Retraites : « Cela ne change rien, nous militons pour l’abrogation » (L’Indep)

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé hier suspendre la réforme des retraites, cœur de la crise sociale et politique depuis 2023. Dans les P.-O., si certains syndicats reconnaissent un premier pas, l’abrogation de ce texte est attendue au tournant.

Une lumière au bout du tunnel de la colère politique et sociale ? Sébastien Lecornu aura au moins mis un bon coup de pioche dans le mur séparant le gouvernement des syndicats et plus largement de la gauche.

Ce mardi, lors de son discours de politique générale devant les députés, le Premier ministre a annoncé la suspension de la réforme des retraites. Érigée comme l’un des principaux moteurs de la crise sociale et politique -avec la loi sur l’immigration- cette réforme prévoyait de progressivement porter l’âge de la retraite à 64 ans pour les générations nées à partir de 1968. Avec cette suspension annoncée « jusqu’à l’élection présidentielle », cet âge pivot resterait donc à son niveau actuel, soit 62 ans et 9 mois.

En actant cette suspension, exigence absolue du Parti socialiste, Sébastien Lecornu tend une main à la gauche et aux syndicats qui n’ont cessé de mobiliser contre cette loi depuis 2023.

Dans les Pyrénées-Orientales, le délégué départemental de Force Ouvnière, Jérôme Capdevielle, reconnait « un premier signal encourageant ». Mais, de son point de vue, la bataille est loin d’être remportée. « Cela ne change en rien notre revendication : nous militons pour l’abrogation de la réforme des retraites. C’est une réponse positive, mais ce n’est pas la conclusion ».

Pour la CFDT, syndicat militant pour la suspension, dont la voix est portée dans les Pyrénées-Orientales par Omar Belguellaoui, « cette suspension est une première réponse à la blessure démocratique. Des travailleurs et travailleuses nés en 1964 et 1965 vont pouvoir en bénéficier immédiatement, soit entre 600 000 et 700 000 ».

À la CGT le constat reste toujours plus amer. Julien Berthélémy estimant que ce premier pas « n’est pas suffisant ». Il détaille, et tacle : « Ce discours n’est pas un virage social. il est quasi identique à celui de François Bayrou, hormis l’abandon de la suppression des deux jours féries et la suspension de la réforme des retraites. Nous voulons son abrogation mais aussi une augmentation des salaires, la création d’emplois et une vraie taxation des plus riches et plus hauts revenus ».

Au perchoir de l’Assemblée nationale, Sébastien Lecornu a également annoncé relancer les discussions avec les partenaires sociaux, au printemps prochain, pour notamment border les contours de la future réforme des retraites. « Nous soutenions l’idée sa suspension », appuie Jean-François Virama, responsable départemental du syndicat UNSA. « Nous en sommes satisfaits. D’autant que le Premier ministre remet dans le paysage cette conférence avec les partenaires sociaux, nous espérons y être conviés ». Un sentiment partagé par Jérôme Capdevielle qui milite pour le retour de ce dialogue social. « Si la volonté est de relancer la discussion parlementaire et de redonner de la légitimité au corps intermédiaire, nous sommes dans le positif. Car c’est le cœur de la démocratie ». Dans cette même veine, Omar Belguellaoui estime que « la porte est ouverte à un vrai débat pour l’élection de 2027, loin des postures idéologiques ».

Mais la prudence reste de mise. Certes, les promesses sont posées sur la table de l’Assemblée nationale mais maintenant les syndicats attendent des actes.

Diane Sabouraud (L’Indépendant, le 15 octobre 2025)

Pourquoi les syndicats ont choisi de se mobiliser le 18 septembre (L’Indep)

La journée d’action de l’intersyndicale sera décorrélée de celle du 10 septembre, dans le cadre du mouvement « Bloquons tout ».

L’intersyndicale a finalement appelé, vendredi, à une journée de mobilisation le jeudi 18 septembre contre les mesures budgétaires avancées par le Premier ministre François Bayrou, a annonce Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT.

« Nos organisations appellent à une mobilisation le 18 septembre, y compris par la grève et la manifestation », a-t-elle précisé lors d’une conférence de presse au siège du syndicat à Paris, ou les principaux syndicats se sont réunis, vendredi.

« Le musée des horreurs du projet de budget doit être abandonné », a-t-elle ajouté, dénonçant au passage « la brutalité sans précédent » des différentes mesures budgétaires proposées par Matignon.

La mobilisation interviendra environ une semaine après le vote de confiance que François Bayrou a annoncé, lundi, sur la question de la lutte contre l’endettement du pays. Un vote que le Premier ministre semble voué à perdre avec la décision du Rassemblement national (RN) et des formations de gauche de voter contre son gouvernement.

François Bayrou a proposé en juillet une série de mesures visant à réaliser près de 44 milliards d’euros d’économies lors de l’élaboration du projet de loi de finances 2026. Afin de limiter le déficit budgétaire à 4,6 % du produit intérieur brut (PIB).

« Une première étape »

Par ailleurs, l’intersyndicale n’a pas appelé à mener une action collective le 10 septembre, dans le cadre du mouvement « Bloquons tout », un appel informel à protester dans tout le pays.

Ce mouvement, organisé sur les réseaux sociaux par divers groupes aux objectifs disparates, est comparé à celui des « gilets jaunes », qui avait éclaté en 2018 pour protester contre la hausse des prix du carburant et du coût de la vie. La CGT soutient toutefois cette initiative, que sa secrétaire générale, Sophie Binet, considère comme « une première étape » de la mobilisation contre le projet de budget.

« La CGT a décidé il y a deux jours de faire du 10 septembre est une étape pour dénoncer l’austérité. Nous sommes dans une complémentarité », a-t-elle ainsi soutenu.

L’Indépendant, le 30 août 2025