Train jaune : un héritage qui doit continuer de transporter la vie locale (L’Indep)

Le Canari était au centre des débats.

L’assemblée générale du Comité des usagers du Train jaune, tenue à Olette, a rappelé avec force que la célèbre ligne ferroviaire est à la fois « un trésor patrimonial unique et un outil indispensable pour la mobilité du territoire ».

Accueillie par le maire, Jean-Louis Jallat, la rencontre a pris une dimension chaleureuse et mobilisatrice. L’élu a souligné que « sans le Train jaune, le territoire ne serait plus le même », rappelant la place centrale du Canari dans l’identité du Conflent et des hauts cantons.

La présence de maires, de Michel Garcia, conseiller départemental, président du Parc naturel régional, a illustré l’importance d’une synergie entre préservation du patrimoine ferroviaire et besoins de mobilité moderne.

Jean-Louis Demelin, président du comité des usagers, a rappelé la longue histoire du comité et sa détermination à défendre un patrimoine ferroviaire unique, essentiel à la vie des habitants et à l’attractivité du territoire. Il a souligné l’effort important consenti par la Région Occitanie-Pyrénées Méditerranée, qui a investi 90 M€ pour la modernisation du matériel et de l’infrastructure, permettant de redonner un souffle à la ligne centenaire.

Pas qu’un symbole

Le matériel historique, l’identité centenaire du Train jaune doivent être préservés, tout en garantissant un service public fiable, régulier et adapté aux habitants. Cette exigence d’équilibre a alimenté de nombreux échanges, montrant que le Train jaune n’est pas qu’un symbole.

Pour permettre au Canari de jouer pleinement son rôle dans les mobilités de demain, le Comité a réaffirmé deux priorités : une circulation matinale dans les deux sens, indispensable pour créer une véritable alternative à la voiture et assurer les correspondances avec la ligne de Perpignan; une tarification à 2 € toute l’année, accessible et incitative pour les habitants, au-delà de la dimension touristique.

L’arrivée du nouveau président de la SNCF, déjà familier des attentes liées au Train jaune, a été perçue comme une opportunité à saisir, susceptible de relancer le dialogue et les avancées concrètes.

Une avancée

La confirmation de la réouverture de la ligne Perpignan/Ville-franche-de-Conflent, le 24 janvier à 8h10, a été saluée comme une avancée concrète, qui renforcera la cohérence globale du réseau.

En conclusion, cette assemblée générale a montré que le Train jaune ne peut être réduit ni à un simple monument roulant, ni à une ligne secondaire.

Il est patrimoine vivant, outil de désenclavement, levier de développement durable, et reste un marqueur fort de la vie locale.

Le comité appelle désormais à élargir la mobilisation des usagers et des communes pour que cette ligne mythique continue de rouler et de faire vivre son territoire.

F. D. (L’Indépendant, le 16 décembre 2025)

Conflent-Cerdagne-Capcir. « Stop au massacre » : les éleveurs mobilisés sur les barrages filtrants (L’Indep)

Des barrages filtrants érigés depuis samedi sur la route nationale 20, ce dimanche sur le rond-point de Villefranche-de-Conflent (RD66) et à la sortie de Puyvalador (D118) : la colère des éleveurs monte dans les Pyrénées-Orientales comme un peu partout en France dans les départements touchés par la dermatose nodulaire contagieuse.

Ce dimanche matin, il faisait à peine 2° à Villetranche-de-Conflent quand les premiers tracteurs arrivaient. Les éleveurs avaient en effet appelé leurs collègues agriculteurs, mais également les citoyens, à se rassembler en masse sur cet endroit stratégique, sur
cette RD66 qui mène à la Cerdagne et au Capcir. « Stop au massacre », « Agriculture française en danger », « Pour un changement de nos politiques sanitaires », « Protégeons nos troupeaux », les messages sont toujours les mêmes depuis maintenant près de deux mois. Les manifestants dénoncent la gestion de la crise mise en place par le gouvernement pour lutter contre la dermatose nodulaire contagieuse.

Des barrages filtrants ont rapidement été mis en place dans les deux sens. Au plus fort, jusqu’à 150 personnes étaient présentes sur et autour du rond-point jouxtant la cité fortifiée. Parmi eux quelques élus dont Françoise Eliott, maire de Py, qui ne cachait pas son inquiétude : « Il est important de soutenir les éleveurs de la vallée et du département. Peut-être que le gouvernement devrait réfléchir à une autre solution que d’abattre des élevages de souche adaptés à nos territoires montagnards. »

Des élus, mais aussi des citoyens comme Olivier qui pense « qu’il y a beaucoup de violence et il me semble peu de concertation. On voit bien qu’après les Pyrénées-Orientales, l’Ariège, la Haute-Garonne ou encore les Hautes Pyrénées sont touchés. Le gouvernement devrait se poser la question de l’efficacité de sa gestion sanitaire. Il y a en tout cas beaucoup a redire sur la méthode. »

Vincent, viticulteur et arboriculteur, est venu pour « soutenir tous ces petits éleveurs que l’on croise régulièrement dans nos montagnes Ils font un excellent travail. Il est important d’être présent afin de protéger cette paysannerie contre le Mercosur et l’agro-industrie. »

Rappelons qu’à ce jour 20 opérations de dépeuplements ont été menées dans le département. 497 bovins ont été abattus. Pour le Préfet, Pierre Régnault de la Mothe, « Le rythme de diffusion de la dermatose nodulaire contagieuse s’est ralenti dans les Pyrénées-Orientales depuis que notre cheptel a atteint l’immunité vaccinale. Je fais l’hypothèse que la stratégie que nous avons mise en place porte ses fruits. J’ai réuni les éleveurs cette semaine pour un échange direct et sans filtre. Je réunirai la semaine prochaine ceux d’entre eux qui ont été concernés par une mesure de dépeuplement : je veux qu’ils sachent que nous les accompagnerons dans la durée. »

Par ailleurs le représentant de l’État appelle à « Rester vigilant, car des cas peuvent encore apparaitre, par exemple dans l’éventualité où une vache aurait contracté le virus alors que le vaccin n’était pas encore à son plein effet et en raison de l’incubation très longue de la maladie sur certains individus, Les contraintes pesant sur les élevages vont être progressivement assouplies (la levée de la zone de surveillance intervient 45 jours après le dépeuplement du dernier foyer contaminé). » Pas certain que cela suffise à calmer la colère des éleveurs qui fait tache d’huile sur toute l’Occitanie et dans de nombreuses régions françaises. D’ailleurs, les éleveurs appellent déjà à une nouvelle mobilisation, ce mardi 16 décembre à 18 heures, devant la préfecture à Perpignan.

Philippe Comas (L’Indépendant, le 15 décembre 2025)

Latour-de-Carol et Puyvalador aussi

Du côté de Latour-de-Carol, la route nationale 20 a été bloquée une bonne partie de la journée de dimanche. Une trentaine d’éleveurs, installée des le samedi, a bravé le froid et est en place toute la nuit. Dimanche après-midi un autre point de rassemblement était mis en place sur la route départementale 118 à la sortie de Puyvalador, en direction de l’Aude. Là encore agriculteurs et éleveurs du Capcir et du Donezan (Ariège) décidaient d’établir un barrage filtrant. Notons que si les appels à manifester venaient de la Confédération paysanne 66 ou de la Coordination rurale 66, des agriculteurs adhérents à d’autres syndicats (FDSEA, Jeunes Agriculteurs) avaient décidé de montrer leur solidarité en participant aux différents rassemblements.