Le billet d’Yvon Huet. Faire exploser le plafond de verre…

Les amateurs de sondages pour l’élection présidentielle nous envahissent déjà de statistiques qui permettent aux instituts de sondage qui engrangent des bénéfices grassouillets d’influencer l’opinion publique. Et quand on sait que ces instituts sont dirigés par des proches de la droite et du MEDEF, on ne s’étonnera pas des manœuvres récurrentes permettant de manipuler l’opinion.

Le dernier en date met d’un côté la droite à 30 % et l’extrême droite à 40 dont 35 % à Marine Le Pen devant Édouard Philippe à 26 %, ce qui fait tout compris environ 70 %. La gauche plafonne, comme hier, à 30 % dont 15 % à Raphaël Glucksmann devant Mélenchon à 10 %, Fabien Roussel étant crédité de 4 %. C’est la réalité d’une « opinion » globale saisie à un instant T sur la base de projections imposées par l’institut de sondage.

Cette situation dure depuis trop longtemps pour qu’on ne se pose pas de question forte. Unité ou dispersion n’y font rien C’est toujours 30 %. Il y a donc un problème quelque part. Hormis la question institutionnelle qui permet à un parti d’obtenir une majorité relative ou absolue même s’il est minoritaire dans le pays. Quel que soit le montage des alliances, la question du rapport des Français à la politique, à qui on demande régulièrement de s’identifier à une personne, pose un véritable problème.

La stratégie des médias, c’est de mettre en réflexe la peur des extrêmes, avec d’un côté la FI et de l’autre le RN en essayant de faire monter un ventre mou sur un centre virtuel qui en fait n’est que la bonne droite française, affublée de sa fausse gauche dans laquelle s’engouffrent quelques anciens mammouths de la période « hollandaise ». Son seul but est de défendre la caste des puissances financières, françaises et internationales. En même temps, si cela ne marche pas, la majorité des médias de la TNT et au-delà valorisent l’extrême droite, comme c’est le cas de façon caricaturale pour CNews.

Pour certains, je ne fais qu’enfoncer le clou de l’évidence. Pour d’autres j’aurais peut-être tendance à trop simplifier les choses. Ce qui me paraît toutefois nécessaire, c’est que les forces de gauche sortent de cet étau manipulateur et fassent LA surprise en créant les conditions d’un Front Populaire où aucun parti n’aurait le droit de s’imposer pour avaler les autres et où ceux qui luttent sur le terrain, par le biais des associations et des syndicats pourraient avoir toute leur place. Je rêve ?

C’est pourtant ce que je ressens en écoutant beaucoup de gens. Certes le cas Mélenchon qui, ne l’oublions pas, est arrivé à ses fins (enfin presque puisqu’il n’est pas président ou 1er ministre) parce que nous, les communistes, avons été le chercher après le traumatisme des élections présidentielles de 2007, pose un sérieux problème. Que le PCF paye la note, passe encore, mais que le peuple français soit enfermé dans cette prison de l’esprit, c’est vraiment dommage…

La seule solution, dans un premier temps, c’est de changer la règle de fonctionnement du NFP qui doit sortir des griffes de « Monsieur la République ». Je n’ai pas dit LFI mais une personne qui s’arroge le droit d’écraser tout ce qui n’est pas lui et sa garde rapprochée. En cela, je suis les propositions utiles de Fabien Roussel, qui ne s’arrêtent certes pas à une personne et pose les clés d’un débat serein et sérieux à gauche sur les conditions du changement à réaliser. D’autres à gauche, font, à leur façon, la même démarche, et c’est bien.

Ensuite, il faudra bien créer les conditions d’un retour aux sources d’une gauche qui doit nager au cœur des classes populaires, pour reprendre l’esprit d’une expression chinoise, comme un poisson dans une mer débarrassée de sa pollution… On n’y est pas, certes, mais l’objectif me paraît tout à fait réaliste. Si on n’y arrive pas, je crains bien que la gauche de demain se réduise comme une peau de chagrin face à une confrontation artificielle entre droite et extrême droite, ce qui existe déjà dans certains autres pays européens. Notre pays mérite mieux que cela, non ? On n’a rien à perdre à sortir du plafond de verre qui nous est imposé par la classe dominante qui se vautre sur son tapis de milliards pendant que le bon peuple sue et survit comme il peut…

Le 18 septembre, j’espère bien que le mouvement social saura donner le ton de ses exigences… et il faudra une suite, syndicale et politique certes, mais aussi citoyenne. Le mouvement « Bloquons tout » n’est pas un tentacule de LFI, loin de là. Il faut le prendre pour ce qu’il est, une expression actuelle de la résistance à l’existant qui ne doit pas se perdre dans la fumée des lacrymogènes ou dans la fosse colère de l’extrême droite mais s’intégrer au mouvement populaire qui doit se renforcer et s’élargir.

Yvon Huet

Le billet d’Yvon Huet. José Fort ou la résistance du cœur

Différents hommages à notre si cher ami José ont été publiés, dont celui du journal l’Humanité qui lui devait bien cela. À « l’élégance acérée », à l’honnêteté intellectuelle constante dont il a toujours fait la preuve, et dont j’ai eu la chance de bénéficier avec mes camarades et amis de la rédaction de Vie Nouvelle, j’ajoute le courage politique, le goût du débat, la résistance sans mollesse au fascisme rampant et au populisme retord qui gangrènent notre société et, cerises sur le gâteau, le respect des dites « petites gens » qui n’ont pas une médaille à la boutonnière et ce charme particulier qui illuminait le cœur de toutes celles et ceux qui l’ont connu.

José à qui j’avais confié le projet d’un ouvrage que je voulais finaliser avant de disparaître m’avait répondu « Fonce, mais presse-toi tranquillement, ne te disperse pas »

Il va falloir surmonter cet énorme vide qu’il a laissé à ceux qui le connaissaient et appréciaient bien. Je pense qu’il m’en voudrait de baisser les bras. Je respecterai son sage conseil en pensant à la douleur que doivent ressentir ses proches que j’embrasse très fort.

Un conseil à la jeunesse. Lisez le livre de José Fort, « 30 Ans d’humanité. Ce que je n’ai pas eu le temps de vous dire », un délice d’écriture et un témoignage historique qui sort des sentiers battus de l’histoire événementielle.

Yvon Huet

Le billet d’Yvon Huet. Le choix d’une révolution à construire

Depuis que le patronat français a, sur un demi-siècle, créé les conditions d’une liquidation en règle de l’appareil productif de notre pays, il a gagné beaucoup de sous en investissant dans la spéculation et la bulle financière. Il a provoqué ainsi ce que nous pouvions prévoir facilement, une fracture abyssale entre riches et pauvres en France et une précarisation de l’emploi majoritaire dans le monde du travail avec une fragilisation aigüe des services publics et de la protection sociale.

Certes, il reste encore quelques points forts incontournables qu’il n’a pu détruire, mais l’essentiel est dans la tendance lourde qui explique l’état de crise économique, sociale et culturelle que notre pays traverse. Nous arrivons à un point où cette stratégie peut amener l’extrême droite au pouvoir pour finir le sale boulot et museler le mouvement social, comme le dit si bien Sophie Binet. Mais elle peut aussi réveiller des consciences endormies qui commencent à se rendre compte qu’il faut se bouger. Tout est donc dans le choix auxquels les Français seront amenés à prendre leur responsabilité individuelle et collective. Dans ce contexte, la gauche ne peut pas faire de compromis avec les liquidateurs qui ont œuvré avec Macron et Hollande pour mettre à genou le pacte social français. Elle doit inventer, créer les conditions d’une nouvelle donne, prendre des risques nécessaires pour stopper le rapt des milliardaires contre le bien collectif.

Le patronat est désormais incapable de penser autrement que dans la logique de profitabilité qui le pousse à préférer le chaos de l’extrême droite au nouveau front populaire. La force du mouvement social et le respect de toutes les nuances de la gauche française sont les deux jambes qui doivent permettre de gagner. Ce n’est pas « gagné » certes, mais nous n’avons pas le choix. Dans le mouvement social, il n’y a pas les petits bras d’un côté et les grosses têtes de l’autre. Il y a tout le monde, femmes, hommes, citoyennes et citoyens de toutes les générations, qui peuvent faire basculer les choses. Puisse les manipulateurs assoiffés de pouvoir ne pas gâcher ce mouvement nécessaire. Au-delà de cette nécessité, il y a aussi un défi à relever, celui du travail, celui qui devrait permettre à chacune et chacun de s’épanouir et permettre à notre pays de retrouver sa fierté, sans oublier les migrants dont la France a un grand besoin, contrairement à ce que serinent l’extrême droite et la droite. Si les communistes insistent sur cette question, c’est parce qu’elle est une des clés de la réussite de la gauche si elle prend le pouvoir. Les aménagements de la misère ne font que figer une situation désespérante. Il faut associer solidarité et travail en évitant tous les pièges de la division, ce que dit aussi clairement Fabien Roussel.

Le 10 septembre ne doit pas être un grand soir du pétard mouillé. Il doit être le début de quelque chose, ce que les syndicats ont compris en prolongement les propositions de mobilisation au 18 septembre et au-delà.

Yvon Huet

Le billet d’Yvon Huet. La grande trumperie


Le mégalomane du bureau ovale de la Maison Blanche est un grand accordéoniste luciférien, qu’on se le dise. Il convoque ses valets de l’OTAN, distribue les bons et mauvais points en toute impunité tout en laissant la gouvernance israélienne continuer son activité méthodique de génocide du peuple palestinien.

Il semblerait que cette situation inédite dans laquelle l’ONU a été quasiment rayée de la carte géopolitique tétanise la solidarité internationale. Chacun y va de son interprétation avec ses préférences, ses expertises sorties d’un chapeau souvent troué par une réalité qui dément toute logique prospective.

Trump jouerait-il au Monopoly en flattant la Russie pour essayer de la dégager de ses liens avec la Chine ? Disons plutôt qu’il essaie de saper les bases d’une volonté de ce que certains appellent « le reste du monde » de s’émanciper de la dépendance tant vis à vis de la puissance US que de l’Europe qui semble revenir à ses vieux démons coloniaux en menant une politique anti-migratoire brutale et mortifère toute aussi toxique que celle des USA.

Une chose est sûr. Dans un monde interdépendant, l’essentiel, aujourd’hui, c’est que les peuples se mobilisent pour la paix et la coopération dans un contexte où il faut tout faire pour prévenir les effets d’un réchauffement climatique dans lequel les USA sont les premiers responsables, donc aujourd’hui totalement irresponsables avec leur politique de fuite en avant face aux dangers qui risquent de mettre un point final à l’humanité, et dans un temps plus court que prévu. Dans ce contexte, les gouvernances européennes, particulièrement la française, se conduisent comme des valets de chambre de sa majesté Trump. Avec toutes mes excuses aux valets de chambre, les vrais, qui doivent faire preuve de courage à nettoyer les chaussures imbibées de sang des prédateurs de l’humain.

Yvon Huet

Le billet d’Yvon Huet. La culture de paix, urgente permanente

L’économie de guerre, quel que soit le pays, c’est la misère et la mort pour la jeunesse des peuples et la « milliardocratie » pour les profiteurs du pouvoir et des banques qui la mettent en musique… Ils continuent à se goinfrer en construisant des cliniques pour soigner les blessés et, cerise sur le gâteau, créent des fondations pour s’occuper des estropiés en bénéficiant de réductions d’impôts… Ils vont même, après, jusqu’à sponsoriser tous les films de guerre possibles en récoltant les profits juteux des productions cinématographiques…, ne serait-ce que pour donner le goût de la barbarie aux nouvelles générations qui jouent à la guerre avec les jeux vidéo…

La culture de la paix est un combat permanent. Il ne faut jamais le lâcher, même dans les pires moments de l’histoire humaine. Merci Jaurès, dont nous commémorerons l’anniversaire de son assassinat le 31 juillet prochain, il y a 111 ans (comme si c’était hier), d’avoir inspiré la force de conviction de tous les pacifistes.

Yvon Huet