L’édito du TC par René Granmont. Quelle guerre ?

De l’assassinat à Marseille de Mehdi, assassinat destiné à faire taire son frère, le militant anti-narcotrafic Amine Kessaci, au coup de menton du chef d’État-major des armées nous demandant à être « prêts à perdre nos enfants », tout concourt à rendre un peu plus inquiétante une situation qui, déjà sur le plan social, est fort peu réjouissante.

Face à ces discours de guerre qui envahissent le débat public, « nous ne voulons pas d’une troisième guerre mondiale, alimentée par des chefs d’États en manque d’autorité, alimentée par des impérialismes puissants. Nous sommes autant opposés au nationaliste Poutine qu’à ceux qui voudraient nous faire entrer en guerre contre le peuple russe. » a souligné le secrétaire national du PCF à Marseille. En fait, ces proclamations martiales visent surtout à faire accepter le doublement du budget des armées au détriment des services publics, de l’éducation, de la santé… Plutôt que d’envoyer « nos » enfants se faire tuer dans des guerres qui ne sont pas les leurs, ne serait-il pas plus judicieux et plus conforme à l’esprit de la France des Lumières que notre pays prenne la tête d’une coalition en faveur de véritables négociations sur la base du droit international, en refusant de se faire tordre le bras par Poutine ou par Trump, pour obtenir une paix juste en Europe ?

Par contre, s’il est une « guerre » que le gouvernement se doit de mener, c’est bien celle contre le narcotrafic. Ce combat contre tous les trafics nécessite autre chose que de simples déplacements de ministres à Marseille, autre chose que l’annonce d’un plan anti-portables dans les prisons… Derrière ces opérations de com, derrière les discours répressifs, les moyens continuent à faire défaut pour mener des enquêtes permettant de s’attaquer aux gros bonnets plutôt que de rafler les petites mains. Il manque 60.000 agents de police, enquêteurs, douaniers après les coupes effectuées dans ces emplois par la droite !

Sans compter que la dimension sociale est toujours laissée en plan, car c’est sur le terreau de la pauvreté, de la précarité, de l’abandon de l’État que prospère l’emprise des narcotrafiquants sur les plus jeunes. L’exigence de justice est aussi celle de justice sociale. Et pourtant le gouvernement continue de creuser les inégalités, de casser les services publics, de laisser les jeunes des quartiers populaires sans espoir. « Si on laisse les jeunes en situation précaire, les seuls à leur tendre la main, c’est le trafic », ont alerté la mère de Mehdi et Amine samedi à Marseille. C’est aussi cette page qu’il faut tourner.

Une rentrée universitaire plus chère que jamais pour les étudiants (L’Indep)

Un élève non boursier devra débourser cette année 3.227 €, soit une hausse de 2 % en un an, selon la Fage qui dénonce un « coup de massue » et demande une reforme du système des bourses.

C’est un record. Un étudiant non boursier devra débourser cette année 3.227 € pour sa rentrée universitaire, soit une hausse de près de 70 € en un an (+ 2 %), selon les calculs de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), qui dénonce « un coup de massue supplémentaire » pour les jeunes. Le coût grimpe même à 4.503 € pour les étudiants ultra-marins.

Ces montants doivent « choquer et alerter », ils « représentent un réel frein à l’émancipation de nombreux jeunes, qui doivent choisir quotidiennement entre avoir un logement décent, se nourrir ou étudier », dénonce la première organisation étudiante dans son rapport annuel.

Se loger ou se nourrir

Pour beaucoup, le choix est vite fait. L’an dernier, près de 20 % des étudiants interrogés par la Fage déclaraient ne pas manger à leur faim. Depuis, le prix du budget alimentation a encore grimpé de 2 % Il sert donc souvent de variable d’ajustement pour des étudiants qui préfèrent parfois sauter des repas, asphyxiés financièrement par des loyers élevés.

Les étudiants doivent débourser en moyenne 581 € par mois pour se trouver un toit (+ 3 %). Selon la Fage, contactée par notre rédaction, la facture est un peu moins salée à Perpignan (443 €), Nimes (466 €) et Montpellier (573 €), tout en restant importante. Elle grimpe à près de 691 € en Ile-de-France.

En prenant en compte aussi l’alimentation, ou encore la téléphonie, entre autres dépenses du quotidien, l’association évalue les frais de la vie courante à 1.238 € chaque mois pour un étudiant en licence non boursier qui vit seul.

Auxquels s’ajoutent 1 986 € à débourser spécifiquement pour la rentrée (inscription, matériel…).

« Vivre en tant qu’étudiant n’a jamais coûté aussi cher », résume la Fage qui appelle à un encadrement des loyers « exorbitants », à la construction massive de logements étudiants et demande une réforme du système des bourses, car « l’écrasante majorité des bénéficiaires de l’aide alimentaire étudiante » n’y est pas éligible.

L’association demande aussi l’élargissement du nombre de boursiers à un million de bénéficiaires, ainsi que l’indexation des plafonds d’accès aux bourses sur le smic, avec une revalorisation du montant de l’aide en fonction de l’inflation.

« La bourse la plus haute que peut toucher un(e) étudiant(e) est deux fois inférieure au seuil de pauvreté », déplore la Fage. « Rien ne peut justifier une telle inaction face à des milliers d’étudiants en détresse », dénonce l’association étudiante.

L’Indépendant, le 4 septembre 2025