Quelque 12 000 Catalans ont défilé ce jeudi 11 septembre 2025 dans le centre-ville de Gérone lors de la traditionnelle et revendicatrice diada.
Il faudrait plus qu’un ciel gris et menaçant pour doucher les envies d’émancipation du noyau dur du mouvement indépendantiste catalan. Ce 11 septembre 2025, Gérone était l’une des trois villes catalanes où la senyera flottait sur une diada qui doublait crânement son nombre de participants par rapport à l’édition 2024.
Deux fois plus de monde que l’an dernier
12 500 personnes, selon les organisateurs, ont en effet rallié la place de l’Indépendance et le pare de la Devèse un kilomètre plus loin. Soit deux fois plus de monde que l’an dernier aux mêmes endroits puisque la diada 2024 avait alors rassemblé 6 500 Catalans.
Un parcours d’un petit kilomètre pavoisé de sang et or et retentissant des indispensables chants, « Volem, volem paisos catalans » en tête.
Dans la foule, Carles, 77 ans, membre d’Omnium et ANC, deux associations organisatrices, qui n’a manqué aucune diada depuis 30 ans. Et qui, malgré la plus forte participation de cette année, remarque bien que le mouvement s’essouffle. La faute aux politiques selon lui. « La dissonance entre Junts et ERC (les deux partis indépendantistes catalans-NDLR) a produit du désintérêt chez beaucoup », grimace-t-il. « Mais quand des personnages incarneront de nouveau la possibilité de l’indépendance, ça repartira car il n’y a pas d’autre solution. On est en stand-by ». En attendant un autre homme providentiel, c’est la langue catalane qui est au cœur des revendications cette année.
Inquiétude sur la langue catalane
Lluis Llach depuis Barcelone ou les « marcheurs » de la diada 2025 à Gérone, tous ont la même inquiétude, la langue catalane serait attaquée et en danger, et la même revendication, la protéger. Car le Tribunal supérieur de justice catalan a amputé le décret sur le très inflammable régime linguistique. L’enseignement scolaire du catalan serait ainsi menacé. « Une offensive sur l’école catalane », selon Lluis Llach.
« C’est simple, les Catalans veulent une seule chose: qu’on respecte leur langue et leur culture », résume Carles, vêtu d’un maillot de l’USAP, et accompagné de son épouse française Véronique et leur fille Estelle. Le couple participe « à toutes les diada depuis quinze ans, chaque année on y est, à Barcelone ou ici ». Et Carles « y croi(t) encore mais en ce moment ce n’est pas possible parce que l’État espagnol nous colonise »,
Le slogan de cette diada 2025 était « Plus de raisons que jamais de réclamer l’indépendance ». La place que gardera, ou pas, la langue catalane dans la société catalane, et pour sa cohésion, est assurément un enjeu pour cette diada comme pour la prochaine.
À Gérone, Frédérique Michalak (L’Indépendant, le 12 septembre 2025)