Valmanya. Commémorer pour ne pas oublier (L’Indep)

Sous la présidence de Didier Carponcin, sous-préfet de Prades, accompagné des autorités civiles et militaires, le maire Jean-Mare Monserrat a ouvert le cortège du souvenir. L’assemblée s’est dirigée et recueillie devant la crypte honorant le sacrifice des victimes, Julien Panchot et les combattants de la Résistance, les civils fusillés ou déportés.

Trois chants

Après la levée des couleurs, trois chants ont rythmé la cérémonie.

Tout d’abord, El cant dels ocells de Pablo Casals, interprété par Maëlle Rouifed. Cette mélodie catalane est un espoir pour la paix, pour retrouver la liberté op-pressée. Ce sont les oiseaux qui portent cette partition car ils n’ont de cesse de chanter chaque jour et de façon universelle au-delà des bruits de la fureur et des éteignoirs.

Le deuxième, Le chant des parti-sans, entonné par la foule pré-sente, a rendu hommage aux combattants. Ils se sont engagés, pour cette même liberté, de leur propre libre arbitre, et pour certains, comme Julien Panchot et les résistants, jusqu’au terme ultime. Enfin La Marseillaise pour laquelle tous les participants ont uni leur voix dans la volonté d’exprimer leur fierté républicaine et de défendre ses valeurs si fortes et fragiles: la liberté, l’égalité et la fraternité. La cérémonie se poursuivait au centre du village avec les discours du maire, du sous-préfet, du représentant de l’Association nationale des Anciens combattants de la Résistance, du maire de Malleval-en-Vercors. Elle s’est conclue par un poème lu par R. Maeso, petit-fils de Barthélémy Panchot. Tous ont rappelé avec rigueur et émotion la valeur d’exemple de la mobilisation de la Résistance et des civils face au fascisme et à la barbarie. Le sacrifice de ces combattants, des civils espagnols et français, l’incendie et la destruction du village de Valmanya en sont un témoignage poignant. Enfin, les autorités se sont recueillies avec salut aux drapeaux au monument aux Morts pour honorer toutes les victimes des conflits.

Commémorer pour ne pas répéter. Commémorer pour résister.

L’Indépendant, le 9 août 2025

Canohès. Une cérémonie en hommage à Julien Panchot (L’Indep)

Julien Panchot, résistant antifasciste, ainsi que ses frères Barthélémy et Aristide, ont été honorés. Chaque année, une cérémonie se tient au cimetière de Canohès rassemblant des membres de la famille Panchot, des élus locaux, des représentants d’associations d’Anciens combattants, des porte-drapeaux et des militants du Parti communiste français (PCF).

Julien Panchot, né en 1901 à Canohès, s’est engagé très tôt dans la lutte contre le fascisme. Il a participé à la guerre d’Espagne, puis a rejoint la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale. Membre des Francs-tireurs et partisans (FTPF), il a été capturé, torturé et exécuté par les nazis en août 1944 lors de l’attaque du maquis Henri-Barbusse à Valmanya. La cérémonie de commémoration s’est déroulée en deux temps : les discours avec le dépôt de gerbes, ainsi que les chants tels que Le chant des partisans et La Marseillaise, suivi d’une nouveauté cette année à la demande des membres de la famille, la diffusion d’un extrait d’un documentaire de 2021 rappelant le déroulé de cette guerre.

La municipalité a offert un pot de l’amitié. Cette cérémonie vise à rappeler l’engagement des frères Panchot et à transmettre leur mémoire aux générations futures.

En reconnaissance de leur sacrifice, plusieurs lieux portent le nom de Julien Panchot, notamment l’école élémentaire et une salle communale à Canohès.

Y. D. (L’Indépendant, le 8 août 2025)

La cellule de Canohès rend hommage à Julien Panchot

La cellule du PCF de Canohès comme tous les ans, rend hommage à Julien Panchot et dépose une gerbe sur sa tombe. Nous n’oublions pas Barthélémy et Aristide, c’est ensemble qu’ils ont écrit une page de l’histoire.

Au retour de son service militaire dans la marine, Julien adhère au Parti Communiste et part avec son frère Barthélémy en Tunisie où ils militent au parti communiste Tunisien. Il était un militant actif en France à son retour.

Volontaire dans les brigades internationales, il oeuvra dans le cadre du comité d’aide à l’Espagne républicaine et en tant que chauffeur routier, il transporta du matériel destiné aux républicains.

Avec son frère Aristide ils furent faits prisonniers par des Italiens au camp de Burgos où ils furent très mal traités. Libérés après une intervention du gouvernement, Édouard Daladier ayant reçu une lettre de André Marty concernant leur incarcération (cette lettre est parue dans le Travailleur Catalan).

Menacés d’arrestation avec Barthélemy ils passent dans la clandestinité et julien participe particulièrement à l’organisation des FTPF locaux (Francs-Tireurs Partisans Français).

Avec Barthélemy ils rejoignent le maquis Henri Barbusse et en deviennent des chefs, Julien fut chargé de la direction politique de ce maquis qui regroupa entre 25 et 70 hommes.

Ils firent des actions importantes dont la prise de Prades avec le groupe de l’AGE (Agrupacion de guerilleros espagnoles).

L’attaque de Valmanya par les Allemands s’inscrivait dans le cadre d’une stratégie générale décidée après le débarquement du 6 juin.

C’est après un très dur combat pour empêcher les Allemands d’investir le village de Velmanya que Julien fut blessé, torturé et finalement tué sur le mur des mines de la Pinosa, qui en porte encore les stigmates.

Les frères Panchot sont les héros d’une période troublée de l’histoire où l’engagement était la seule issue possible pour agir et changer le cours de l’histoire.

Ils étaient animés par l’espoir politique et social né du programme du conseil national de la résistance en 1944 appelé : « Les Jours heureux ».

Dans leurs pas, avec les camarades et amis de la cellule du parti communiste de Canohès nous continuons à vouloir participer à l’élaboration d’un projet de société qui applique la devise républicaine afin de garantir l’égalité, la liberté et la fraternité.

La fédération et l’engagement de chacun restent une arme dissuasive face aux événements dramatiques. L’histoire de notre société actuelle a besoin de citoyens fédérés et engagés pour l’écrire.

Nous avons une pensée émue pour notre camarade Simone Maso digne fille de cette famille militante, aux multiples engagements.

Valmanya. Il y a 81 ans, le village était pillé et incendié: dimanche on se souvient (L’Indep)

Commémoration du 81 anniversaire des combats de la Pinosa et de l’incendie du village.

Le 3 septembre 1939, le président Daladier signait la déclaration de guerre contre l’Allemagne d’Hitler et son gouvernement nazi suite a l’invasion de la Pologne et au traité défensif qui liait les deux pays.

C’était l’annonce des combats, des martyrs mais aussi de la collabo-ration. Les exactions avaient déjà commencé en Allemagne bien avant la déclaration de guerre mais se sont étendues inexorablement durant le conflit. C’était des exécutions, des massacres de combattants militaires et partisans, l’emprisonnement et la mort pour des civils au regard de leur idéologie, mais aussi, au-delà de tout entendement, de leur religion, de leur culture, de leur habitat.

Enfants, femmes, personne ne pouvait être épargné. Valmanya est ainsi un exemple où des combattants de la résistance ont été exécutés, mais aussi des villageois n’ayant pour seul attribut que d’être de simples habitants et travailleurs et à ce titre considérés comme complices au-delà de toute justice. Le village sera rasé par vengeance aveugle et cupidité.

Pour rappel, dès le 1er aout 1944, une action combinée des forces allemandes et de la milice converge vers les maquis après être passée à La Bastide et y avoir exécuté trois personnes, guérilleros et civils. La colonne venant de Vinça, retardée par des groupes de maquisards permet à la population de Valmanya de s’enfuir dans la montagne. En effet, Valmanya, par le réseau Sainte-Jeanne d’Abdon Cassot, par la mobilisation du groupe Franc de René Horte, par les actions du maquis Henri Barbusse sous le commandement, à l’époque de Valmanya, de Julien Panchot, avait montré avec le soutien effectif des habitants son courageux mais difficile choix du combat pour la liberté et de la résistance au fascisme. Le pillage de Valmanya commence alors, destruction et incendie… Les forces de la milice et allemandes s’en prennent à la rare population restée sur place. Deux anciens du village Pierre Baux et Jacques Romeux, deux ouvriers agricoles espagnols, Emitério Barrena et José Gimeno sont torturés et exécutés sur place. Une habitante est également violée dans des conditions insoutenables. En même temps l’action militaire se poursuit. La majorité des maquis peut S’échapper aidée par l’action de maquisard FTP, sous le commandement de Julien Panchot, resté à La Pinosa pour assurer les arrieres. Blessé, Julien Panchot est torturé avant d’être exécuté contre le mur de la cantine des mines de La Pinosa.

En souvenir, le maire de Valmanya et le conseil municipal invitent tous les citoyens a venir se recueillir et rendre hommage à ces combattants et toutes les victimes le dimanche 3 août à 11 heures. Cette cérémonie du 81° anniversaire des combats de La Pinosa et de l’incendie du village sera présidée par Didier Carponcin, sous-préfet de Prades.

B. Leduc (L’Indépendant, le 1er août 2025