Commémoration du crime d’État commis en plein Paris le 17 octobre 1961

La guerre d’indépendance algérienne approchait de sa victoire quand, le 17 octobre 1961, un massacre a été perpétré par la police française à l’encontre des milliers d’Algériennes et d’Algériens qui manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu raciste qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque.

Ce crime d’État demeure trop souvent occulté et trop rarement enseigné.

Nous protestons

Contre les odieuses déclarations de haine, à l’encontre des Algériens, exprimées par des responsables politiques, au premier rang desquels le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Elles traduisent la résurgence des pires idées racistes des tenant-e-s de l’Algérie française et des extrémistes criminels de l’OAS que certain-e-s cherchent à réhabiliter.

Contre l’augmentation systématique des entraves à la circulation des personnes entre l’Algérie et la France et l’aggravation des conditions de séjour des Algérien-ne-s, comme celles des autres étrangères et étrangers en France.

Nous demandons

Dans un souci de transparence sur notre histoire et de reconnaissance des faits, un accès libre aux archives de la guerre d’Algérie.

Que la recherche sur ces questions historiques et mémorielles soit encouragée sans ingérence des pouvoirs politiques.

Qu’afin de favoriser la transmission aux nouvelles générations, soit créé, en France, un musée national d’histoire du colonialisme et que soit équitablement enseigné cette période de notre histoire commune.

Nous appelons les citoyennes et les citoyens de ce pays et l’ensemble des organisations progressistes, politiques, syndicales et associatives à se joindre aux différentes initiatives prises ce 17 octobre 2025 afin de rendre hommage à la mémoire de tous les Algériens qui ont été victimes des violences racistes et colonialistes de l’État français et de combattre leurs résurgences dans le présent.

Signataires :
17 octobre contre l’oubli, ACCES (Chevilly-Larue), ACCA, AFPS Paris-Sud, Africa 93, AGAUREPS-Prométhée, AMFPGN, AMF, APAREDESA, Apel-Égalité, Association de Promotion des Cultures du Voyage (APCV), Association des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis (ANPNPA), Association Démocratique des Tunisiens en France (ADTF), Association Josette et Maurice Audin, ASTI de Colombes, ATTAC France, ATMF, Au nom de la Mémoire, CCML, CEDETIM, CGT, CISE, CISPM, Collectif Boycott Apartheid Israël Paris-Banlieue, Collectif Ivryen de Vigilance Contre le Racisme, Collectif Unitaire Franco-Algérien de l’Île de France, Comité vérité et justice pour Charonne, Compagnie Un Pas de Côté, COPAF, coudes à coudes, CRID, DIEL, Euro Palestine, FASTI, Fédération nationale de la Libre Pensée, Fondation Frantz Fanon, FSE, FTCR, Histoire coloniale et postcoloniale, Institut Mehdi Ben Barka – Mémoire vivante, Institut Tribune Socialiste-Histoire et Mémoire du PSU (ITS), Jeunes Insoumis-es, JSJV, L’APRES, La Marche des Solidarités, Le 93 au Coeur de la République, Le Poing Levé, Les Ami-es de Maurice Rajsfus, Les Amis de Jean-Luc Einaudi, Les amis de Max Marchand – de Mouloud Feraoun et de leurs Compagnons, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), Mouvement de la Paix, Morlaix Libertés, PCF, PEPS, NPA Anticapitaliste, Palestine Vivra !, Pour une Écologie Populaire et Sociale, Pour la Mémoire – Contre l’Oubli, RAAR (Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes), Renouveau Syndical, RESOCI-Algérie-Point-com, Réseau Féministe « Ruptures », Révolution Permanente, ROSMERTA, SNPES.PJJ-FSU, Solidaires Étudiant-e-s, Solidarités Asie France, SOS Racisme, Survie, Union étudiante, UJFP, Union communiste libertaire, Union syndicale Solidaires.

17 octobre 1961 : l’hommage aux victimes du massacre (L’Indep)

Hier, vers 17h30, une trentaine de membres du collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée se sont réunis sur la passerelle de l’Archipel, à Perpignan, pour rendre hommage aux victimes du massacre du 17 octobre 1961. Pour mémoire, lors de ce dernier, la police avait réprimé dans le sang une manifestation pacifique d’Algériens à Paris.

La manifestation en question visait à protester contre un couvre-feu qui avait été imposé, sur fond de guerre d’Algérie, aux seuls « Français musulmans » vivant dans le département de la Seine. Selon certains historiens, la police aurait tué lors de l’événement et des détentions qui ont suivi plus de 200 personnes. Le collectif pour une histoire franco-algérienne non falsifiée dénonce « un crime d’État resté impuni ».

Photo Nicolas Parent (L’Indépendant, le 17 octobre 2025)

Appel à rassemblement : Vendredi 17 octobre 2025, le Collectif « Pour une histoire franco-algérienne non falsifiée » commémore le 17 octobre 1961

Un massacre colonial au cœur de Paris

1961 est une année cruciale pour l’issue de la guerre d’indépendance algérienne. Le référendum sur l’autodétermination (8 janvier) ouvre la voie aux négociations entre la France et le GPRA – Gouvernement provisoire de la République algérienne – sur fond d’exacerbation des tensions, avec notamment la création de l’OAS (11 février), le putsch des généraux (23 avril), et en métropole, la recrudescence d’actes racistes (ratonnade de Metz, 23-24 juillet, entre autres), l’intensification de la répression contre les combattants du FLN, et son corollaire, les attentats frontistes contre les forces de police.

C’est dans ce contexte que, le 5 octobre, le préfet Maurice Papon, impose un couvre-feu aux seuls « Français musulmans d’Algérie » du département de la Seine. Pour dénoncer cette mesure discriminatoire, la Fédération de France du FLN appelle à une manifestation massive et pacifique. Ainsi, le soir du 17 octobre, des dizaines de milliers d’Algériens –hommes, femmes, enfants– convergent, dans le calme et sans armes, vers le centre de Paris.

Ils se heurtent à une répression d’État d’une extrême violence relevant des logiques de la guerre subversive à l’œuvre dans le système colonial, et non de celles d’une opération de maintien de l’ordre. 12 000 manifestants sont raflés, torturés, transférés dans des centres de tri. Des dizaines sont « noyés par balle » dans la Seine, après passage à tabac… Le lendemain, la préfecture dénombre trois morts. Or, le bilan est estimé à plusieurs dizaines de morts ou disparus (jusqu’à 200, d’après de récentes recherches). La réalité de ce carnage sera dissimulée par les autorités de l’époque et restera impunie.

Longtemps occultée par l’histoire officielle, la tragédie du 17 octobre 1961 a fait l’objet d’une résolution relative à « la reconnaissance et la condamnation du massacre des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris », adoptée par l’Assemblée nationale le 28 mars 2024. La reconnaissance et la condamnation du crime d’État du 17 octobre 1961 –dont la chaîne des responsabilités est, à ce jour, établie– reste à faire.

  • 17h30 – Rassemblement sur la passerelle de l’Archipel – Perpignan (Prise de parole et lancer de fleurs)
  • 18h30 – Ciné-débat « Ici on noie les Algériens » de Yasmina Adi (90mn) Cinéma Castillet centre-ville – Perpignan

« Mêlant témoignages et archives inédites, histoire et mémoire, passé et présent, le film retrace les différentes étapes du 17 octobre 1961, et révèle la stratégie et les méthodes mises en place au plus haut niveau de l’État : manipulation de l’opinion publique, récusation systématique de toutes les accusations, verrouillage de l’information afin d’empêcher les enquêtes… » (Film DOC)

Premiers signataires : ANPNPA – Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs ami.e.s ; ASTI66 – Association de solidarité avec tous les immigrés ; Fédération franco-algérienne ; L’Alternative ! Endavant ; LDH66 ; LFI ; Mouvement de la Paix ; MRAP66 ; NPA66 ; PCF66 ; Survie …