Lycées professionnels, il y a urgence !

Toutes et tous mobilisé·es, par la grève et les manifestations, le 14 octobre

Les conditions d’études et de travail continuent de se dégrader d’année en année dans les lycées professionnels. Le manque de moyens et les réformes qui s’accumulent empêchent les établissements de remplir correctement leur mission de formation et d’émancipation de la jeunesse. La nouvelle terminale bac pro en est une parfaite illustration.

Le fiasco du parcours différencié dit Y est incontestable : élèves moins bien préparé·es aux examens, établissements complètement désorganisés, absentéisme catastrophique… Malgré le rétablissement de deux semaines de cours, maintenir le principe du parcours différencié sur quatre semaines, ne fera qu’accentuer les mêmes dysfonctionnements au mépris des élèves comme des personnels des lycées professionnels.

Suppressions d’heures de cours, remplacements d’enseignements par des dispositifs peu opérants, affaiblissement des contenus professionnels, les réformes s’empilent, sans qu’aucun état des lieux exhaustif et partagé ne soit jamais réalisé. La transformation des Brevets des métiers d’art au pas de charge pour créer une voie d’orientation spécifique et supprimer une année de formation est une étape supplémentaire dans l’affaiblissement de la formation professionnelle initiale. Si aujourd’hui les lycées professionnels tiennent, c’est uniquement grâce à l’engagement des personnels, malgré les entraves à l’exercice de leur métier et la perte de sens dans leur travail.

Le refus d’ouvrir de nouvelles formations répondant à la demande d’orientation des élèves et de leur famille a pour conséquence des classes surchargées dans plus de la moitié des lycées professionnels. Faute de places, des élèves se voient refuser l’entrée en CAP ou 2de pro.

Nos organisations FSU, CGT Éduc’action, SE-UNSA, CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, SNALC, SUD éducation, CNT-FTE demandent un changement de cap pour les lycées professionnels avec un véritable dialogue social.

Dès à présent, nos organisations exigent :

  • l’abandon de tout parcours qui se fait au détriment des enseignements (abrogation du parcours personnalisé) ;
  • le rétablissement des examens de bac-pro sur la seconde quinzaine de juin dès cette année ;
  • un plan d’urgence pour les lycées professionnels publics répondant aux besoins des élèves : ouvertures de formations de CAP et bac pro, création des postes nécessaires (PLP, CPE, AESH, AED…), rénovation du bâti scolaire, notamment des ateliers.

Dès maintenant, elles appellent à organiser des réunions d’information syndicale pour faire un état des lieux de la voie professionnelle en cette rentrée, informer les collègues sur la poursuite des contre-réformes et débattre des exigences à revendiquer pour les lycées professionnels.

Pour que ces exigences aboutissent, nos organisations FSU, CGT Éduc’action, SE-UNSA, CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, SNALC, SUD éducation, CNT-FTE appellent à se mobiliser par la grève et les manifestations le mardi 14 octobre.

Rassemblement devant la SEP Charles Blanc du lycée Picasso à 17h

L’édito du TC par Évelyne Bordet. Colère…

Rentrée scolaire 2025, une enseignante, directrice d’école se donne la mort. Fait divers ? Non … Malgré ses appels répétés, nourris, argumentés et expliqués, Caroline Grosjean n’a pas été entendue. La Justice a classé ses plaintes sans suite sans jamais qualifier un harcèlement manifeste dans le cadre de ses fonctions. Les signalements réitérés pendant des mois puis des années ont été infructueux, parce que, de fait, elle n’a pas été prise au sérieux, parce qu’elle n’a pas obtenu le soutien auquel elle avait droit.

Caroline a demandé de l’aide, elle a signalé les violences, et au lieu d’être protégée, elle a été déplacée, stigmatisée, abandonnée. La réponse de l’Institution est criminelle.

En déplaçant Caroline, elle a manifestement fait le choix de taire, d’étouffer et de réduire au silence la voix de la victime. Alors, cette rentrée scolaire-là, Caroline n’a pas pu l’affronter…

On sait que le harcèlement tue et tuera encore. L’homophobie tuera en France tant que la fonction publique ne sera pas présente à chaque signal d’alerte et d’alarme et tant qu’elle ne donnera pas suite à chaque signalement. Peut-on lutter contre les discriminations en déplaçant les victimes « pour le bien de tous » ? Suffit-il de déclarer le harcèlement « cause nationale », si l’on refuse de le regarder comme un réel fléau à combattre de front ?

En obligeant les administrations à enquêter, en dénonçant les coupables et en les condamnant, en les poursuivant systématiquement devant les juridictions, en demandant aux Parquets d’instruire, bref, en réduisant au silence les coupables, et non les victimes …

Aujourd’hui les rapaces repus coulent des jours heureux dans le petit village du Cantal…Qui sera leur prochaine proie ?

Le jour de la rentrée, une directrice d’école s’est suicidée. Ce n’est pas seulement un drame individuel, c’est le signal abject d’une société qui perd le sens de la citoyenneté, de la fraternité et de la dignité.

L’édito du webzine. Un nouveau tour de vis pour une Éducation toujours à la ramasse

Une aubaine pour ce gouvernement, le « hara-kiri » de François Bayrou, prévu le 8 septembre, va sûrement faire passer au second plan les lourdes conséquences imposées par la pauvreté du budget de l’Éducation nationale pour cette rentrée scolaire.

La rentrée scolaire de 12 millions d’élèves, le 1er septembre, risque de passer malheureusement au second plan après l’annonce surprise de François Bayrou d’engager la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale. Cet écran de fumée, ne peut pas faire passer par pertes et profits les enjeux concrets de cette rentrée 2025.

La secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Vénétitay, a prévenu que « le contexte d’instabilité politique ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt de la dégradation du service public d’Éducation et, en particulier, du second degré, traversé par une crise profonde ». « Avec ou sans François Bayrou, avec ou sans Élisabeth Borne [ministre de l’Éducation], l’enjeu principal c’est le budget. C’est vraiment ce qui va guider nos mobilisations et nos interventions les prochaines semaines », déclare la responsable syndicale.

Pour le Snes-FSU, « la logique budgétaire pour l’Éducation nationale », est « à rebours des besoins du service public d’éducation ». En 2018, en dépit d’une hausse de la démographie scolaire de +8.029 élèves dans le second degré, 8.865 postes ont été supprimés, soit l’équivalent de 197 collèges, a calculé le syndicat y voyant le symbole de la politique d’Emmanuel Macron depuis 2017.

L’effort budgétaire a été dérisoire contrairement à ce qu’à déclarer le gouvernement. En 2025, la hausse de 1,95 milliard, s’est limitée à + 0,48% du budget de l’Éducation nationale une fois corrigé de l’inflation. Avec la valse des ministres (6 depuis le début du second quinquennat), la communauté éducative est aussi très lasse d’être si peu considérée. Les résultats sont catastrophiques.

Vers une rentrée scolaire coûteuse et agitée

Il manque encore une fois des professeurs à la rentrée, ce qui va générer des classes surchargées. Certains n’auront même pas d’enseignant dans leur classe. De nombreux postes aux concours n’ont pas été pourvus par manque de candidats du à une baisse d’attractivité du métier. Les gels de salaires et la chute du pouvoir d’achat y ont grandement contribué.

Des difficultés chroniques continuent à perdurer dans la scolarisation des élèves en situation de handicap intellectuel. Des milliers d’enfants ne feront pas leur rentrée comme les autres, faute de solutions de scolarisation adaptées et par manque d’AESH, une autre profession si peu rémunérée et si peu reconnue. Pourtant le premier article du Code de l’Éducation stipule bien que « le droit à l’éducation est garanti à chacun ».

À tout cela s’ajoute la hausse des fournitures scolaires. Si l’Allocation de rentrée scolaire (ARS) a bien été versée, -non pas acheter des TV 8K ou des consoles de jeux comme le prétend l’extrême droite, mais pour soulager 3 millions de familles précaires dans l’achat des fournitures scolaire- la rentrée se fait toujours plus chère.

Entre les vêtements (370€/an), la cantine (335€/an), les fournitures (146€/an) et les activités extrascolaires (125€/an), la scolarité d’un enfant coûte en moyenne 1.315 euros annuels à une famille, soit trois fois plus que la prestation octroyée par l’ARS.

Enfin l’image de la santé des élèves va être attaquée via les déremboursements et toujours ce manque criant de personnel médical dans les établissements scolaires. L’éducation n’est pas un secteur épargné par le plan d’austérité à 44 milliards d’euros d’un François Bayrou plus que jamais sur la sellette.

La colère sociale pourrait devenir explosive dès le 10 septembre. Une journée de mobilisation pour « bloquer le pays » à laquelle des syndicats ont déjà décidé de se joindre. Elle se poursuivra par une journée intersyndicale de grèves et de manifestations le 18 septembre. À cella s’ajoute la quasi certaine démission de François Bayrou qui a décidé d’engager la responsabilité de son gouvernement, le 8 septembre. La rentrée risque d’être bouillante.

Dominique Gerbault

CGT Éduc’Action. L’éducation et l’ensemble des services publics sacrifiés, l’armée et le monde de l’entreprise sanctuarisés

Le 15 juillet, François Bayrou a dévoilé ses orientations pour faire des économies dans le cadre du prochain budget présenté à l’automne. Alors qu’E. Macron avait la veille, lors du défilé du 14 juillet, annoncé « faire de la Défense une priorité » (une augmentation de 3,5 milliards en 2026 et 3 milliards supplémentaires l’année suivante), François Bayrou a, quant à lui, égrainé ses recettes pour éponger la dette à travers l’objectif de son plan « stop à la dette », avec comme seul leitmotiv la baisse de la dépense publique.

« Tout le monde devra participer à l’effort ». La plupart des ministères devront se serrer la ceinture et consentir à des efforts budgétaires avec in fine des coupes dans les services publics (dont 3.000 postes de fonctionnaires). C’est bel et bien une casse sociale qui est annoncée et qui touchera davantage les plus précaires et les plus modestes.

Par ailleurs, ce sont surtout les travailleuses et travailleurs qui devront faire des efforts avec la prévision de deux jours fériés en moins. Non content de faire travailler le monde du travail 2 ans de plus avec la dernière réforme des retraites, le gouvernement s’en prend une nouvelle fois à ceux et celles qui produisent les richesses de ce pays. C’est aussi la protection sociale qui est visée : une année blanche avec de surcroît, des contrôles renforcés pour les arrêts maladies. De contrôles, en revanche, il n’en est pas question pour les entreprises : après leur avoir donné des subventions à foison à hauteur de 211 milliards, sans aucune contrepartie, le gouvernement parle de les réduire de façon marginale mais leur promet des marges de « liberté » par ordonnance. Traduction, moins de contrôles. Et que le patronat se rassure ! 900 millions de financement sont prévus pour l’investissement.

Quant à notre secteur, alors que l’Éducation manque de tout et que le service public de l’Éducation ne tient que par la conscience professionnelle des personnels, la situation ne va pas s’améliorer. En effet, François Bayrou s’est voulu rassurant, avec notamment une augmentation du budget pour financer la réforme de la formation initiale. Pourtant avec la suppression de 3.000 postes puis le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois à partir de 2027, le nombre de personnels va décroître inévitablement alors qu’il faudrait, à contrario, des créations de postes pour toutes les catégories de personnels. En effet, les conditions de travail n’ont cessé de se dégrader pour l’ensemble du secteur de l’Éducation, le manque d’attractivité pour tous les métiers et en particulier pour les enseignantes et enseignants devient de plus en plus prégnant.

Pour la CGT Éduc’action, l’Éducation nationale et l’ensemble des services publics, ne peuvent être sacrifiés sur l’autel de l’austérité à l’heure où tant de chantiers seraient à finaliser et à financer comme la réduction des effectifs par classe en créant massivement des postes, la titularisation des AESH, la rénovation du bâti… La liste est longue et l’urgence est bel et bien là au risque de voir l’Institution dysfonctionner encore davantage dans son rôle qui est le sien : former toute la jeunesse de ce pays en lui offrant une éducation solide et émancipatrice. Ces mesures annoncées par le 1er ministre sont brutales et inacceptables.

À nous d’imposer d’autres choix !

À Montreuil, le 16 juillet 2025