Mobilisés pour les journalistes à Gaza (L’Indep)

L’association Cultures de Paix a Perpignan, en partenariat avec le Travailleur Catalan l’hebdo, soutient la mobilisation de Reporters sans frontières pour défendre les journalistes à Gaza. Dans ce contexte, une rencontre est organisée le mercredi 17 septembre à 15 h au cinéma le Castillet, place de la Victoire, en présence du maître de conférences Pierre Dharréville.

210 journalistes ont été tués à Gaza depuis octobre 2023, et 11 reporters seulement durant le mois d’août 2025. Un bilan, qui a amené l’organisation Reporters sans frontières (RSF) à mettre en œuvre une campagne internationale, avec le mouvement citoyen mondial Avaaz. Plus de 150 médias internationaux, dont l’Humanité et la Marseillaise, y participe, en publiant le bandeau suivant : « Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza par l’armée israélienne, il n’y aura bientôt plus personne pour vous informer ».

Face à cette situation, le festival Cultures de Paix à Perpignan, en partenariat
avec le Travailleur Catalan l’hebdo, se joint à Pierre Dharréville, maître de conférences à l’École de journalisme et de communication d’Aix-Marseille, ainsi qu’à l’Institut méditerranéen des sciences de l’information et de la communication (IM-SIC). Une rencontre leur permettra d’examiner quelles initiatives pourraient être prises en solidarité avec les confrères palestiniens et de garantir la liberté d’accès à l’information.

« Il y a et il y avait des journalistes à Gaza »

Selon le maître de conférences, aujourd’hui « aucune précaution n’est prise sur le territoire palestinien ». Le peu de journalistes encore présents n’a pas les moyens nécessaires. « Il y a et il y avait des journalistes à Gaza, mais tout est détruit alors c’est compliqué aussi pour eux », développe-t-il.

La campagne, portée par RSF, est là pour attirer l’attention sur ce « problème grave » et essayer de regarder la situation pour voir comment agir. « On perd la liberté d’être informés, de savoir ce qu’il se passe vraiment ». La demande est claire : alerter les pouvoirs publics français et les gouvernements du monde entier, trouver des accords, et assurer un accès indépendant de la presse dans la bande de Gaza.

« Parler de l’assassinat des journalistes c’est aussi s’inquiéter de l’ensemble de tout ce qu’il se passe là-bas », ajoute Pierre Dharréville.

Emma Lemaire (L’Indépendant, le 12 septembre 2025)

Laissez-nous accueillir nos confrères et consœurs palestinien.nes de Gaza

Nous sommes plus de 400 journalistes et professionnels des médias français et francophones apportant notre soutien, depuis le mois de juillet, à la constitution de dossiers d’évacuation et à l’accueil de nos confrères et consœurs palestiniens de Gaza, qui entretiennent pour la plupart des liens avérés avec la France. Parmi eux, certains collaborent avec de grandes rédactions comme Le Monde, BFM TV, l’Agence France Presse ou encore LCI. Ces journalistes, au péril de leur vie, permettent aux Français d’accéder à l’information malgré le « black-out » médiatique imposé par Israël, qui a transformé Gaza en une véritable « zone létale » pour la profession.

De notre côté, nous nous plions aux conditions drastiques de constitution des dossiers de nos confrères et consœurs. Nous récupérons leurs documents d’identité, nous rassemblons les attestations de travail auprès des organes de presse français ou étrangers pour lesquels ils ont travaillé, nous réunissons des promesses d’embauche, des attestations d’hébergement et de soutien financier, nous leur trouvons des logements pour les accueillir dignement. Nous les connaissons : ce sont des journalistes méritants, intègres, qui font honneur à leur profession, loin de l’image que leur attribuent les campagnes de propagande visant à les assimiler à des militants du Hamas. En août, un média israélien a ainsi révélé l’existence d’une « cellule de légitimation » de l’armée, chargée de fabriquer de faux dossiers liant les journalistes au Hamas pour tenter de justifier leur exécution.

Selon les derniers décomptes d’ONG reconnues, 220 d’entre eux ont déjà été tués dans des frappes israéliennes, faisant de Gaza le conflit le plus meurtrier de l’histoire pour la presse. Or depuis la suspension des évacuations, onze journalistes ont été tués ; l’ONU a déclaré l’état de famine à Gaza ; l’IAGS (International Association of Genocide Sholars) a adopté une résolution inédite qui reconnaît que les actions d’Israël à Gaza répondent à la définition du crime de génocide ; Israël a lancé l’invasion de Gaza-ville, et l’administration Trump a proposé un plan assimilable à un projet de nettoyage ethnique.

Le sort de ces journalistes tués pourrait être celui de ceux que nous aidons, de ceux figurant déjà sur la liste du ministère des Affaires Étrangères. « En tant que journaliste travaillant sur le terrain, j’ai commencé à avoir peur de sortir, de me déplacer. J’ai peur d’être tué et de n’être qu’une simple brève oubliée après quelques heures », nous écrit un journaliste dont le processus d’évacuation a été suspendu.

Pourtant, depuis plus d’un mois, toutes les évacuations de Palestiniens de Gaza, sans exception, sont suspendues par les autorités françaises. Cette suspension fait suite à la découverte d’une ancienne publication antisémite, sur les réseaux sociaux, d’une étudiante gazaouie évacuée vers la France, ce qui a entraîné l’ouverture d’une enquête interne. Quelles ont été les conclusions de cette enquête ? Comment une seule publication a-t-elle pu conduire à la suspension de toutes les évacuations, y compris celles des malades, des blessés, et des familles relevant du regroupement familial ? Et ce, alors que chaque évacuation est soumise à des procédures de sécurité et d’investigation menées en premier lieu par le Cogat, unité militaire israélienne rattachée au ministère de la Défense. Pour nous, cette décision s’apparente à une punition collective.

Cette suspension frappe aussi des universitaires et des étudiants, dont la rentrée de septembre est désormais compromise, des artistes, et des familles qui devaient être réunies au titre du regroupement familial. Elle rappelle le sort tragique d’Ahmed Shameia, architecte et professeur d’ingénierie, décédé en mai dernier faute de soins, alors qu’il devait être accueilli en France grâce au programme PAUSE – aujourd’hui suspendu ; ou celui de Omar Harb, universitaire renommé, mort de maladie et de malnutrition le 5 septembre.

De nombreuses rédactions, des syndicats et sociétés de journalistes, ainsi que RSF, se sont mobilisés afin que le ministère des Affaires Étrangères lève la suspension de ces évacuations. Après vingt-deux mois à subir des conditions de travail inhumaines, aggravées par la famine, ces journalistes n’ont désormais plus même la force de survivre. Nous, journalistes français et francophones, réaffirmons notre solidarité avec nos confrères et consœurs palestinien.nes qui, jour après jour, documentent la destruction de la société palestinienne de Gaza. C’est pourquoi nous voulons leur offrir un accueil digne de leurs nombreux sacrifices.

Et la France gagnerait à appliquer les principes humanitaires et de protection de la presse qu’elle met en avant partout ailleurs. « Pourquoi n’avons-nous pas de protection internationale, comme les autres journalistes dans le monde ? Ou bien notre sang est-il sans valeur ? », interpelle un journaliste figurant sur la liste d’évacuation.

Il est aujourd’hui essentiel que la France mobilise ses moyens pour contribuer à prévenir le génocide et les crimes contre l’humanité en cours, afin que les Palestiniens puissent vivre dignement sur leur terre. Son rôle diplomatique devrait être déterminant pour garantir l’accès de journalistes internationaux à Gaza e t s o u t e n i r l a reprise des évacuations de leurs confrères gazaouis, dont les dossiers sont déjà constitués ou en cours.

Enfin, une simplification des procédures et la création d’un programme spécifique dédié aux journalistes est indispensable pour faciliter le départ de celles et ceux qui ne peuvent plus rester sur place.

Premiers signataires

Allan Kaval, journaliste Le Monde, prix Bayeux et prix Albert Londres ; Agnès Briançon-Marjollet, journaliste et première secrétaire du SNJ ; Annette Gerlach, journaliste ARTE ; Ariane Lavrilleux, journaliste Disclose ; Antoine Chuzeville, journaliste et premier secrétaire du SNJ ; Aurélie Charon, journaliste et documentariste France Culture ; Aziza Nait Sibaha, rédactrice en chef France 24, vice-présidente de la SDJ France 24 ; Benjamin Barthe, journaliste Le Monde ; Christophe Boltanski, journaliste, écrivain, chroniqueur ; Dominique Vidal, journaliste et historien ; Edith Bouvier, journaliste et réalisatrice ; Edwy Plenel, journaliste Mediapart ; Elise Descamps, secrétaire générale de CFDT- journalistes ; Hélène Lam Trong, journaliste réalisatrice, prix Albert Londres ; Hervé Kempf, journaliste, Reporterre ; Inès Léraud, journaliste et autrice ; Mona Chollet, journaliste essayiste, cheffe d’édition Monde Diplomatique ; Nicolas Hénin, auteur, ancien journaliste ; Nicolas Vescovacci, journaliste-réalisateur indépendant ; Pablo Aiquel, journaliste, sec. général du SNJ-CGT, vice-président de la FEJ ; Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de Regards ; Paul Moreira, journaliste réalisateur Premières Lignes ; Pierre Jacquemain, rédacteur en chef Politis ; Rosa Moussaoui, rédactrice en chef à L’Humanité ; Sophie Nivelle-Cardinale, journaliste, Prix Albert Londres ; Véronique Gaymard, journaliste RFI ; Zoé Cottin, journaliste ;

Grand entretien de Fabien Roussel. « Nous serons de toutes les mobilisations » (La Marseillaise)

La Marseillaise : Vous commencez par intervenir ce samedi, aux universités d’été du PCF à Montpellier, sur le parti pris du travail. Pourquoi ce thème ?

Fabien Roussel : C’est l’actualité, pour beaucoup de salariés la vie est de plus en plus dure, année après année, budget après budget. D’un côté, les riches s’enrichissent, de l’autre, les travailleurs, les salariés, les retraités voient leur pouvoir d’achat fondre. Le pire, c’est que même ceux qui travaillent n’arrivent plus à payer leurs factures, et ne reçoivent en réponse du gouvernement que du mépris. Des leçons de la part de ministres millionnaires ! Il y a vingt ministres millionnaires dans ce gouvernement, qui voyagent avec chauffeur, qui gagnent 20 000 à 30 000 euros par mois et disent aux Français de faire des sacrifices supplémentaires ! Alors oui, la question de la dignité du travail, de la vie chère sera au cœur de la rentrée pour nous, avec le parti pris de la paix.

Sur la question du travail, une petite musique oppose les travailleurs à ceux qui ne travaillent pas, qu’ils soient sans emploi ou retraités…

F. R. : C‘est le cœur de mon livre. Justement, j’ai bien entendu ces derniers mois combien tout est fait pour diviser les Français, entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas, et même les opposer en fonction de leur génération, entre public et privé, la campagne et les banlieues, leur couleur de peau, leurs origines… Tout est fait pour fracturer le peuple, abîmer la République. Et pendant que nous nous divisons, les financiers comptent leurs billets. C’est pour cela que j’appelle à ce que le monde du travail, qu’on ait un boulot ou pas, s’unisse et se mobilise, que l’on puisse enfin mettre les richesses que nous produisons au service du bien commun. Nous voulons vivre de notre travail, c’est cette campagne que nous voulons mener.

Les appels syndicaux se multiplient pour la rentrée, que ce soit dans l’énergie, la santé, mais il y a aussi cet appel à bloquer la France le 10 septembre. Est-ce que vous y appelez ?

F. R. : Il faut partir de la situation des Français qui souffrent, à qui on demande encore plus d’efforts. Et en face, les 500 familles les plus riches de France voient leur fortune augmenter, année après année. Il n’y a jamais eu autant d’inégalités dans notre pays et le gouvernement propose un budget encore plus dur. Il demande plus de sacrifices aux mêmes, toujours aux mêmes ! C’est bien légitime dans ce contexte-là que la colère monte de partout. C’est pour cela que nous serons de toutes les mobilisations, de celles des syndicats, des énergéticiens, des personnels de santé, des cheminots, de cette intersyndicale qui va se réunir le 1er septembre. Nous serons très attentifs à l’appel qu’elle lancera, pour le rejoindre. Et puis il y a aussi cette mobilisation citoyenne lancée avec ce slogan « bloquons tout ». C’est bien légitime que des citoyens appellent à se mobiliser. Bien sûr nous que nous en serons ! Nous serons de toutes les mobilisations qui appellent à la justice sociale, fiscale, climatique.

On entend parler de blocages, de retraits d’argents, de manifestations… Quelles modalités suivre pour ce 10 septembre ?

F. R. : C’est dans chaque lieu, dans chaque ville que chacun déterminera ses modes d’action. C’est pour cela que je suis plus attaché à soutenir l’appel des syndicats qui ont des modes d’action et revendications concrètes, discutées entreprise par entreprise, secteur par secteur. Quand il s’agit d’un mouvement citoyen, c’est plus vague. Mais ce n’est pas parce que cela reste vague qu’il ne faut pas le soutenir. Il faut respecter ce peuple qui se cherche, ne se retrouve pas dans les syndicats, les partis. Il vaut mieux l’accompagner que lui faire la leçon et le regarder avec défiance.

Cette défiance est aussi très vive dans ces groupes Telegram, dans leurs assemblées générales vis-à-vis des syndicats, des partis…

F. R. : Cette défiance existe depuis longtemps… Tout est fait pour creuser le fossé entre les salariés et les syndicats, les Français et les partis. C’est pour cela que la démocratie va mal. On a besoin de partis, de syndicats, de citoyens qui s’engagent. Appeler à s’engager dans l’action, même en dehors d’un syndicat ou d’un parti, c’est déjà un pas vers l’engagement. C’est pour cela que je soutiens cette démarche. Ce n’est pas au PCF de soutenir ce mouvement, mais à chaque citoyen engagé, y compris les militants communistes dans leur ville s’ils se retrouvent dans les mots d’ordre.

La principale cible de ce mouvement, c’est le budget du Premier ministre, qui dit qu’il faut être responsable face à la dette…

F. R. : La dette, la dette, la dette ! C’est le mistigri agité devant tous les Français pour leur demander de nouveaux sacrifices ! Ça fait aujourd’hui huit ans depuis que Macron est élu, huit ans qu’il nous demande des efforts toujours plus importants, travailler plus longtemps, gagner moins, payer plus les factures ! Et au final, la dette se creuse et les riches s’enrichissent. Nous ne croyons plus à leurs discours. Le remède qu’ils proposent d’affaiblir encore plus l’État est le pire des remèdes, celui qui peut conduire le pays à la récession. Ce dont le pays a besoin, c’est d’un État fort qui planifie l’économie, la transition écologique, la réindustrialisation, réinstalle des services publics, embauche, forme des jeunes. Nous avons besoin d’un bazooka d’investissements ! Nous proposons, nous, un choc d’investissements de 500 milliards d’euros sur cinq ans, pour répondre à tous les besoins du pays. Mais nous n’y arriverons pas juste avec une taxe Zucman ou un rétablissement de l’ISF comme le proposent d’autres à gauche. Il faut sortir le bazooka monétaire, utiliser l’argent des banques, de la banque centrale européenne.

Ce vendredi, l’ONU a déclaré l’état de famine à Gaza alors qu’Israël se prépare à une occupation. Comment arrêter cela ?

F. R. : Il faut faire plus ! Et ce n’est pas difficile, tellement peu a été fait. Ce qui se passe sous nos yeux aujourd’hui à Gaza nous horrifie tous. Ces massacres vont traumatiser toute une partie de la jeunesse de notre planète. Il y a un deux poids, deux mesures des chefs d’États de l’Union européenne notamment. Eux qui sont prêts à envoyer des soldats en Ukraine laissent mourir des enfants en Palestine. L’État de Palestine va être enfin reconnu, mais tellement tardivement qu’Emmanuel Macron risque de reconnaître un cimetière si on n’agit pas plus vite. Je demande à la France de mettre fin aux accords commerciaux avec Israël et d’arrêter d’importer des produits venant des territoires occupés, à l’Union européenne de mettre fin à l’accord de libre-échange avec Israël. Il faut aussi faire pression sur ces militaires appelés par le gouvernement raciste israélien à commettre ce génocide, faire appel à leur conscience. Les manifestations en Israël sont impressionnantes aujourd’hui pour demander le cessez-le-feu, le retour des otages et la fin de la guerre. La France devrait aussi menacer les soldats franco israéliens d’être convoqués au tribunal s’ils participaient à l’établissement de nouvelles colonies en Cisjordanie ou au massacre à Gaza.

Le Parlement israélien a approuvé mercredi la création d’une nouvelle colonie, ce ne sera pas trop tard pour une solution à deux États ?

F. R. : C’est pour cela que je dis qu’il y a urgence ! Le gouvernement israélien fait tout pour rendre impossible la solution à deux États, ils mettent en œuvre leur projet d’une nation juive éradiquant le peuple palestinien. Il faut accélérer, empêcher cette colonie dont l’objectif est d’expulser 5 000 Palestiniens de leur maison, de leur terre natale. Il y aura des communiqués pour condamner, mais que feront tous ces pays pour l’empêcher ? Il faut arrêter avec les déclarations, il faut agir.

On a aussi en tête les images du ministre israélien d’extrême droite Ben Gvir narguant le leader palestinien Marwan Barghouti en prison…

F. R. : Nous qui demandons depuis le début de cette guerre la libération des otages, nous réclamons aussi depuis des années la libération de Marwan Barghouti Nous en avons produit, des affiches et des tracts ! C’est un représentant de l’Organisation de libération de la Palestine, celui qui peut reconstruire un État de Palestine, unifier les Palestiniens. La France doit exiger sa libération. Vingt-sept ans en prison, c’est un prisonnier politique de la même dimension que Nelson Mandela. Sa libération permettra la réconciliation et la construction d’un État Palestinien.

Le PCF a signé un accord avec l’OLP, qu’est-ce que cela a permis ?

F.R. : Cet accord vise à ce que le PCF, avec les forces de gauche, les associations, organise des mobilisations pour une solution à deux États, le plus rapidement possible. C’est le sens de l’appel que je vais lancer ce samedi, aux Universités d’été. Nous allons proposer aux forces de gauches, aux associations, aux syndicats le plus rapidement une marche à Paris la plus large possible pour exiger la solution à deux États et des actes forts de la France pour empêcher le gouvernement Netanyahou de mettre en œuvre ses projets criminels.

La paix, c’est aussi en Ukraine, en particulier depuis la rencontre de Trump et Poutine en Alaska. Comment garantir cette paix ?

F. R. : C’est d’abord ne pas laisser deux dirigeants nationalistes se partager les territoires, les richesses qui se trouvent en Europe et sur la planète. Cette poignée de main entre ces deux hommes, c’est la pire image depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Deux dictateurs en puissance qui décident de s’asseoir sur les droits des peuples ! Nous appelons à ce que les nations européennes se réunissent rapidement pour créer leur propre traité de sécurité collective, garantissant la sécurité de chacun, jusqu’à la Russie. De Brest à Vladivostok, nous vivons sur la même terre, c’est à nous de créer les conditions d’une paix durable. Cela veut dire qu’il ne faut pas entrer dans des logiques de confrontation, et encore moins dans une économie de guerre qui conduit à accumuler des armes et à faire du continent européen une véritable poudrière. Ces centaines de milliards d’euros devraient plutôt être investis dans l’émancipation des peuples.

Il a justement eu cette autre poignée de main, entre Donald Trump et Ursula von der Leyen, pour notamment importer des armes étatsuniennes…

F. R. : C’est une trahison. Ce fut la douche froide de l’été de voir la présidente de la Commission européenne signer un accord avec Trump qui vassalise chaque nation et qui surtout risque d’appauvrir encore plus nos différentes économies. Nous refusons cet accord, et la France doit décider de le mettre à l’ordre du jour du Parlement, le soumettre au vote des députés, voire au vote du peuple français par un référendum, car les conséquences sont graves. Et nous appelons à ce que la France dise non à un tel accord et qu’il ne soit pas mis en œuvre.

Un autre chantier de cette rentrée politique, c’est la préparation des municipales. Quelles sont les ambitions du PCF, en France et en particulier dans le Sud ?

F. R. : L’élection municipale est une élection importante, parce que la commune est le dernier lieu de démocratie dans lequel les Français se retrouvent encore. Nous voulons prendre soin de présenter des programmes qui répondent le plus possible aux attentes des habitants, à construire les listes les plus larges possibles à gauche, avec des citoyens, dans chaque commune, chaque ville. Nous voulons montrer en quoi nous, communistes, sommes utiles. Il y a mille exemples que nous pourrions citer. Ici à Montpellier, nous sommes à l’initiative de la gratuité des transports ! Et c’est une proposition que nous portons dans toutes les grandes villes.

On voit les insoumis, parfois les écologistes qui veulent faire cavalier seul, au risque de voir des villes de gauche tomber…

F. R. : Je regrette ces choix. C’est leurs choix, c’est à eux qu’il faut poser les questions sur ce qui motive ces choix. Les Français ont besoin de voir des gens dans leurs communes prêts à s’unir, à travailler ensemble, même si peut-être nationalement des choses les séparent. Mais localement, il faut travailler ensemble pour la population. J’appellerai ce samedi aux rassemblements les plus larges au service des villes, des habitants. Nous voulons être utiles à ces rassemblements.

Les écologistes dans leur Université d’été plaident pour une primaire pour 2027. Quelle réponse vous leur donnez ?

F. R. : Ce n’est pas d’actualité.

L’unité à gauche, c’est peine perdue ?

F. R. : C’est en 2027 ! C’est dans deux ans, nous sommes aujourd’hui préoccupés par la dureté de la vie, le budget très dur que le gouvernement nous impose. Et les prochaines élections dans huit mois sont des élections locales, alors travaillons à cela. Empêchons que ce budget d’austérité soit mis en œuvre, et faisons en sorte que les meilleures listes l’emportent aux municipales.

Ce samedi, le maire LR de Saint-Raphaël inaugure un monument aux « 100 millions de morts du communisme ». Quelle a été votre réaction ?

F. R. : J’ai soupiré. Nous connaissons d’où viennent ce genre d’initiatives. La dernière fois que des stèles aux victimes du communisme ont été inaugurées en France, c’était sous Pétain. Cette initiative vient de la part d’un maire qui est soutien de Marine Le Pen, et donc d’un parti qui vient du Front national, créé par un ancien waffen-SS, par des collabos, dont le slogan c’est de « casser des métèques et tuer des communistes ». Cette stèle est une manière de réhabiliter l’extrême droite française et de pointer du doigt les communistes alors que les communistes français, eux, étaient du bon côté de la barricade. C’est aux habitants de Saint-Raphaël maintenant de s’exprimer, je ne vois pas ce que vient faire cette stèle avec les deniers de leur commune.

Propos recueillis par Yves Souben (La Marseillaise, le 23 août 2025)

Elne. De jeunes palestiniens accueillis en mairie (L’Indep)

En la salle des fêtes, la commune a accueilli 16 adolescents palestiniens de 14 à 16 ans étudiants en français d’Hebron et de Jérusalem, en présence des associations et des familles françaises dans le cadre d’une coopération linguistique et culturelle franco-palestinienne. Ces rendez-vous sont organisés par Jeunes reporters, les Francas avec le soutien de divers organismes dont le conseil départemental, représenté par Françoise Fiter, vice-présidente. Des témoignages émouvants d’enfances volées par la guerre. Des jeunes pleins d’espoirs et de confiance dans le peuple français.

L’Indépendant, le 22 août 2025

Quinze pays occidentaux appellent à reconnaître un État palestinien (L’Indep)

À l’issue de la conférence de l’ONU, ils ont invité les autres pays du monde à s’engager.

À l’issue de la Conférence ministérielle de l’ONU sur l’avenir de la Palestine, qui s’est tenue lundi et mardi à New-York, une quinzaine de pays occidentaux, parmi lesquels la France, ont « invité » les autres nations à envisager une reconnaissance d’un État palestinien. « À New York avec 14 autres pays, la France lance un appel collectif: nous exprimons notre volonté de reconnaître l’État de Palestine et invitons ceux qui ne l’ont pas encore fait à nous rejoindre », a écrit Jean-Noël Barrot mercredi sur X. Cet « appel de New York » a été lancé au lendemain de la conférence ministérielle à l’ONU sur la solution à deux États au conflit israélo-palestinien.

Le déficit de popularité de l’Autorité palestinienne

Les pays signataires de cet appel sont, outre la France, le Canada, l’Australie, Andorre, la Finlande, l’Islande, l’Irlande, le Luxembourg, Malte, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Portugal, Saint-Marin, la Slovénie et l’Espagne. S’ils ont exprimé leur « volonté ou la considération positive de leur pays » à le faire, neuf pays n’ont cependant pas encore reconnu l’État palestinien. Il s’agit d’Andorre, de l’Australie, du Canada, de la Finlande, du Luxembourg, de Malte, de la Nouvelle-Zélande, du Portugal et de Saint-Marin.

Lors de cette conférence, plusieurs pays arabes, parmi lesquels l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte, ont néanmoins appelé le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne. Une manière de préparer l’avenir sans le mouvement islamiste, à l’origine de la crise actuelle, conséquence de son attaque du 7 octobre 2023. Mais en faisant de l’Autorité palestinienne l’acteur majeur de l’avenir d’un Etat palestinien. Sauf que l’Autorité souffre d’un déficit de crédibilité et de soutien auprès de sa population.

Il n’empêche que l’appel de New-York constitue une étape supplémentaire dans le processus visant à une reconnaissance internationale et importante d’un État palestinien. Une éventualité rejetée à la fois par Israël et par les États-Unis. Cet appel des 15 pays, lancé à la fin d’une conférence ministérielle qui s’est tenue lundi et mardi à New-York, à l’initiative de la France et de l’Arabie saoudite, vise à pérenniser l’offre de solution à deux États pour sortir du conflit israélo-palestinien, une hypothèse qui reste pour l’heure malmenée par la guerre en cours à Gaza et les colonisations en Cis-Jordanie.

L’Indépendant, le 31 juillet 2025