La Terre, le journal engagé pour la nature et l’alimentation (n°21)

Dossier. Les aliments ultra-transformés dangereux pour santé engraissent les profits des industriels. « Nos assiettes et les profits des ogres », l’éditorial de Patrick Le Hyaric.

Entretien. Mathilde Touvier, directrice de recherche en épidémiologie nutritionnelle, est co-autrice avec quarante chercheurs internationaux de la série d’articles « Aliments ultra-transformés et santé humaine » publiée par The Lancet.

Infographies. Les effets néfastes des aliments ultra-transformés sur la santé et sur les régimes alimentaires.

Expérimentation. « Qu’est-ce qu’on mange ». VRAC, Vers un Réseau d’Achats en Commun, est une association qui existe depuis 10 ans, son objectif est de montrer que les habitant.e.s des quartiers populaires sont autant préoccupés que le reste de la population par bien se nourrir. Le regard de Bénédicte Bonzi, anthropologue, chercheure indépendante associée au Laboratoire d’Anthropologie du Politique (LAP).

Initiative. À Ivry, vers une Maison de l’Alimentation. Depuis bientôt neuf ans à Ivry (94), l’association L’Étal Solidaire organise des ventes de fruits et légumes bio à prix coûtant afin de rendre accessible aux habitants de cette ville de banlieue.

Débat. La re-territorialisation de l’alimentation et des filières agricoles est un enjeu stratégique pour faire face aux crises environnementale, climatique, géopolitique, et même démocratique, qui fragilisent aujourd’hui la sécurité alimentaire de la France. Avec l’association Le Lierre.

Idée. Un agri-urbanisme pour une agriculture paysanne. Par Gérard Thomas, Docteur en aménagement de l’espace et urbanisme.

Climat. L’appel de l’Amazonie. La presse s’est unanimement fait l’écho des déceptions créées par la déclaration finale de la COP30 de Belem (Brésil). Mais au point d’en occulter les quelques avancées pas si anodines qui sont surtout le fruit de la mobilisation des peuples, d’organisations de travailleurs-paysans et de femmes notamment. Par Lydia Samarbakhsh.

Biodiversité. Le Parlement Européen vote (enfin !) la protection de nos sols. Par Léa Lugassy, Directrice scientifique & technique chez Pour une Agriculture Du Vivant.

Reportage. Ruée vers l’or : à qui profite la mine ? Entre la Bretagne et les Pays de la Loire, un territoire est convoité par une société privée spécialisée dans l’exploration minière. À sa tête, un explorateur qui ne voit dans la nature qu’un gisement de profit. Sur le terrain, riverains, élus et associations s’engagent dans une ruée contre l’or. Pour la protection des humains et de l’environnement.

Habiter autrement la terre et le vivant. Entretien avec Guillaume Faburel, professeur d’études urbaines et de géographie, coordinateur du Mouvement pour une société écologique post-urbaine.

Agroécologie. À l’occasion de ses 20 ans, l’association Bio Consom’acteurs a réuni les textes libres d’une série d’acteurs et d’actrices de la transformation écologique, économique et sociale qui, rassemblés, constituent l’ouvrage « Les Bouchées Doubles ».

Actualités. « Matin brun ». La chronique de Pierre-Louis Basse, écrivain, journaliste.

L’édito du webzine. COP30, la dernière chance ?

Après avoir échoué à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, objectif défini par l’Accord de Paris lors de la COP21, il y a 10 ans, la COP30 qui se tient du 10 au 21 novembre à Belèm au Brésil va t-elle être capable d’insuffler un essor nouveau pour sauver la planète ?

Après une décennie d’atermoiements, de renoncement et de dénis, alors que les gouvernements climato-sceptiques sont de plus en plus nombreux et que la défiance vis-à-vis de la science et des scientifiques progressent dangereusement dans nos sociétés pourtant éduquées, il reste à espérer, pendant cette COP30, que les pays s’emparent de ce défi qui impactera chacun d’entre nous.

Pour l’instant, l’augmentation en nombre et en intensité des catastrophes naturelles directement liées au dérèglement climatique nous rappelle à la réalité avec son aspect dramatique dont le nombre de morts qui ne cesse d’augmenter.

Dix ans après LA COP21 dont les engagements n’ont pas été respectés, l’absence d’un des plus grands émetteur de CO2, les États-Unis, en raison du climato-scepticisme de Donald Trump a été remarqué. La Conférence de Belém interroge sur sa capacité à enfin agir pour sauver la planète.

Le 10 novembre, dès l’ouverture de COP30, Lula, le président brésilien, a appelé les participants à « infliger une nouvelle défaite aux négationnistes » du changement climatique. C’est-à-dire aux climato-sceptiques qui, par ignorance ou plus souvent par intérêt financier, nient toujours l’évidence scientifique. À savoir que la planète court à sa perte en raison de la montée des gaz à effets de serre dus à l’activité humaine, exacerbée par le capitalisme sauvage, sa quête de profits qui passe par une croissance infinie.

La COP30 au Brésil, une chance ?

Il y a 10 ans, les pays s’étaient engagés à Paris à réduire drastiquement leurs émissions de CO2 de sorte de limiter le réchauffement à 1,5 degré. On sait déjà que le compte n’y sera pas. Les derniers rapports tablent sur un réchauffement de l’ordre de 3 à 4 degrés à l’horizon 2100. En raison des renoncements ou des mesures de greenwashing, le seuil des Accords de Paris sera « presque inévitablement dépassé », concède Jim Skea, le président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).

La COP30, qui semble être l’une des dernières à pouvoir encore infléchir la fuite en avant, réussira-t-elle à gravir la montagne quand les éditions précédentes ont accouché d’une souris ? Difficile d’y croire. Lula, dans son allocution d’ouverture, a fustigé l’absence des États-Unis. « Si les hommes qui font la guerre étaient ici, ils se rendraient compte qu’il est beaucoup moins cher d’investir dans la lutte contre le réchauffement de la planète » a-t-il déclaré. Trump n’a envoyé aucune délégation officielle. Pire, il pourrait tirer en coulisses les ficelles pour faire capoter un accord responsable qui empiéterait sur les intérêts fossiles américains (pétrole, gaz, charbon).

Quoi qu’il en soit, « se lamenter n’est pas une stratégie », estime le chef de l’ONU climat, Simon Stiell. « Nous avons besoin de solutions (…) Nous devons aller beaucoup, beaucoup plus vite », a-t-il martelé en ouverture. Le Brésil, où les populations indigènes d’Amazonie sont les premières exposées, aura à cœur de faire adopter des mesures contre la déforestation. Les choix énergétiques, les politiques de transport ou la justice environnementale seront également au cœur des discussions.

Reste à savoir si les moyens financiers seront au rendez-vous, notamment en faveur des pays émergents. L’an passé, l’enveloppe de 300 milliards de dollars par an à l’horizon 2035 avait été jugée « ridicule ».

Dominique Gerbault

L’édito du TC par Évelyne Bordet. Le sursaut va-t-il enfin avoir lieu ?

Il y a deux semaines, l’ouragan Melissa balayait successivement Haïti, la Jamaïque, puis Cuba. Pendant ce temps, de l’autre côté de la planète, une série de typhons s’abattaient sur les Philippines. Et ça continue…

Lundi 10 novembre débutait la COP30 de Belém, au Brésil, dix ans presque jour pour jour après la conclusion de l’Accord de Paris qui a fixé en 2015 l’objectif de contenir la hausse du thermomètre « en deçà de 2°C » et de « s’efforcer de limiter cette augmentation à 1,5°C » à la fin du siècle, par rapport aux niveaux préindustriels. Un chiffre issu d’un véritable consensus scientifique et politique pour assurer l’habitabilité sur Terre. Une promesse faite à l’humanité… Aujourd’hui, le monde est livré au chaos climatique. Un monde à + 1,5°C de réchauffement, le seuil ayant été pour la première fois dépassé sur une année, en 2024. Dix ans après l’accord de Paris, nul ne peut feindre d’ignorer ces réalités. Alors, les dirigeants du monde sont sommés d’accélérer la lutte contre le réchauffement climatique.

Donald Trump avec son « Drill, baby, drill » qui risque fort de devenir « kill, baby, kill » … Javier Milei pour l’Argentine, Narendra Modi pour l’Inde, la liste des climatosceptiques au pouvoir ne cesse de s’allonger, mettant l’avenir de l’humanité en péril. Si Trump a décidé de n’envoyer aucune délégation à Belém, il devrait œuvrer dans l’ombre pour bloquer tout accord contraignant susceptible de perturber sa politique mortifère.

« Pour autant, il ne faut pas abandonner. Mon espoir, c’est que la COP30 soit l’occasion d’un sursaut, qu’un front commun naisse entre des pays comme le Brésil, ceux d’Europe, et la Chine », martèle Jean Jouzel, paléoclimatologue et ancien vice-président du GIEC.

C’est aussi l’ambition du Sommet des peuples, qui se tiendra en parallèle de la COP, un appel à l’action collective, un espace de résistance rassemblant une diversité d’acteurs venus du monde entier, avec des associations, syndicats, ONG, représentants des peuples autochtones pour imposer justice sociale, justice climatique et transition juste. Une question de survie…