L’édito du webzine. Le 8, le 10 et le 18

Même si le sort semble en être jeté pour François Bayrou et son « musée des horreurs », la mise en place d’un nouveau budget répondant à la volonté justice sociale est très loin d’être acquise. Les mobilisations citoyennes le 10 septembre et, le 18 l’intersyndicale sont là pour le rappeler et mettre la pression.

Le ras-bol de s’en prendre toujours aux mêmes grandit. L’aspiration de vivre autrement monte. La réalité sur les caractéristiques de « la dette » vient au grand jour. Les riches sont toujours plus riches, ce sont eux qui sont responsables de cette dette. La réalité n’est pas trop de dépense comme on veut nous le faire croire mais pas assez de recettes. Ces recettes liées aux valeurs produites dans notre pays sont détournées par une petite minorité, les amis de Macron, choyés depuis qu’il est élu Président de la République en 2017 (suppression de l’ISF, remises fiscales, mise en place des crédits d’impôt recherche sans contrepartie…). Tout cela éclate au grand jour. La dette, c’est eux, ce n’est pas nous.

Bayrou va tomber demain lundi mais ce n’est pas pour autant que sa politique pour les riches va être écartée et c’est là, que les citoyens devront agir en force et en masse. La pression doit monter pour la mise en place d’un premier ministre de gauche pour engager une politique à l’opposée de celle des riches, une politique pour le peuple et pour la planète dans l’esprit du programme élaboré par le Nouveau front populaire l’an dernie. Cet esprit, cet engouement provoqué la naissance de ce NFP est petit à petit en train d’être retrouvé.

Pour une véritable justice sociale

Les premiers à lancer la rentrée sociale sont les énergéticiens en grève reconductible depuis le 2 septembre à l’appel de la CGT. Leurs deux priorités sont les salaires et le coût de la vie. Pendant que leur pouvoir d’achat diminue (un jeune débute avec une rémunération de 9 % inférieure au Smic), les entreprises de l’énergie se gavent et rémunèrent leurs actionnaires. Pour l’usager, l’abonnement bondit car la TVA est passée de 5,5 % à 20 % depuis le 1er août.

Cette aspiration à la justice sociale va connaître deux premiers ses rendez-vous : le 10 septembre à l’appel de citoyens et le 18 septembre à l’appel de l’intersyndicale. Dans ce cadre, la diversion politicienne fomentée par Bayrou et Macron, les tractations en coulisses pour maintenir, coûte que coûte leurs orientations néfastes, ne joueront pas longtemps les écrans de fumée.

Mais attention si la colère gronde et qu’elle n’a pas de perspective, elle pourrait accoucher du pire tant les apprentis sorciers, notamment à l’extrême droite, se nourrissent de ce climat délétère. Gageons que le mouvement social ne perdra pas sa boussole et portera haut les valeurs d’égalité et de partage des richesses.

Dominique Gerbault

Mouvement du 10 septembre: ce qui se prépare dans les Pyrénées-Orientales (L’Indep)

Blocage du péage autoroutier du Boulou ou d’autres axes stratégiques, « révolution du caddy »… : lors de la deuxième assemblée générale du collectif citoyen Indignons-nous des Pyrénées-Orientales, qui a réuni plus de 100 personnes ce jeudi 4 septembre 2025 au parc Maillol, de nombreuses propositions d’actions ont émergé en vue du mouvement du 10 septembre.

18 heures, ce jeudi 4 septembre, a Perpignan. Plusieurs dizaines de personnes sont déjà réunies devant le parc Maillol, en face du lycée du même nom. Objectif: définir les modalités d’actions du mouvement du 10 septembre, qui vise notamment à protester contre les restrictions budgétaires annoncées par le Premier ministre en juillet.

Un jeune membre du collectif citoyen Indignons-nous des Pyrénées-Orientales est le premier à prendre le micro. « Je crois que l’idée d’avoir un représentant ou des porte-parole est écartée, a-t-il mis au point d’emblée. L’idée, c’est qu’on discute, qu’on s’entende. Je viens avec mes colères citoyennes, mes envies de changement. J’ai vu l’échec des mobilisations qui ont précède. Il faut trouver d’autres moyens de se faire entendre. Ce dont on a envie, c’est d’une démocratie qui fonctionne. » Le débat était lancé.

Grandes surfaces en ligne de mire

Au plus fort de l’assemblée générale, une bonne centaine de personnes était présente. Soit 3 à 4 fois plus que lors de la précédente réunion, qui s était tenue le 23 août. Dans la foule : des jeunes et des moins jeunes, des citoyens non encartés, mais aussi un certain nombre de militants syndicaux, politiques ou pro-palestiniens. Le mouvement se veut « apartisan » mais la plupart des prises de parole avaient une tonalité de gauche. Plusieurs intervenants ont notamment souligné la nécessité de « sortir du système néo-libéral ».

Pour « tout bloquer », certains sont favorables à des actions permettant d’agir sur la consommation. « Ce qui me parait intéressant, c’est ce jour-là de ne pas consommer dans les grandes surfaces ou sur internet. Ça pénaliserait les grands patrons », a par exemple plaidé un ancien syndicaliste. « Moi, j’avais pense à faire une « révolution du caddy ». Le but, c’est d’aller nombreux dans un supermarché, de tous prendre un caddy et de se promener dans le magasin sans rien acheter », a renchéri un deuxième orateur.

D’autres plaident pour des opérations de blocage plus classiques. C’est notamment le cas d’un jeune participant, coiffeur de son état : « La pierre angulaire du mouvement, c’est la détestation de Macron. On a tous fait des manifs qui n’ont eu aucun impact. Ils ne comprennent que la force. Il faut bloquer le péage du Boulou, le flux des camions qui alimentent Saint-Charles. »

Un ancien gilet jaune a mis sur la table une autre proposition. « Les différentes actions devront être actualisées le jour même avec tout le monde, a-t-il souligné. Mais il nous faut dès maintenant des propositions de blocage. Pour ma part, je propose de bloquer le pont Arago et la voie sur berges. »

Plusieurs militants syndicaux sont également intervenus dans le débat. Le porte-parole de la CGT, qui appelle avec Solidaires et la FSU à se rassembler le 10 septembre à 11 heures sur la place de la Victoire, a estimé que « pour bloquer l’économie, il faut mettre le maximum de salariés en grève ». Tandis que des militants de la Confédération paysanne ont profité de l’occasion pour annoncer que celle-ci rejoignait le mouvement.

Arnaud Andreu (L’Indépendant, le 6 septembre 2025)

Rentrée scolaire. FSU et SNUipp se rallient aux mobilisations du 10 et 18 septembre (L’Indep)

À l’approche imminente de la nouvelle année scolaire, FSU et SNUipp s’inquiètent d’un climat « tendu » pour cette rentrée et annoncent rejoindre les mobilisations du 10 et 18 septembre.

À l’aube de cette rentrée scolaire 2025-2026, la FSU-SNUipp (Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs des Écoles et PEGC) 66 s’est réunie ce vendredi 29 août 2025 dans ses locaux pour pointer du doigt les conditions de cette nouvelle année. Et le sentiment partagé par Audrey Corrège, Frédéric Traby et Jean-François Nogues, co-secrétaires du syndicat n’est autre que de l’« inquiétude ».

Tout d’abord, l’inquiétude face au constat que « plus de 400 élèves sont sur listes d’attente pour intégrer des établissements spécialisés et pourraient donc se retrouver en milieu ordinaire ».

« Nous n’avons pas la même notion de priorité »

Mais aussi celle qui impacte les classes Ulis et le manque de places pour le passage des élèves au collège. A cela, s ajoute la problématique des moyens.

« La ministre annonce vouloir faire du 1er degré une priorité puisqu’ils sont un investissement pour l’avenir mais quand on voit les restrictions avec les coupes budgétaires, nous n’avons pas la même notion de priorité », expose Audrey Corrège.

Avec des classes de 27 élèves en moyenne dans les écoles, la FSU-SNUipp rappelle que dans un contexte de baisse démographique, c’était l’occasion, « même avec un budget constant d’avoir moins d’élèves. Ils ne profitent même pas de ce moment-là. Encore une occasion ratée », poursuivent les co-secrétaires.

15 démissions dans le 1er degré en 2024

Dans le même sac, ils évoquent « une brigade de remplaçants forcés de prendre des postes de titulaires pour combler le manque de moyens », « une revalorisation salariale qui n’a pas abouti », « un métier non attractif pour les jeunes », « les 15 démissions du 1er degré en 2024 dans le département »… Entre autres. Concluant sur des sujets qu’ils ne négligeront pas pour cette année : l’inclusion, la souffrance au travail et le côté déficitaire de titulaire, remplacés par des contractuels.

Des constats qui amènent à une date de mobilisation, celle du 18 septembre à l’initiative de l’intersyndicale pour dénoncer « les choix de budget et l’effort des 44 milliards ». Mais avant ça, le 10 septembre sera aussi un point de ralliement : « On soutient et on appelle à participer aux mobilisations », conclut le syndicat.

Laura Morales (L’Indépendant, le 30 août 2025)

« Bloquons tout le 10 septembre » : partis et syndicats dans l’expectative (L’Indep)

Un mouvement aux nombreuses inconnues que les acteurs politiques et sociaux appréhendent avec curiosité, prudence, voire inquiétude. État des lieux.

On en parle, à bas bruit depuis ce printemps, avec beaucoup plus d’écho, depuis juillet et, une fois dévoilées les premières mesures d’économies envisagées par François Bayrou, comme du mouvement du 10 septembre. Qui appelle à bloquer le pays à cette date.

Un mouvement initié par des citoyens anonymes s affirmant apartisans, soutenu rapidement sur les réseaux sociaux par des groupes venus d’horizons divers.
Avant qu’il ne soit adoubé, le 17 août, par Jean-Luc Mélenchon, qui appelle à une « offensive déterminée », puis par le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard, le lendemain.

Depuis, les Écologistes, les communistes ou le syndicat Sud Rail (qui, jeudi, a affirmé que « le 10 septembre, on bloque tout dans le ferroviaire ») ont confirmé publiquement leur appui.

D’autres organisations syndicales semblent plus partagées, ou indécises, alors que, à l’instar de FO ou de certaines branches de la CGT, des appels à la mobilisation sociale, début septembre, avaient déjà été lancés. Une intersyndicale prévue le 1″ septembre devrait permettre de clarifier les positions.

« Revendications floues »

Certaines unions départementales et fédérations de la CGT (chimie, commerce) ont décidé de ne pas attendre cette date pour se prononcer en faveur du mouvement et prévoient de se mobiliser le 10 septembre. Et ce, dans un contexte où d’autres initiatives émergent, ou sont déjà programmées : les fédérations de taxis disent vouloir « mettre le pays à l’arrêt » le 5 septembre, les pharmaciens envisagent une grève « illimitée des gardes », le secteur de l’énergie sera en grève le 2 septembre et plusieurs syndicats de personnels hospitaliers élaborent plusieurs formes de mobilisation.

Du côté des partis politiques, on marche sur des œufs, entre la peur de passer à un côté d’un mouvement d’envergure, comme cela avait été le cas avec celui des « gilets jaunes », et la crainte d’être visé par des accusations de récupération. Si LFI a mis de l’allant dans son renfort, les communistes et les Écologistes, eux, affirment leur soutien, certes, mais en précisant, a l’instar du porte-parole du PCF, lan Brossat, vendredi dans nos colonnes, qu’ils seront aux côtés de toute action stigmatisant le projet de budget 2026 du Premier ministre.

À gauche toujours, du côté du Parti socialiste, il a finalement été là aussi décidé « d’accompagner » le mouvement pour « lui offrir un débouché politique » de gauche, selon Olivier Faure. Même si « nous n’en connaissons pas complètement les contours » et que « ses revendications sont encore floues », a-t-il prudemment reconnu.

À l’autre bout de l’échiquier politique, toujours dans l’opposition, mais du côté du Rassemblement national, c’est vendredi que le parti a donné sa position officielle, par la voix de sa vice-présidente Edwige Diaz « Notre rôle en tant que parti politique est d’apporter des réponses aux problèmes et aux revendications des gens. Pas de crier dans un haut-parleur », a-t-elle lancé.

Et pour l’instant, sauf exception, rares sont les prises de parole sur le sujet dans les rangs du gouvernement (le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, avait sèchement refusé de nous répondre quand Midi Libre l’avait sollicité, mardi à Nîmes) ou dans le camp présidentiel. Mais pour eux, à n’en pas douter, cette journée fera office de test grandeur nature, au cœur d’une rentrée sociale brûlante.

À la veille de sa conférence de presse prévue ce lundi à 16h, François Bayrou, menacé d’une nouvelle motion de censure, a fustigé le mouvement dans La Tribune Dimanche: « Tout le monde a le droit de protester, mais je ne crois pas que, devant une telle crise, la réponse des Français puisse être de bloquer le pays. » « C’est la chute de la falaise ou le chemin pour s’en sortir », a-t-il déclaré au Parisien, ajoutant que « seule l’adhésion des Français peut changer les choses ».

Vincent Coste (L’Indépendant, le 25 août 2025)

« Bloquons tout », présidentielle : la gauche se mobilise à tâtons (L’Indep)

LFI, le PCF et les Écologistes sont en universités d’été, ce week-end, avant le PS la semaine prochaine. Parviendront-ils à parler d’une même voix, sur fond de contestation sociale ?

C’est le week-end des universités d’été des partis politiques de gauche. Et ça tombe bien, il était temps de se mettre en ordre de bataille à deux semaines d’une mobilisation sociale promise, aux contours encore flous : « Bloquons tout le 10 septembre ». Et à un peu plus de six mois des élections municipales, où il sera inévitablement question d’accords ou de désaccords de partis. Sans compter l’élection présidentielle qui arrive à grands pas.

« Arrêtons avec les attaques personnelles et les guerres picrocholines, et la commedia dell’arte, et les « gnagnagna » », a lancé à la tribune la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier.

Le Parti socialiste (qui organise son université d’été le week-end prochain à Blois) a clarifié sa position, jeudi, lors de l’ouverture de l’université d’Europe écologie à Strasbourg. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a ainsi commenté la mobilisation du 10 septembre : « Nous devons l’accompagner » pour « lui offrir un débouché politique » de gauche, rapporte le Huflington post. Tout juste a-t-il convenu de « revendications encore floues ». Pour le reste, pas question de louper le coche d’une contestation qui peut être « massive (…), à la hauteur de l’exaspération et du rejet du pouvoir actuel ».

Même écho du côté de Fabien Roussel, chef de file d’un PCF rassemble ce week-end à Montpellier. « On demande aux Français toujours plus, de travailler plus longtemps et de gagner moins », confiait-il, vendredi, à Midi Libre. Ils se disent : « « C’est toujours les mêmes qui payent » Et on voit dans le magazine Chalenges, en juillet, que les riches s’enrichissent tous les ans. Il y a largement de quoi être en colère. Un mouvement citoyen me parait tout à fait justifié ! »

« Oui, il faut que M. Bayrou tombe »

Le leader communiste reconnait que le mouvement « part de la base des Français qui ne se reconnaissent pas dans les syndicats et dans les partis politiques ». Fabien Roussel n’est pas sûr, d’ailleurs, qu’il faille se joindre aux troupes anonymes « chacun avec ses drapeaux ». « Je n’appelle pas à soutenir en tant que parti. Au PCF, nous sommes des citoyens, des ouvriers, des infirmières, des enseignants, des routiers. »

Les syndicats décideront de leur propre calendrier et des modes de mobilisation après une réunion de l’intersyndicale prévue le 1er septembre.

La France insoumise, en université à Chäteauneuf-sur-Isère, a annoncé la couleur : « Le 10 septembre, il faut que ce soit la grève générale », a lancé Jean-Luc Mélenchon.

LFI a un homme dans le viseur : François Bayrou. « Son plan qui promet beaucoup de souffrances aux Françaises et aux Français », a déclaré le député Manuel Bompard à Ici Drôme Ardèche. « Il y a une colère très, très grande face à la politique de M. Bayrou et il est légitime pour les Françaises et les Français d’exprimer cette colère (…). Oui, il faut que M. Bayrou tombe. Et ensuite, puisque le président de la République écarte toute possibilité de dissolution de l’Assemblée nationale, c’est la question de son propre départ qui sera posée. »

Une élection présidentielle anticipée : voilà le pronostic de LF1… Ce qui signerait les limites de l’exercice de rapprochements à gauche. Car si l’écologiste Marine Tondelier plaide « l’union », Jean-Luc Mélenchon a déjà prévu de faire cavalier seul.

Arnaud Boucomont (L’Indépendant, le 23 août 2025)