Palestine, pour une paix juste et durable,retrouvons-nous tous le 29 novembre 2025 à Paris !

La population de Gaza reste soumise aux bombardements et destructions. Son quotidien est celui d’une pénurie de nourriture, d’eau et de médicaments. Le gouvernement israélien utilise toujours l’accès aux biens essentiels comme instrument de guerre. Il refuse ouvertement toute possibilité d’existence d’un État palestinien à ses côtés comme l’a confirmé le récent vote en première lecture d’un projet d’annexion de la Cisjordanie. Obtenir de la communauté internationale qu’elle intervienne est une urgence, une priorité immédiate et absolue.

La colonisation s’aggrave

Les actions violentes s’amplifient en Cisjordanie, là encore dans un contexte de passivité de la communauté internationale. La menace d’annexion du territoire palestinien se manifeste quotidiennement par les attaques des colons, avec le soutien de l’armée israélienne, et par le maintien des restrictions.

Le plan Trump apparaît désormais comme une nouvelle étape pour conforter l’impunité et pour maintenir la passivité face à la négation de tous les droits du peuple palestinien, droit à la sécurité, droits économiques et sociaux, droits nationaux. Ce plan n’est évidemment pas un plan de Paix mais met les Palestiniens, et l’OLP qui les représente, sous tutelle, et les prive de leur droit à l’autodétermination.

Le silence n’est pas de mise. Nous ne devons pas le laisser s’installer.

Nous ne pouvons dans ce contexte que condamner la décision d’Emmanuel Macron d’autoriser l’ensemble des entreprises israéliennes qui le souhaitent à participer au salon de la sûreté et de la sécurité intérieure, le Milipol.

La mobilisation a permis de mettre un frein au génocide

Le 15 novembre, à Barcelone, un appel ACT X PALESTINE a été lancé à l’initiative de trente associations palestiniennes de défense des droits humains, de construction de la paix, préparé en lien avec des associations des deux rives de la Méditerranée et des autres pays d’Europe.

La paix ne se fera pas sans écouter les voix palestiniennes et les voix dissidentes en Israël

Nous appelons nos partenaires français et européens à rejoindre toutes les mobilisations qui, partout dans le monde, contribuent à rompre l’inertie, à construire un rapport de force pacifique et déterminé pour qu’advienne le tournant décisif qui imposera la paix, juste et durable entre l’État de Palestine et celui d’Israël, s’appuyant sur le droit international, dont les frontières de 1967.

Une paix juste sera basée sur l’application des résolutions de l’ONU, des réparations pour les destructions illégales et les violations du droit humanitaire commises non seulement depuis le 7 octobre 2023 mais aussi tout au long de l’occupation et de la colonisation des territoires palestiniens.

Une paix durable repose sur une résolution politique conclue entre Palestiniens et Israéliens. La communauté internationale doit peser, y compris par des sanctions, pour que cela ait lieu, et tout particulièrement aujourd’hui l’imposer aux gouvernants d’Israël. Nous savons qu’elle pourra s’appuyer, dans les deux sociétés, sur les acteurs et organisations favorables à une telle paix.

Retrouvons-nous à Paris !

Dans un moment où l’on cherche à imposer la seule loi des plus forts, la solidarité avec la Palestine, c’est imposer la résolution du conflit par le respect du droit international et s’opposer fermement à la répression de cette solidarité.

Le 29 novembre, nous appelons à une manifestation nationale qui se déroulera à Paris, à 14h place de la République.

Signataires : LDH (Ligue des droits de l’Homme), Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), Mouvement de la Paix, Association les ami.es de Standing Together en France,  Institut Mehdi Ben Barka – mémoire vivante, Réseau Féministe «Ruptures», Une autre voix juive (UAVJ), Confédération générale du travail (CGT), Syndicat National des Enseignements de Second degré (SNES-FSU), Union Nationale des Étudiants de France (UNEF), Parti communiste français (PCF), L’Alliance pour une République écologique et sociale (L’APRÉS), Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF)

Anti-franquiste dans les P.-O. Jean Vila.« Ici, contre Franco, c’était profond » (L’Indep)

Dès le milieu des années 1960, Jean Vila a été de toutes les manifestations anti-franquistes dans les Pyrénées-Orientales. Mais il a aussi effectué des dizaines de voyages de l’autre côté de la frontière, de Figuères à Saragosse ou Barcelone, pour convoyer clandestinement, et non sans risques, des dirigeants communistes espagnols attendus à des réunions secrètes en France.

De Jean Vila, on connait les nombreux mandats électifs (maire de Cabestany de 1977 à 2021, conseiller général et régional, député), moins l’engagement auprès des républicains espagnols. Fils de la Retirada, communiste, il est doublement « sensibilisé », comme il dit, à la cause des anti-franquistes puisque le parti est interdit en Espagne à l’arrivée de Franco. C’est donc en France que les dirigeants communistes espagnols se réunissaient grâce à des passeurs. Jean Vila était de ceux-là.

Passeur

« J’ai fait ça pendant dix ans », livre-t-il aujourd’hui. De 1965 à 1975, accompagné de son épouse « car un couple était moins soupçonné », il traversait la frontière au Perthus et ralliait des points de rendez-vous tantôt à Figueres, tantôt à Barcelone et jusqu’à Saragosse. Le militant communiste muni de faux papiers à bord (militant dont il ne connaissait presque rien), retour en France par le même chemin.

Avec des policiers et des douaniers aux aguets. « Le risque, c’est qu’ils étaient pistés par la police espagnole, la Guardia civil, on pouvait tous se faire arrêter en Espagne, raconte-t-il. On avait des consignes si on se faisait arrêter, c’était de dire qu’on avait pris un type en auto-stop et qu’on ne connaissait rien de lui. Je n’ai jamais été arrêté au Perthus, j’ai eu beaucoup de chance ».

L’expédition s’arrêtait généralement en gare de Perpignan ou les militants embarquaient pour Paris. Mais parfois, les réunions se déroulaient au domicile perpignanais des époux Vila. Une adresse près des Remparts déjà connue de la diaspora « La femme qui l’habitait avait déjà des relations avec les Espagnols et elle m’avait dit « moi je suis prête à louer à quelqu’un qui va continuer à s’occuper des Espagnols ». C’est comme ça que j’ai occupé cette maison un certain nombre d’années avant de m’installer à Cabestany ».

Parallèlement étaient organisées des manifestations à Perpignan, que l’historien catalan Alfons Aragoneses qualifie d’« actes de résistance ». « Ces manifestations, où on demandait le départ de Franco ont aide à organiser la résistance à l’intérieur du pays », estimait ce spécialiste du franquisme le 25 mai 2025 dans L’Indépendant. Jean Vila les appelle « des manifs de soutien avec des communistes, des socialistes, tous les gens attachés à la liberté et à la démocratie en Espagne. Ça mobilisait beaucoup ici, il y avait beaucoup de monde dans les rues parce qu’il y avait une population issue de la Retirada qui est devenue militante » Et d’insister : « Ici, contre Franco, c’était profond. Ils avaient fui leur pays et beaucoup étaient morts durant le passage de la frontière et ce qui les a beaucoup aidés, c’était la solidarité en pays catalan. Beaucoup de liens s’étaient créés C’était chouette et d’ailleurs il y a des commémorations chaque année aux points de passage du département. Et pendant tout le règne de Franco, il y a eu une solidarité importante avec également des points de passage à Cerbère ou Saint-Laurent-de-Cerdans pour la propagande aussi, les tracts, passaient par la montagne dans des sacs à dos ».

« Franco assassin »

« Le consulat d’Espagne à Perpignan était envahi régulièrement, se souvient encore l’élu. Et chaque fois qu’un militant se faisait choper, on allait manifester ». Parfois jusque dans les locaux mêmes de la rue Franklin, où simprovisaient des seatings. Une poignée d’élus ou responsables politiques de gauche défilaient en tête dans les rues de Perpignan ou du Perthus. « Je me souviens de Pierre Estève (élu PS des P.-O. disparu en février 2025-NDLR), Jean Catala qui était conseiller général du Vernet, Henri Costa qui était secrétaire fédéral du PC, Roger Samber, communiste aussi ». Avec eux, de nombreux jeunes « gauchistes » brandissent les banderoles « Franco assassin », La dictature tombée, Jean Vila retourne à Madrid en 1977, invité à la première « fiesta del PC espanol ». Son père, réfugié en France depuis 1939, attendra 1985 pour revenir dans son pays, « avec encore de la crainte et de l’appréhension ».

Frédérique Michalak (L’Indépendant, le 23 novembre 2025)

Il y a cinquante ans, l’Espagne était libérée de Franco (L’Indep)

Le 20 novembre 1975, le dictateur espagnol mourrait, dans son lit, après une agonie outrageusement médiatisée. Et surtout, après 39 ans d’un régime répressif.

« Espanoles… Franco ha muerto ». La phrase, prononcée d’une voix sinistre et étranglée à la télévision nationale, a marqué les Espagnols. Elle était le signal de la fin de quatre décennies d’oppression et de crimes, mais elle plongeait aussi le pays dans l’incertitude du lendemain. L’histoire a heureusement, et rapidement, tourné en faveur des démocrates. Et alors que cet automne marque les cinquante ans de la mort du Caudillo, l’Espagne ignore les nostalgiques de la dictature pour poursuivre la réparation des mémoires et des vivants.

Après, pêle-mêle, la création d’un (très actif) ministère de la Mémoire démocratique, l’identification et la reconnaissance de victimes, l’ouverture d’archives, le déboulonnage de statues, l’exhumation du cercueil de Franco de la Valle de los Caidos où il reposait honteusement à côté de ses victimes, c’est prochainement la Fondation Franco qui devrait disparaitre. Un demi-siècle pour rendre justice, retrouver honneur et dignité. C’est peu a hauteur d’un si grand pays, beaucoup à hauteur d’Espagnols. Davantage encore pour les sacrifiés et les réfugiés de la guerre civile et leurs enfants. Et eux plus que d’autres savent que la menace d’un régime autoritaire n’est pas morte avec Franco, mais qu’elle plane. En Espagne, en France, en Italie. Ailleurs.

Frédérique Michalak (L’Indépendant, le 23 novembre 2025)

Le billet d’Yvon Huet. J’ai mal à la Palestine…

J’ai pu voir le film « Put your soul on your hand and walk (Mets ton cœur sur la main et marche) » hier au cinéma le Castillet dans le cadre d’une initiative de la LDH 66, d’Amnesty International et de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité). Fatem, femme journaliste palestinienne, témoigne de la violence de l’occupation israélienne qui détruit tout, massacre à tout va et réduit à la famine les survivants d’un véritable génocide. Cette résistante courageuse qui s’ajoute à tous les martyres de la Palestine n’y survivra pas, écrasée à l’automne 2024 dans son appartement avec sa famille sous les bombes de l’armée israélienne.

Le dialogue en visio au téléphone entre la réalisatrice documentariste franco-iranienne, survivante de la répression de Mollah en Iran, Sepideh Farsi, donne la dimension de cette catastrophe humanitaire orchestrée par Israël, avec la complicité des USA et de l’UE. Ce film peut s’adresser particulièrement aux spectateurs occidentaux qui ne seraient pas encore convaincus de l’étendue des crimes de guerre de la gouvernance israélienne… Même si le contexte est bien différent, j’ai le même sentiment d’écœurement que j’ai eu autrefois en allant voir le film Nuit et Brouillard auquel m’avait amené ma mère quand j’étais adolescent.

Je ne dis pas que c’est la même chose, mais ça y ressemble terriblement. Ceux qui ont organisé le génocide, ce qui n’excuse pas le pogrom du Hamas du 7 octobre, ne valent pas mieux que ceux qui ont ensanglanté l’Europe pendant la Deuxième Guerre mondiale au nom d’une autodéfense raciale qui fait oublier que les Juifs et les Palestiniens sont des cousins autant que les Ukrainiens et les Russes au même titre que les Allemands étaient les cousins de tous les peuples européens qui les entouraient… Il est temps de faire taire tous les faiseurs de haine qui, dans le monde, précipitent l’humanité dans le gouffre d’une barbarie dont elle ne sortira que les pieds devant.

À voir et à faire voir sans modération

Yvon Huet

L’édito du webzine. COP30, la dernière chance ?

Après avoir échoué à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, objectif défini par l’Accord de Paris lors de la COP21, il y a 10 ans, la COP30 qui se tient du 10 au 21 novembre à Belèm au Brésil va t-elle être capable d’insuffler un essor nouveau pour sauver la planète ?

Après une décennie d’atermoiements, de renoncement et de dénis, alors que les gouvernements climato-sceptiques sont de plus en plus nombreux et que la défiance vis-à-vis de la science et des scientifiques progressent dangereusement dans nos sociétés pourtant éduquées, il reste à espérer, pendant cette COP30, que les pays s’emparent de ce défi qui impactera chacun d’entre nous.

Pour l’instant, l’augmentation en nombre et en intensité des catastrophes naturelles directement liées au dérèglement climatique nous rappelle à la réalité avec son aspect dramatique dont le nombre de morts qui ne cesse d’augmenter.

Dix ans après LA COP21 dont les engagements n’ont pas été respectés, l’absence d’un des plus grands émetteur de CO2, les États-Unis, en raison du climato-scepticisme de Donald Trump a été remarqué. La Conférence de Belém interroge sur sa capacité à enfin agir pour sauver la planète.

Le 10 novembre, dès l’ouverture de COP30, Lula, le président brésilien, a appelé les participants à « infliger une nouvelle défaite aux négationnistes » du changement climatique. C’est-à-dire aux climato-sceptiques qui, par ignorance ou plus souvent par intérêt financier, nient toujours l’évidence scientifique. À savoir que la planète court à sa perte en raison de la montée des gaz à effets de serre dus à l’activité humaine, exacerbée par le capitalisme sauvage, sa quête de profits qui passe par une croissance infinie.

La COP30 au Brésil, une chance ?

Il y a 10 ans, les pays s’étaient engagés à Paris à réduire drastiquement leurs émissions de CO2 de sorte de limiter le réchauffement à 1,5 degré. On sait déjà que le compte n’y sera pas. Les derniers rapports tablent sur un réchauffement de l’ordre de 3 à 4 degrés à l’horizon 2100. En raison des renoncements ou des mesures de greenwashing, le seuil des Accords de Paris sera « presque inévitablement dépassé », concède Jim Skea, le président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

La COP30, qui semble être l’une des dernières à pouvoir encore infléchir la fuite en avant, réussira-t-elle à gravir la montagne quand les éditions précédentes ont accouché d’une souris ? Difficile d’y croire. Lula, dans son allocution d’ouverture, a fustigé l’absence des États-Unis. « Si les hommes qui font la guerre étaient ici, ils se rendraient compte qu’il est beaucoup moins cher d’investir dans la lutte contre le réchauffement de la planète » a-t-il déclaré. Trump n’a envoyé aucune délégation officielle. Pire, il pourrait tirer en coulisses les ficelles pour faire capoter un accord responsable qui empiéterait sur les intérêts fossiles américains (pétrole, gaz, charbon).

Quoi qu’il en soit, « se lamenter n’est pas une stratégie », estime le chef de l’ONU climat, Simon Stiell. « Nous avons besoin de solutions (…) Nous devons aller beaucoup, beaucoup plus vite », a-t-il martelé en ouverture. Le Brésil, où les populations indigènes d’Amazonie sont les premières exposées, aura à cœur de faire adopter des mesures contre la déforestation. Les choix énergétiques, les politiques de transport ou la justice environnementale seront également au cœur des discussions.

Reste à savoir si les moyens financiers seront au rendez-vous, notamment en faveur des pays émergents. L’an passé, l’enveloppe de 300 milliards de dollars par an à l’horizon 2035 avait été jugée « ridicule ».

Dominique Gerbault

L’édito du TC par Évelyne Bordet. Le sursaut va-t-il enfin avoir lieu ?

Il y a deux semaines, l’ouragan Melissa balayait successivement Haïti, la Jamaïque, puis Cuba. Pendant ce temps, de l’autre côté de la planète, une série de typhons s’abattaient sur les Philippines. Et ça continue…

Lundi 10 novembre débutait la COP30 de Belém, au Brésil, dix ans presque jour pour jour après la conclusion de l’Accord de Paris qui a fixé en 2015 l’objectif de contenir la hausse du thermomètre « en deçà de 2°C » et de « s’efforcer de limiter cette augmentation à 1,5°C » à la fin du siècle, par rapport aux niveaux préindustriels. Un chiffre issu d’un véritable consensus scientifique et politique pour assurer l’habitabilité sur Terre. Une promesse faite à l’humanité… Aujourd’hui, le monde est livré au chaos climatique. Un monde à + 1,5°C de réchauffement, le seuil ayant été pour la première fois dépassé sur une année, en 2024. Dix ans après l’accord de Paris, nul ne peut feindre d’ignorer ces réalités. Alors, les dirigeants du monde sont sommés d’accélérer la lutte contre le réchauffement climatique.

Donald Trump avec son « Drill, baby, drill » qui risque fort de devenir « kill, baby, kill » … Javier Milei pour l’Argentine, Narendra Modi pour l’Inde, la liste des climatosceptiques au pouvoir ne cesse de s’allonger, mettant l’avenir de l’humanité en péril. Si Trump a décidé de n’envoyer aucune délégation à Belém, il devrait œuvrer dans l’ombre pour bloquer tout accord contraignant susceptible de perturber sa politique mortifère.

« Pour autant, il ne faut pas abandonner. Mon espoir, c’est que la COP30 soit l’occasion d’un sursaut, qu’un front commun naisse entre des pays comme le Brésil, ceux d’Europe, et la Chine », martèle Jean Jouzel, paléoclimatologue et ancien vice-président du GIEC.

C’est aussi l’ambition du Sommet des peuples, qui se tiendra en parallèle de la COP, un appel à l’action collective, un espace de résistance rassemblant une diversité d’acteurs venus du monde entier, avec des associations, syndicats, ONG, représentants des peuples autochtones pour imposer justice sociale, justice climatique et transition juste. Une question de survie…

Soudan : Le Mouvement de la paix appelle la France à agir pour mettre en œuvre une action internationale urgente, décisive et coordonnée par les Nations unies pour protéger les civil·es

Le Mouvement de la paix s’associe à la déclaration faite par le FIDH (1) signée par la LDH. Il attire l’attention sur les éléments principaux de cette déclaration signée par de nombreuses organisations de défense des droits l’homme en particulier africaines : « Après dix-huit mois de siège sans interruption, la ville soudanaise d’El Fasher est tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) le 26 octobre 2025. Des preuves de massacres de masse et de nettoyage ethnique s’accumulent. Une action internationale urgente, décisive et coordonnée est nécessaire pour protéger les civil·es, permettre l’accès humanitaire et garantir la responsabilité des crimes graves commis à El Fasher et dans l’ensemble du Soudan.

Des preuves d’atrocités de masse et de nettoyage ethnique

Dans son rapport de septembre 2025 intitulé « Une guerre d’atrocités », la Mission d’enquête internationale indépendante des Nations unies sur le Soudan a conclu que les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) étaient responsables d’attaques directes et à grande échelle contre des civils et de la destruction massive d’infrastructures essentielles. La Mission a constaté que les RSF avait commis une multitude de crimes contre l’humanité pendant le siège d’El Fasher, notamment des meurtres, des actes de torture, des viols, de l’esclavage sexuel, des déplacements forcés et des persécutions pour des motifs ethniques, sexistes et politiques.Le conflit entre les SAF et les RSF, qui a éclaté en avril 2023, a provoqué l’une des pires catastrophes humanitaires au monde. Plus de 150 000 personnes ont été tuées, plus de 14 millions ont été déplacées et plus de 25 millions sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, la famine étant confirmée dans plusieurs régions.

Appel à l’action La communauté internationale a reçu des avertissements répétés concernant le risque d’atrocités de masse à El Fasher tout au long de l’année 2025. Malgré ces avertissements, les mesures concrètes prises pour prévenir la catastrophe actuelle ont été insuffisantes. Une action internationale urgente, décisive et coordonnée est nécessaire pour assurer la protection des civils et permettre l’accès humanitaire. Les auteurs des crimes contre l’humanité commis à El Fasher et dans tout le Soudan seront tenus responsables de leurs actes » (fin de citation).

Le Mouvement de la paix souligne combien le peuple Soudanais, dans ses diversités, a exprimé, en particulier par la mobilisation de sa jeunesse, pendant la période de la transition démocratique 2019-2021, toutes ses aspirations à vivre en paix et en démocratie et toutes ses capacités à gérer le pays.

Le Mouvement de la paix appelle le gouvernement de la France et le président de la République à utiliser tous les leviers et moyens en leur possessions pour arrêter ces massacres et cette guerre, pour rétablir la sécurité des populations et intervenir au niveau des Nations unies pour mettre en œuvre des équilibres durables au-delà d’un cesser le feu.

Parmi les actions possibles, au-delà des pressions diplomatiques, dont nous mesurons trop souvent les limites, l’intervention des forces d’interposition et de protection des populations civiles doivent être envisagées le plus rapidement possible par les Nations unies afin d’éviter la poursuite d’une guerre interne par procuration qui dure.

Le Mouvement de la paix condamne toutes les interventions étrangères dans ce conflit.

Il appelle a participer aux actions allant dans ce sens et à intervenir auprès des parlementaires et des préfectures pour faire valoir nos demandes.

Le Mouvement de la paix le 7 novembre 2025

1- Fédération internationale des Droits de l’Homme
2- Source : https://www.ldh-france.org/soudan-une-action-internationale-est-urgente-pour-empecher-de-nouvelles-atrocites-a-el-fasher/

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L’édito du webzine. Mercosur : la trahison de Macron

Le président de la République n’a plus de parole, alors qu’il faisait parti des fers de lance européens contre l’accord de libre échange Mercosur, il vient de faire volte-face en marge de la COP30 à Bélem, au Brésil.

À contre-courant de l’opinion publique, du monde agricole et du Parlement, Emmanuel Macron vient de se dire prêt à accepter l’accord commercial entre l’UE et quatre pays latino-américains du Mercosur.

Cet accord, sur la table depuis des décennies mais signé fin 2024, doit permettre à l’UE d’exporter davantage de voitures, machines, vins… en Argentine, au Brésil, en Uruguay et au Paraguay. Mais il facilitera aussi l’entrée de bœuf, volaille, sucre, miel… via des droits de douane réduits, des produits souvent fabriqués avec des normes interdites en France à cause de leurs dangerosités pour la santé publique.

La parole présidentielle a rapidement été désavouée par son propre gouvernement. « Les lignes rouges de la France sont connues depuis le départ (…) Et aujourd’hui, même s’il y a des avancées, le compte n’y est pas », s’est insurgée la ministre française de l’Agriculture Annie Genevard, pour qui les garanties obtenues par la France pour protéger ses cultivateurs et éleveurs ne sont pas suffisantes.

Les syndicats agricoles n’ont pas tardé à réagir. « C’est un reniement total (…) cette déclaration, prononcée qui plus est à Belém, au cœur du territoire de nos concurrents agricoles, sonne comme un nouvel affront », s’est insurgé le patron de la FNSEA Arnaud Rousseau. « Nous appelons les eurodéputés français à faire bloc pour s’opposer à cet accord inacceptable et à défendre nos producteurs », martèle-t-il.

La Confédération paysanne dénonce « une trahison ». « Il nous avait dit, la main sur le cœur, au Salon de l’agriculture, qu’il s’opposerait à cet accord. C’était sa responsabilité d’aller chercher le soutien des autres États membres pour trouver une minorité de blocage. On est plus qu’en colère », a déclaré à l’AFP un de ses porte-parole, Stéphane Galais.

Un Président discrédité

« Macron veut ratifier le Mercosur, ouvrir nos marchés à des produits fabriqués avec des normes interdites chez nous. Un président aussi discrédité devrait se taire et laisser le Parlement décider ! », conspue le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.

Emmanuel Macron s’est défendu en citant l’obtention par la France de clauses de sauvegarde renforcées censées préserver les produits agricoles européens en cas de brusque hausse des importations ou baisse des prix liées à l’importation de produits latino-américains.

« Aucune « clause de sauvegarde » ne fera le poids face à un compétiteur aux exploitations 100 fois plus grandes, aux salaires 5 fois inférieurs au Smic et qui déforeste à tour de bras », tacle le député GRS Emmanuel Maurel.

La représentation nationale a déjà affirmé à plusieurs reprises le rejet du texte. Deux résolutions s’opposant à l’accord de libre-échange, portées par les groupes socialiste et insoumis ont été adoptées le 30 janvier 2025 par les députés. Deux mois plus tôt, en novembre 2024, le gouvernement avait convoqué un débat suivi d’un vote confirmant l’opposition de la France à ce traité, approuvé par 485 élus sur 555 votants.

L’accord avec le Mercosur, c’est le renoncement à nos paysans, à notre modèle agricole et à nos engagements climatiques. Le Parlement a dit non. Les Français le rejettent. Et malgré tout, le Président s’apprête à dire oui. C’est une faute grave.

Dominique Gerbault

« Depuis la France, je regarde mon pays, le Soudan, s’effondrer » (Politis)

Salih Mo, originaire du Soudan, vit à Calais. Il raconte son déchirement de voir la guerre qui oppose deux généraux et ravage son pays depuis des mois.

Au Soudan, les morts encombrent les rues depuis des mois. À tel point que les Forces de soutien rapide (FSR) conduites par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », coupables de ces massacres, entreprennent une vaste entreprise de dissimulation de preuves. C’est le cas à El-Fasher, capitale du Darfour du Nord, où des images satellitaires ont révélé l’existence de fosses communes. À plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de là, à Calais, où vit Salih Mo, originaire du Soudan, les informations s’affichent sur son téléphone et sont constamment dramatiques. Mais il parvient malgré l’horreur à nouer des liens de solidarité avec la communauté soudanaise locale et des personnes solidaires du coin.

« Je viens du Soudan, un pays que j’ai quitté le cœur lourd, emportant avec moi les bruits de la guerre, les visages de ceux que j’aime, et l’espoir têtu de survivre. La guerre m’a tout pris, sauf la volonté de continuer. J’ai vu ma ville se vider de sa vie, j’ai entendu les cris, senti la poussière brûlante des bombardements et, un jour, j’ai compris qu’il fallait partir. Le départ n’a pas été un choix, mais une urgence. On ne quitte pas sa terre parce qu’on le veut, mais parce qu’on ne peut plus y vivre. J’ai traversé des frontières, des silences, des nuits sans sommeil. Chaque pas vers l’inconnu était un adieu.
Sur le même sujet : Soudan : une guerre par procuration

En arrivant en France, je croyais trouver enfin un peu de paix. Mais le destin avait encore une épreuve à m’imposer. Peu de temps après mon arrivée, j’ai eu un grave accident de la route. Ma jambe a été brisée, trois opérations ont suivi, et des mois à l’hôpital m’ont enfermé dans un autre type de guerre – celle du corps et de la patience. Allongé sur un lit d’hôpital, loin des miens, j’ai souvent pensé à la fragilité de la vie. J’avais fui les bombes pour me retrouver face à un autre combat : celui de la douleur, de la solitude, et de la lente reconstruction.

Avec le temps, j’ai recommencé à marcher, à rêver, et j’ai repris mes études universitaires, dans l’espoir d’achever ce que la guerre avait interrompu. Je croyais que, cette fois, la vie me laissait enfin une chance. Mais un jour, la guerre est revenue, comme une ombre que l’on ne peut fuir. Je ne sais pas ce que nous avons fait, nous, les enfants du Soudan, pour que la vie nous punisse de toutes les manières possibles.

Depuis la France, je regarde mon pays s’effondrer, encore une fois. À El-Fasher, les habitants vivent aujourd’hui un enfer. Les bombardements ne cessent pas, les civils meurent dans l’indifférence, les hôpitaux sont détruits, les enfants manquent de nourriture et d’eau. Les rues sont pleines de peur et de poussière. Chaque jour, je reçois des nouvelles terribles : des proches blessés, des familles déplacées, des quartiers entiers effacés.

Cette douleur ne me quitte pas. Même loin, nous portons la guerre dans nos cœurs. Nous ne parvenons plus à nous concentrer, nous pensons sans cesse à ceux qui sont restés là-bas, prisonniers de la faim et du silence. Nous cherchons comment les aider, comment faire sortir nos familles de cette tragédie qui semble sans fin. Et pourtant, au milieu de cette obscurité, il y a des mains qui se tendent. Des personnes et des organisations, discrètes mais présentes, qui nous soutiennent, qui nous écoutent, et qui partagent notre douleur. Elles ne viennent pas seulement apporter une aide matérielle, mais aussi une chaleur humaine, une attention sincère. Elles ont ressenti, à leur manière, une part de notre souffrance.

Pourtant, malgré tout, je garde au fond de moi une petite lumière – celle de l’espérance, têtue, fragile, mais vivante. Parce que tant qu’on continue à raconter, à témoigner, à aimer, la guerre n’a pas totalement gagné.

Politis, le 7 novembre 2052