles culturelles à venir.

Pierre Mathis (L’Indépendant, le 16 octobre 2025)

Hommage à Marc Séverac

Notre camarade Marc Séverac, d’Argeles, s’en est allé à 71 ans. C’est une grande tristesse et un profond sentiment d’injustice. Pour tous ses camarades à travers leurs nombreux hommages, il laisse le souvenir d’un homme engagé et passionné, gentil, bienveillant et attentif aux autres, chaleureux et fraternel, respectueux et fidèle soutien de son parti et de son syndicat la CGT de l’énergie, dont il a été le secrétaire général des PO. C’était aussi un homme humble et discret mais d’une redoutable efficacité et d’un caractère bien trempé, derrière ses allures de « grand nounours ». C’était un homme de discussion, de tolérance et de négociation. Il aimait profondément la vie et était très attaché à sa famille et aux siens.

Il avait été maire-adjoint d’Argelès, sa ville et son Racou, qu’il aimait tant, d’abord avec Jean Carrère et ensuite avec Pierre Aylagas. Sa délégation c’était la mer et la plage et enfin le Port. Et bien avant que ça ne devienne une préoccupation majoritaire, il avait fait franchir à Argelès un pas décisif (début années 2000, avec cendriers, douches équipées de programmateurs…) dans une démarche environnementale innovante. Il formait avec son camarade Danilo Pilon, un duo bien connu et apprécié des argelésien-e-s.

Son énergie et sa capacité innovante, il les avait mises au service de son parti et tout particulièrement de l’association des élus et de son centre de formation, le portant à bout de bras, d’abord avec Nicolas Garcia et ensuite avec Dominique Poirot. Sa plus grande joie et sa plus grande fierté avait été l’organisation d’une université du CIDEFE dont certains élus se souviennent encore. Ces deux dernières années, sa santé l’avait empêché de prendre la part qu’il souhaitait dans les campagnes de son Parti. Il nous a beaucoup manqué et va continuer à laisser un grand vide. Nombre de camarades ont dit que c’était un camarade qu’on n’oubliait pas. Nous ne t’oublierons pas.

Au nom de ses camarades de la section, au nom de la direction de section, bien sûr en mon nom et en celui de Richard, dont il ne manquait jamais de demander des nouvelles, j’adresse nos condoléances les plus sincères et les plus attristés à Albine, Lara, Mathieu, Aurélien et Sébastien, sa famille qu’il chérissait tant.

Vous pourrez lui rendre un dernier hommage

Vendredi 17 octobre à 9h au crématorium de Canet.

Marie-Françoise Sanchez,
Secrétaire de la section Albères Méditerranée, Ilibéris du PCF 66.
Membre du Conseil National du PCF.

Mémorial de Rivesaltes. Réactions en chaîne après La « fake news » du député RN Laurent Jacobelli

« On ne parle plus des harkis ! » Cette phrase de Laurent Jacobelli, à propos du Mémorial du camp de Rivesaltes, a déclenché de nombreuses réactions. Parmi elles, un communiqué de presse commun des présidentes Carole Delga (Région) et Hermeline Malherbe (Département), un autre de la Ligue des Droits de l’Homme 66 ainsi qu’une longue tribune de l’historien perpignanais Nicolas Lebourg publiée dans Libération. Ce dernier y souligne l’écart considérable entre l’affirmation du député RN et la réalité. Tout visiteur de l’exposition permanente du Mémorial constate que la période liée aux harkis y occupe une place essentielle. Chaque année, le 25 septembre, s’y déroule la journée d’hommage aux harkis. En 2024, le Mémorial a organisé une exposition consacrée aux harkis à l’Assemblée nationale et aux Invalides. Par ailleurs, Abderahmen Moumen, responsable scientifique de la partie dédiée aux harkis dans la nouvelle exposition permanente prévue pour 2026, est un chercheur reconnu sur cette question et collabore de longue date avec le Mémorial. C’est également dans ce lieu que Jean-Marie Bockel, président de la commission chargée de la « reconnaissance » et de la « réparation » des harkis, avait présenté les mesures gouvernementales en mars 2022.

« Contrairement à ce qu’affirme le député Jacobelli ce lieu participe à transmettre la mémoire des harkis et de leurs familles », affirment Carole Delga et Hermeline Malherbe, qui rappellent aussi la diversité des mémoires traitées par le Mémorial : « avant tout le témoin de l’histoire d’un camp, qui a vu passer, de 1941 aux années 1970, des républicains espagnols exilés, des juifs étrangers déportés, des Tsiganes rejetés. Autant de mémoires que nous devons honorer. » La LDH considère que ces propos « s’opposent à l’éducation citoyenne pour laquelle le Mémorial joue un rôle pédagogique fondamental »

Nicolas Lebourg le souligne également, à propos d’une phrase de la députée Michèle Martinez, qui vient de proposer la création d’une fondation de la mémoire harkie. Sur sa page Facebook, elle affirme que « le passé harkis est parfois invisibilisé par d’autres mémoires », « Elle ne les nomme pas », écrit Nicolas Lebourg, « Ouvert en 1941, le camp a interné des milliers de républicains espagnols ayant fui les exécutions franquistes, ainsi que des milliers de juifs étrangers, ensuite transférés vers Drancy puis Auschwitz Était-ce des mots si difficiles à utiliser: « juifs », « républicains »? », conclut-il.

Pierre Mathis (L’Indépendant, le 5 octobre 2025)

Une programmation foisonnante pour les 10 ans du Mémorial de Rivesaltes (L’Indep)

Conférence, cinéma, table ronde, concerts… Pour son dixième anniversaire, le Mémorial du camp de Rivesaltes a mis les petits plats dans les grands. Voici quelques-uns des 55 évènements programmés pour cette saison 2025-2026 qui démarre.

« Nous avons voulu une saison riche, intense et foisonnante, ou l’histoire rencontre la création, l’art dialogue avec la science. Et la mémoire se fait parole, musique, geste ou récit. Littérature, théâtre, cinéma, photographie, musique, colloques, rencontres, spectacles jeune publie : autant de formats, autant de façons de faire vibrer les mémoires du camp de Rivesaltes. »

Céline Sala-Pons, la directrice du Mémorial, s’en réjouit. Cette saison 2025-2026, à l’heure où le site franchit le cap symbolique de ses dix ans, pas moins de 55 évènements seront proposés au public. Et ce, malgré la fermeture temporaire due aux travaux de réaménage-ment. En voici 5 temps forts parmi 55 au total.

Jeudi 2 octobre: Accueillir les voix LGBT +

Cette année, le Mémorial s associe une fois encore à l’association LGBT + 66 et au festival « Et alors » pour une soirée dédiée à la lutte contre les discriminations. Ainsi, à 18h30, le film Out of Uganda sera projeté. Un ouvrage abordant la condition des homosexuels en Ouganda ou être gay ou lesbienne est passible de la peine de mort. S’ensuivra une table ronde pour « identifier et combattre les discriminations ». Un moment qui réunira notamment Mathias Ott, délégué interministériel a la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, Marie-Céline Straub, vice-procureur de Perpignan ou encore Anne-Laure Arino, directrice académique des services de l’Éducation nationale des Pyrénées-Orientales. À partir de 18h30.

Mercredi 3 décembre: Misère du IIIe Reich, hors les murs

Dans le cadre de leur partenariat, la Scène nationale Grand Narbonne et le Mémorial proposent, en territoire audois, une pièce écrite par Bertold Brecht lors de son exil en Scandinavie. Opposée au régime nazi, la dramaturge y raconte la montée du fascisme en Allemagne entre l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933 et la déclaration de guerre en 1938, en montrant comment la peur d’autrui s est infiltrée dans toutes les couches de la société et a très rapidement gangrené les rapports humains. À partir de 20h.

Jeudi 26 mars: Souffles d’ancêtres, voix d’avenir nomades

Entre 1941 et 1942, près de 1 400 Tsiganes furent internés au camp de Rivesaltes. Au cours de cette soirée cinéma, le Mémorial emmènera le public à la rencontre de Pista Helmstetter, figure de la communauté sinté d’Alsace, qui a vécu la destruction des caravanes et les expulsions. « Comme un lien entre hier et aujourd’hui, les mots de Pisla se mêlent aux notes de Rallo, son petit-fils, pour évoquer l’univers du voyage et la singularité d’une population qui refuse d’être invisibilisée. » À partir de 18h30.

Mercredi 8 avril : Journée mondiale du peuple gitan en musique

À l’occasion de cette journée mondiale du peuple gitan, le Mémorial vous propose un concert pédagogique animé par Tato Garcia. Guitariste, chanteur, auteur, compositeur, interprète, Tato est maître dans l’art du fameux « ventilador ». Il est un fervent ambassadeur de la rumba catalane, musique née dans les années 60 dans les quartiers gitans de Barcelone. De 9h à 12h.

Jeudi 21 mai: Le camp Joffre, un carrefour de l’ordre colonial

Entre novembre 1964 et mars 1966, des militaires guinéens et leurs familles transitent par le camp Joffre. Environ 800 personnes en tout, venue d’Afrique pour la plupart. À travers la conférence « Des militaires guinéens et leurs familles à Rivesaltes : naufragés de la décolonisation » animée par Céline Pauthier, il s’agira de comprendre la trajectoire complexe de ces militaires. Et de rendre visible leur présence à Rivesaltes qui reste encore méconnue. À partir de 18h30.

Driss Chaït (L’Indépendant, le 22 septembre 2025)

—> Retrouvez la programmation complète de la saison culturelle et scientifique du Mémorial du camp de Rivesaltes

Prades. Les 60 ans de Terra nostra et 50 ans de l’Agram fêtés (L’Indep)

Des revues, photos et 33 tours sont exposés.

Mardi 19 août, à l’espace Martin-Vivès, 81 bis rue du Palais-de-justice, Ramon
Gual, président de l’association Terra nostra, retrace dans une exposition magistrale les 60 ans de recherches et de publications de la revue Terra nostra et les 50 ans du groupe musical l’Agram. Les ouvrages rédigés en catalan ou version bilingue (catalan-français) constituent une référence précieuse pour la connaissance de l’histoire locale et du patrimoine catalan. Des albums originaux (33 tours) de l’Agram sont aussi exposés, ainsi que de très nombreuses photographies. Des cartes géographiques expliquent les différentes périodes historiques. Le dernier magasine Terra nostra 1965-2025 est proposé à la vente sur place, ainsi que plusieurs autres titres. Le samedi 30 août à 11 h et le samedi 20 septembre à 16 h 30 (dans le cadre des journées du patrimoine), Ramon Gual sera présent pour faire une visite commentée de son exposition. Entrée libre, à voir jusqu’au vendredi 26 septembre, du mardi au samedi de 9 h 30 à 12 h et de 14 h 30 à 18 h.

Contact au 04 68 05 22 43.

Serge Andreu (L’Indépendant, le 22 août 2025)

Elne. Hommage à Esther Senot, rescapée de la Shoah (L’Indep)

La ville a dévoilé une plaque en l’honneur de cette grande dame.

Fidèle à ses principes de justice, de solidarité et de lutte contre toutes les formes de haine, la ville a rendu un vibrant hommage à Esther Senot, l’une des dernières survivantes de la Shoah, en nommant en son honneur la salle des fêtes de l’hôtel de ville.

Déportée à l’âge de 15 ans à Auschwitz-Birkenau, Esther Senot a survécu à l’enfer des camps nazis. Depuis, elle consacre sa vie à témoigner, à transmettre, à sensibiliser les jeunes générations à travers les écoles, les associations et les lieux de mémoire.

Un combat de tous les instants pour que « cela ne se reproduise jamais ». Ce lundi 18 août, la commune s’est mobilisée pour honorer cette grande dame. La cérémonie a débuté par la projection du documentaire Esther Senot, rescapée d’Auschwitz, en présence de l’intéressée, de sa famille, du réalisateur illibérien Cyril Tricot et d’un public nombreux et ému.

Cette œuvre bouleversante retrace le parcours d’Esther, sa déportation, sa survie et son engagement sans faille pour la mémoire.

À 18h30, la salle des fêtes a officiellement été renommée en son honneur, en présence du maire Nicolas Garcia, des élus municipaux, d’Esther Senot, de la présidente du département Hermeline Malherbe de nombreux citoyens. Une plaque apposée à l’entrée de la salle rappelle désormais le combat et les valeurs portés par cette survivante hors du commun.

Dans son discours, le maire a insisté sur l’importance de préserver la mémoire, notamment en ces temps troublés où le fascisme et la haine sont aux portes du pouvoir, au niveau national comme local. Des propos partagés par Esther Senot elle-même, qui a déclaré avec force et émotion: « Ils ont changé de nom, mais pas d’idées », soulignant la nécessité de rester vigilant face aux résurgences de l’extrême droite. Cette cérémonie a été bien plus qu’un hommage: un acte citoyen, un rappel historique et un message d’espoir.

L’Indépendant, le 21 août 2025

Elne. La salle des fêtes portera le nom d’Esther Senot (L’Indep)

La commune fidèle a son engagement en faveur de la mémoire et du devoir
de transmission, met à l’honneur celles et ceux qui se sont battus ou ont
survécu aux drames de la Seconde Guerre mondiale. Le lundi 18 août, Nicolas Garcia, maire, et l’ensemble des élus ont choisi de rendre hommage à l’une des dernières survivantes de la Shoah, Esther Senot, déportée à l’âge de 15 ans au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.

Depuis de nombreuses années, Esther Senot consacre sa vie à témoigner de l’horreur de la Shoah dans les établissements scolaires, les associations et les lieux de mémoire. Par ses paroles, elle œuvre à maintenir vivant le souvenir de cette tragédie humaine pour qu’elle ne se répète jamais.

Ce lundi 18 août, sera inaugurée, en sa présence, la plaque nommant la salle des fêtes de son nom. À travers ce geste symbolique, la municipalité réaffirme son attachement aux valeurs d’humanisme, de transmission et de mémoire. Le film documentaire Esther Senot, rescapée d’Auschwitz, réalisé par Cyril Tricot, sera projeté à 17 h 30 au cinéma Vautier. La cérémonie d’inauguration se déroulera ensuite à 18 h 30 devant la salle des fêtes de l’hôtel de ville, suivie d’un vin d’honneur dans le hall de la mairie.

L’Indépendant, le 16 août 2025

Valmanya. Commémorer pour ne pas oublier (L’Indep)

Sous la présidence de Didier Carponcin, sous-préfet de Prades, accompagné des autorités civiles et militaires, le maire Jean-Mare Monserrat a ouvert le cortège du souvenir. L’assemblée s’est dirigée et recueillie devant la crypte honorant le sacrifice des victimes, Julien Panchot et les combattants de la Résistance, les civils fusillés ou déportés.

Trois chants

Après la levée des couleurs, trois chants ont rythmé la cérémonie.

Tout d’abord, El cant dels ocells de Pablo Casals, interprété par Maëlle Rouifed. Cette mélodie catalane est un espoir pour la paix, pour retrouver la liberté op-pressée. Ce sont les oiseaux qui portent cette partition car ils n’ont de cesse de chanter chaque jour et de façon universelle au-delà des bruits de la fureur et des éteignoirs.

Le deuxième, Le chant des parti-sans, entonné par la foule pré-sente, a rendu hommage aux combattants. Ils se sont engagés, pour cette même liberté, de leur propre libre arbitre, et pour certains, comme Julien Panchot et les résistants, jusqu’au terme ultime. Enfin La Marseillaise pour laquelle tous les participants ont uni leur voix dans la volonté d’exprimer leur fierté républicaine et de défendre ses valeurs si fortes et fragiles: la liberté, l’égalité et la fraternité. La cérémonie se poursuivait au centre du village avec les discours du maire, du sous-préfet, du représentant de l’Association nationale des Anciens combattants de la Résistance, du maire de Malleval-en-Vercors. Elle s’est conclue par un poème lu par R. Maeso, petit-fils de Barthélémy Panchot. Tous ont rappelé avec rigueur et émotion la valeur d’exemple de la mobilisation de la Résistance et des civils face au fascisme et à la barbarie. Le sacrifice de ces combattants, des civils espagnols et français, l’incendie et la destruction du village de Valmanya en sont un témoignage poignant. Enfin, les autorités se sont recueillies avec salut aux drapeaux au monument aux Morts pour honorer toutes les victimes des conflits.

Commémorer pour ne pas répéter. Commémorer pour résister.

L’Indépendant, le 9 août 2025

Canohès. Une cérémonie en hommage à Julien Panchot (L’Indep)

Julien Panchot, résistant antifasciste, ainsi que ses frères Barthélémy et Aristide, ont été honorés. Chaque année, une cérémonie se tient au cimetière de Canohès rassemblant des membres de la famille Panchot, des élus locaux, des représentants d’associations d’Anciens combattants, des porte-drapeaux et des militants du Parti communiste français (PCF).

Julien Panchot, né en 1901 à Canohès, s’est engagé très tôt dans la lutte contre le fascisme. Il a participé à la guerre d’Espagne, puis a rejoint la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale. Membre des Francs-tireurs et partisans (FTPF), il a été capturé, torturé et exécuté par les nazis en août 1944 lors de l’attaque du maquis Henri-Barbusse à Valmanya. La cérémonie de commémoration s’est déroulée en deux temps : les discours avec le dépôt de gerbes, ainsi que les chants tels que Le chant des partisans et La Marseillaise, suivi d’une nouveauté cette année à la demande des membres de la famille, la diffusion d’un extrait d’un documentaire de 2021 rappelant le déroulé de cette guerre.

La municipalité a offert un pot de l’amitié. Cette cérémonie vise à rappeler l’engagement des frères Panchot et à transmettre leur mémoire aux générations futures.

En reconnaissance de leur sacrifice, plusieurs lieux portent le nom de Julien Panchot, notamment l’école élémentaire et une salle communale à Canohès.

Y. D. (L’Indépendant, le 8 août 2025)