Le 20 novembre 1975, le dictateur espagnol mourrait, dans son lit, après une agonie outrageusement médiatisée. Et surtout, après 39 ans d’un régime répressif.
« Espanoles… Franco ha muerto ». La phrase, prononcée d’une voix sinistre et étranglée à la télévision nationale, a marqué les Espagnols. Elle était le signal de la fin de quatre décennies d’oppression et de crimes, mais elle plongeait aussi le pays dans l’incertitude du lendemain. L’histoire a heureusement, et rapidement, tourné en faveur des démocrates. Et alors que cet automne marque les cinquante ans de la mort du Caudillo, l’Espagne ignore les nostalgiques de la dictature pour poursuivre la réparation des mémoires et des vivants.
Après, pêle-mêle, la création d’un (très actif) ministère de la Mémoire démocratique, l’identification et la reconnaissance de victimes, l’ouverture d’archives, le déboulonnage de statues, l’exhumation du cercueil de Franco de la Valle de los Caidos où il reposait honteusement à côté de ses victimes, c’est prochainement la Fondation Franco qui devrait disparaitre. Un demi-siècle pour rendre justice, retrouver honneur et dignité. C’est peu a hauteur d’un si grand pays, beaucoup à hauteur d’Espagnols. Davantage encore pour les sacrifiés et les réfugiés de la guerre civile et leurs enfants. Et eux plus que d’autres savent que la menace d’un régime autoritaire n’est pas morte avec Franco, mais qu’elle plane. En Espagne, en France, en Italie. Ailleurs.
Frédérique Michalak (L’Indépendant, le 23 novembre 2025)
