Des barrages filtrants érigés depuis samedi sur la route nationale 20, ce dimanche sur le rond-point de Villefranche-de-Conflent (RD66) et à la sortie de Puyvalador (D118) : la colère des éleveurs monte dans les Pyrénées-Orientales comme un peu partout en France dans les départements touchés par la dermatose nodulaire contagieuse.

Ce dimanche matin, il faisait à peine 2° à Villetranche-de-Conflent quand les premiers tracteurs arrivaient. Les éleveurs avaient en effet appelé leurs collègues agriculteurs, mais également les citoyens, à se rassembler en masse sur cet endroit stratégique, sur
cette RD66 qui mène à la Cerdagne et au Capcir. « Stop au massacre », « Agriculture française en danger », « Pour un changement de nos politiques sanitaires », « Protégeons nos troupeaux », les messages sont toujours les mêmes depuis maintenant près de deux mois. Les manifestants dénoncent la gestion de la crise mise en place par le gouvernement pour lutter contre la dermatose nodulaire contagieuse.

Des barrages filtrants ont rapidement été mis en place dans les deux sens. Au plus fort, jusqu’à 150 personnes étaient présentes sur et autour du rond-point jouxtant la cité fortifiée. Parmi eux quelques élus dont Françoise Eliott, maire de Py, qui ne cachait pas son inquiétude : « Il est important de soutenir les éleveurs de la vallée et du département. Peut-être que le gouvernement devrait réfléchir à une autre solution que d’abattre des élevages de souche adaptés à nos territoires montagnards. »
Des élus, mais aussi des citoyens comme Olivier qui pense « qu’il y a beaucoup de violence et il me semble peu de concertation. On voit bien qu’après les Pyrénées-Orientales, l’Ariège, la Haute-Garonne ou encore les Hautes Pyrénées sont touchés. Le gouvernement devrait se poser la question de l’efficacité de sa gestion sanitaire. Il y a en tout cas beaucoup a redire sur la méthode. »
Vincent, viticulteur et arboriculteur, est venu pour « soutenir tous ces petits éleveurs que l’on croise régulièrement dans nos montagnes Ils font un excellent travail. Il est important d’être présent afin de protéger cette paysannerie contre le Mercosur et l’agro-industrie. »

Rappelons qu’à ce jour 20 opérations de dépeuplements ont été menées dans le département. 497 bovins ont été abattus. Pour le Préfet, Pierre Régnault de la Mothe, « Le rythme de diffusion de la dermatose nodulaire contagieuse s’est ralenti dans les Pyrénées-Orientales depuis que notre cheptel a atteint l’immunité vaccinale. Je fais l’hypothèse que la stratégie que nous avons mise en place porte ses fruits. J’ai réuni les éleveurs cette semaine pour un échange direct et sans filtre. Je réunirai la semaine prochaine ceux d’entre eux qui ont été concernés par une mesure de dépeuplement : je veux qu’ils sachent que nous les accompagnerons dans la durée. »
Par ailleurs le représentant de l’État appelle à « Rester vigilant, car des cas peuvent encore apparaitre, par exemple dans l’éventualité où une vache aurait contracté le virus alors que le vaccin n’était pas encore à son plein effet et en raison de l’incubation très longue de la maladie sur certains individus, Les contraintes pesant sur les élevages vont être progressivement assouplies (la levée de la zone de surveillance intervient 45 jours après le dépeuplement du dernier foyer contaminé). » Pas certain que cela suffise à calmer la colère des éleveurs qui fait tache d’huile sur toute l’Occitanie et dans de nombreuses régions françaises. D’ailleurs, les éleveurs appellent déjà à une nouvelle mobilisation, ce mardi 16 décembre à 18 heures, devant la préfecture à Perpignan.
Philippe Comas (L’Indépendant, le 15 décembre 2025)
Latour-de-Carol et Puyvalador aussi

Du côté de Latour-de-Carol, la route nationale 20 a été bloquée une bonne partie de la journée de dimanche. Une trentaine d’éleveurs, installée des le samedi, a bravé le froid et est en place toute la nuit. Dimanche après-midi un autre point de rassemblement était mis en place sur la route départementale 118 à la sortie de Puyvalador, en direction de l’Aude. Là encore agriculteurs et éleveurs du Capcir et du Donezan (Ariège) décidaient d’établir un barrage filtrant. Notons que si les appels à manifester venaient de la Confédération paysanne 66 ou de la Coordination rurale 66, des agriculteurs adhérents à d’autres syndicats (FDSEA, Jeunes Agriculteurs) avaient décidé de montrer leur solidarité en participant aux différents rassemblements.

