L’édito du TC par René Granmont. L’exigence démocratique

Des profondeurs du pays montent de puissants mouvements de rejet d’un système qui spolie le travail et attise les guerres. La misère gagne quand l’infime minorité des possédants accumulent du capital et du patrimoine. Cela ne pourra pas durer. C’est ce qui s’est dit avec force lors du mouvement du 10 septembre. Écouter ces mouvements, c’est entendre les sourdes colères de la lutte des classes, c’est entendre les citoyens usés, méprisés, rejetés.

Personne ne peut accepter que les grandes entreprises captent 211 milliards d’aides publiques pour délocaliser, réduire l’emploi, sacrifier la formation. Personne ne peut accepter que les 500 plus grandes fortunes voient leur patrimoine multiplié par 14, alors que le nombre de personnes en situation de pauvreté dépasse les 11 millions. Et ce ne sont pas les boniments ministériels qui changeront cette réalité.

Mais le rideau des sentiments d’impuissance se déchire. Les mouvements
pour la paix, contre le génocide à Gaza prennent de l’ampleur.

Le communiqué commun des syndicats contre le plan austéritaire de Bayrou, le mouvement du 10 septembre, les journées d’action syndicale du 18 et bien d’autres sonnent un renouveau combatif et unitaire.

Plus ou moins confusément, une majorité de nos concitoyens comprend qu’il ne suffira pas de changer de Premier ministre. L’aspiration à un changement profond de politique remettant en cause le système économique et institutionnel cherche son chemin. Se pose donc au peuple et aux travailleurs la question de devenir souverains dans les lieux de vie et dans les entreprises.

Il devient insupportable que leurs votes continuent d’être détournés en délégation permanente à des professionnels du pouvoir aux yeux rivés sur la prochaine élection alors que c’est l’avenir de la prochaine génération qui est en jeu. Se pose avec toujours plus de force la demande d’une démocratie réelle où le souverain ne soit pas les institutions financières et le grand capital, mais les citoyens, une démocratie réelle qui ne peut être confondue avec l’électoralisme.

C’est ce mouvement réel qui travaille à abolir le capitalisme, de plus en plus accapareur des fruits du travail et de la nature, de plus en plus militarisé. C’est ce mouvement qui donne leur élan aux aspirations à la justice, la liberté et la paix et qui est seul susceptible de transformer la société.

Montagne catalane. Bloquons tout : le haut canton mobilisé (L’Indep)

Hier, un barrage filtrant était dressé lors d’une action spontanée à l’occasion du mouvement « Bloquons tout le 10 septembre ». Une trentaine de personnes a commencé à se rassembler devant la citadelle de Mont-Louis à partir de 12h30 pour un barrage filtrant.

La montagne a voulu montrer « qu’ici en zone rurale, encore plus qu’ailleurs, on est mécontents de ce gouvernement On est les oubliés des oubliés. Nous faisons une manifestation non déclarée car le gouvernement et Macron ne sont tellement pas dans les clous qu’il n’y a pas de raison qu’on le soit ! », explique une manifestante. Une trentaine de personnes avait dressé un barrage filtrant sur le passage piéton devant la citadelle de Mont-Louis avec distribution de tracts aux automobilistes. « Nous nous sommes retrouvés spontanément entre gens qui ne connaissaient pas forcément mais qui cherchaient un lieu de protestation sur la montagne. » Quelques anciens Gilets jaunes étaient de la partie, n’ayant pas digéré « la répression et la non-prise en compte du cahier de doléances pour plus de justice sociale et de démocratie. » Ce que nombre de manifestants veulent, « le Référendum d’initiative citoyenne avec une Ve République car on veut décider des lois à mettre en place pour l’intérêt commun. Les revendications sont toujours les mêmes mais beaucoup plus criantes tant le gouvernement est allé trop loin, notamment sur les retraites, la loi Duplomb. Nous ne pouvons pas accepter d’être tondus indéfiniment, on est étouffés par une profonde injustice, une grosse indignation et beaucoup de détresse. Nous avons de plus en plus le sentiment d’être gouvernés par une caste qui défend son intérêt et pas celui du peuple français. On veut que la politique change. Le président de la République ne respecte pas la démocratie et ce déni de démocratie est assez insupportable. La nomination de Lecornu, Premier ministre, la veille du mouvement a exacerbé encore plus les tensions ! »

L’action, encadrée par les gendarmes s’est déroulée pacifiquement. Elle s’est achevée sur une assemblée générale toute aussi spontanée que le barrage filtrant « pour se fédérer car on se donne le droit de décider au dernier moment d’une action. C’est un mouvement citoyen et on ne veut être récupérés par aucun parti politique ».

Frédérique Berlic (L’Indépendant, le 11 septembre 2025)

« Nous voulons une meilleure redistribution des richesses » (L’Indep)

Ce mercredi, dans le cadre du mouvement « Bloquons tout », entre 2 200 et 3000 personnes ont manifesté dans les rues de Perpignan à l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaires. Dans la foulée, l’opération « caddies vides » planifiée par le collectif citoyen Indignons-nous a engendré la fermeture du Carrefour Château Roussillon durant une partie de l’après-midi. Par contre, l’opération de blocage de 1’A9 au Boulou prévue dans la matinée a finalement échoue.

Le rendez-vous était fixé à 11 heures au pied du Castillet. Et ils étaient nombreux à avoir répondu a l’appel. Très vite, la place de la Victoire s’est révélée trop petite pour accueillir tout le monde. Un petit défilé en centre-ville s’imposait. Ce sont les syndicats à l’initiative du rassemblement qui ont donné le top départ. Direction : le siège local du Mouvement des entreprises de France (Medef) via le boulevard Clemenceau, pour ensuite poursuivre vers la préfecture. « Nous sommes là pour obtenir un nouveau projet de société, un budget qui réponde aux besoins des salariés. Toutes les politiques publiques menées par les gouvernements successifs ont visé à satisfaire le patronat, qui accapare les richesses créées par les travailleurs. Il faut changer tout ça par la mobilisation », a déclaré le secrétaire départemental de la CGT, Julien Berthélémy, pour galvaniser les troupes.

La mobilisation était bel et bien au rendez-vous ce mercredi matin. Entre 2 200 et 3 000 personnes ont défilé à Perpignan, selon les estimations respectives de la préfecture et des syndicats. Lycéens, retraités, fonctionnaires, salariés du privé, travailleurs indépendants, précaires…

Les manifestants venaient d’horizons divers. Mais leurs revendications se recoupaient souvent. « Plutôt que de distribuer 211 milliards d’euros de subventions aux entreprises, il vaudrait mieux mettre de l’argent dans les services publics et l’écologie. Nous voulons une meilleure redistribution des richesses », résume Nathalie, une masseuse de 34 ans.

Bemat, un retraité perpignanais de 73 ans, n’en pense pas moins : « On nous dit que le libéralisme est la seule solution, mais ce n’est pas vrai. Je pense qu’il faudrait au moins mitiger un peu le système dans lequel nous vivons, y remettre du social. La paupérisation de la société est effrayante. Et dans le même temps, en France, 500 familles possédent 44 % du produit intérieur brut. Ce n’est pas normal. » Gaëtan, un électricien perpignanais de 36 ans, réclame pour sa part un changement de constitution. « Celle de la Ve République donne trop de pouvoir au gouvernement. Il y a une centralisation du pouvoir qui empêche la démocratie de s’exprimer », estime-t-il.

De nombreux lycéens ont également manifesté en tête de cortège. Ils ont notamment scandé, avec d’autres, des slogans tels que « Taxez les riches ! » devant les stores d’acier baissés des locaux du Medef. « Notre objectif est de protester contre Macron et contre la politique qu’il mène. On veut un Premier ministre de gauche ! », martèle Tristan, le responsable fédéral de l’Union syndicale lycéenne.

Louise, élève de première au lycée Lurçat, renchérit : « Nous avons un sentiment d’injustice. On se bouge, on demande des choses, mais rien n’est fait. Pire : on nous met en difficulté. Il y a trop de professeurs absents qui ne sont pas remplacés. On a besoin de plus de profs et de meilleures conditions d’étude. »

Petit épilogue: dans la foulée de la manifestation, à l’appel de l’intersyndicale des postiers et du collectif Indignons-nous, autour de 150 personnes ont prolongé la mobilisation en bloquant la circulation sur le cours Escarguel, au niveau de la place de Catalogne, entre 12h30 et 14 heures.

Arnaud Andreu (L’Indépendant, le 11 septembre 2025)

Mouvement « Bloquons tout » : des propositions sur la table pour la suite (L’Indep)

Ils étaient environ une centaine à s’être réunis ce mercredi en fin d’après-midi au pied du Castillet pour une nouvelle assemblée générale du collectif citoyen « Indignons-nous, bloquons tout ». Les participants ont commencé par effectuer un petit débriefing de la journée. Dans le cadre d’une séance de « micro ouvert » où tous ceux qui le souhaitaient pouvaient prendre la parole, alors que dans le même temps, chacun était libre d’écrire sur des post-it ses propositions d’actions pour la suite.

« Au Boulou, nous n’étions pas assez nombreux ». Lors des prises de parole, la plupart des orateurs ont estimé que le nombre de participants à la manifestation perpignanaise et l’opération « caddies vides » menée au Carrefour de Château-Roussillon constituaient de véritables réussites. Plusieurs intervenants ont également évoqué l’échec de la tentative de blocage de l’A9 au Boulou. « Nous n’étions pas assez nombreux », a résumé l’un d’entre eux.

Une nouvelle action « caddies vides » dans les tuyaux. Après ce débriefing, l’une des animatrices de l’assemblée générale a procédé à la lecture des propositions d’actions effectuées par post-it interposés. Parmi celles-ci figurait sans surprise l’organisation d’une nouvelle opération « caddies vides » (samedi à 10 heures au centre commercial de la Porte-d’Espagne). Mais aussi le « blocage du rond-point du Boulou ». Pour ce qui est des nouvelles idées qui ont émergé, il y avait entre autres celle d’un blocage du marché international Saint-Charles. Reste à savoir quelles propositions vont aboutir.

Et pendant ce temps-là du côté des syndicats… Les organisations syndicales restent pour leur part focalisées sur la journée de mobilisation interprofessionnelle du 18 septembre prochain. Grosse différence avec la mobilisation de ce mercredi : ce ne sont plus seulement 3 syndicats, mais bien 8 (CGT, FO, CFDT, FSU, Unsa, CFTC, Solidaires et CFE-CGC) qui appellent à descendre dans la rue, notamment contre l’austérité budgétaire. À Perpignan, une manifestation est d’ores et déjà calée ce jour-là, à partir de 10 h 30, au départ de la place de Catalogne.

Arnaud Andreu (L’Indépendant, le 11 septembre 2025)

Communiqué de presse de la CGT. Après la chute du gouvernement, mobilisons-nous pour gagner l’enterrement de son budget !

Ce lundi 8 septembre une large majorité de députés ont décidé de ne pas voter la confiance au gouvernement de François Bayrou, du fait de de l’injustice de son projet de budget.

Pour la troisième fois en un an la France n’a plus de gouvernement. Une situation inédite sous la 5e République, résultat de la stratégie d’Emmanuel Macron et du patronat qui préfèrent fragiliser les institutions plutôt que de changer de politique. Les organisations syndicales l’avaient annoncé : le passage en force d’Emmanuel Macron sur la réforme des retraites se payerait par une profonde crise démocratique. Nous y sommes. La CGT appelle solennellement le président de la République à cesser sa stratégie de passage en force et à tirer des leçons de l’impasse dans laquelle il s’est enfermé. Son entêtement et celui du patronat mettent aujourd’hui en danger notre pays d’un point de vue social, économique et géopolitique. Les licenciements et les inégalités explosent, les services publics sont à l’os et la colère sociale est immense. Pas question de changer encore le casting pour garder la même politique ! Il n’y aura pas de stabilité sans justice sociale !

La CGT appelle les travailleuses et les travailleurs à se mobiliser pour gagner l’enterrement du projet de budget Bayrou et la mise en place de mesures d’urgence autour de 5 priorités :

  • La justice fiscale : la taxation des patrimoines, des dividendes et des rachats d’action, la remise à plat des 211 Mds d’aides publiques aux entreprises, le rétablissement de l’ISF et la mise en place d’une vraie progressivité de l’impôt sur le revenu,
  • La justice sociale par l’abrogation de la réforme des retraites, première étape pour gagner la retraite à 60 ans et une sécurité sociale répondant aux besoins,
  • Le financement de nos services publics, de l’argent pour nos hôpitaux, nos écoles, nos universités, nos infrastructures et notre politique culturelle,
  • L’augmentation des salaires, des pensions, des minimas sociaux, l’égalité F/H et des mesures contre la vie chère dans les outre-mer,
  • La réindustrialisation, la transformation environnementale de notre économie et l’arrêt des licenciements.

La CGT alerte : pas question que le gouvernement démissionnaire ne tente de faire passer des régressions en catimini par décret : le doublement des franchises médicales et la réforme de l’Aide Médicale d’État doivent être immédiatement abandonnées !

La chute du gouvernement Bayrou le confirme : les travailleuses et les travailleurs sont en position de force ! C’est donc maintenant qu’il faut se mobiliser pour gagner la réponse aux exigences sociales. La CGT a recensé plus de 700 appels à la grève dans les entreprises et les administrations pour le 10 septembre. Le 18 septembre, l’ensemble des organisations syndicales appellent à faire grève et manifester partout en France. La CGT appelle les travailleuses et les travailleurs à s’en emparer massivement pour faire entendre leurs revendications !

Montreuil, le 08 septembre 2025

L’édito du webzine. Le 8, le 10 et le 18

Même si le sort semble en être jeté pour François Bayrou et son « musée des horreurs », la mise en place d’un nouveau budget répondant à la volonté justice sociale est très loin d’être acquise. Les mobilisations citoyennes le 10 septembre et, le 18 l’intersyndicale sont là pour le rappeler et mettre la pression.

Le ras-bol de s’en prendre toujours aux mêmes grandit. L’aspiration de vivre autrement monte. La réalité sur les caractéristiques de « la dette » vient au grand jour. Les riches sont toujours plus riches, ce sont eux qui sont responsables de cette dette. La réalité n’est pas trop de dépense comme on veut nous le faire croire mais pas assez de recettes. Ces recettes liées aux valeurs produites dans notre pays sont détournées par une petite minorité, les amis de Macron, choyés depuis qu’il est élu Président de la République en 2017 (suppression de l’ISF, remises fiscales, mise en place des crédits d’impôt recherche sans contrepartie…). Tout cela éclate au grand jour. La dette, c’est eux, ce n’est pas nous.

Bayrou va tomber demain lundi mais ce n’est pas pour autant que sa politique pour les riches va être écartée et c’est là, que les citoyens devront agir en force et en masse. La pression doit monter pour la mise en place d’un premier ministre de gauche pour engager une politique à l’opposée de celle des riches, une politique pour le peuple et pour la planète dans l’esprit du programme élaboré par le Nouveau front populaire l’an dernie. Cet esprit, cet engouement provoqué la naissance de ce NFP est petit à petit en train d’être retrouvé.

Pour une véritable justice sociale

Les premiers à lancer la rentrée sociale sont les énergéticiens en grève reconductible depuis le 2 septembre à l’appel de la CGT. Leurs deux priorités sont les salaires et le coût de la vie. Pendant que leur pouvoir d’achat diminue (un jeune débute avec une rémunération de 9 % inférieure au Smic), les entreprises de l’énergie se gavent et rémunèrent leurs actionnaires. Pour l’usager, l’abonnement bondit car la TVA est passée de 5,5 % à 20 % depuis le 1er août.

Cette aspiration à la justice sociale va connaître deux premiers ses rendez-vous : le 10 septembre à l’appel de citoyens et le 18 septembre à l’appel de l’intersyndicale. Dans ce cadre, la diversion politicienne fomentée par Bayrou et Macron, les tractations en coulisses pour maintenir, coûte que coûte leurs orientations néfastes, ne joueront pas longtemps les écrans de fumée.

Mais attention si la colère gronde et qu’elle n’a pas de perspective, elle pourrait accoucher du pire tant les apprentis sorciers, notamment à l’extrême droite, se nourrissent de ce climat délétère. Gageons que le mouvement social ne perdra pas sa boussole et portera haut les valeurs d’égalité et de partage des richesses.

Dominique Gerbault

Mouvement du 10 septembre: ce qui se prépare dans les Pyrénées-Orientales (L’Indep)

Blocage du péage autoroutier du Boulou ou d’autres axes stratégiques, « révolution du caddy »… : lors de la deuxième assemblée générale du collectif citoyen Indignons-nous des Pyrénées-Orientales, qui a réuni plus de 100 personnes ce jeudi 4 septembre 2025 au parc Maillol, de nombreuses propositions d’actions ont émergé en vue du mouvement du 10 septembre.

18 heures, ce jeudi 4 septembre, a Perpignan. Plusieurs dizaines de personnes sont déjà réunies devant le parc Maillol, en face du lycée du même nom. Objectif: définir les modalités d’actions du mouvement du 10 septembre, qui vise notamment à protester contre les restrictions budgétaires annoncées par le Premier ministre en juillet.

Un jeune membre du collectif citoyen Indignons-nous des Pyrénées-Orientales est le premier à prendre le micro. « Je crois que l’idée d’avoir un représentant ou des porte-parole est écartée, a-t-il mis au point d’emblée. L’idée, c’est qu’on discute, qu’on s’entende. Je viens avec mes colères citoyennes, mes envies de changement. J’ai vu l’échec des mobilisations qui ont précède. Il faut trouver d’autres moyens de se faire entendre. Ce dont on a envie, c’est d’une démocratie qui fonctionne. » Le débat était lancé.

Grandes surfaces en ligne de mire

Au plus fort de l’assemblée générale, une bonne centaine de personnes était présente. Soit 3 à 4 fois plus que lors de la précédente réunion, qui s était tenue le 23 août. Dans la foule : des jeunes et des moins jeunes, des citoyens non encartés, mais aussi un certain nombre de militants syndicaux, politiques ou pro-palestiniens. Le mouvement se veut « apartisan » mais la plupart des prises de parole avaient une tonalité de gauche. Plusieurs intervenants ont notamment souligné la nécessité de « sortir du système néo-libéral ».

Pour « tout bloquer », certains sont favorables à des actions permettant d’agir sur la consommation. « Ce qui me parait intéressant, c’est ce jour-là de ne pas consommer dans les grandes surfaces ou sur internet. Ça pénaliserait les grands patrons », a par exemple plaidé un ancien syndicaliste. « Moi, j’avais pense à faire une « révolution du caddy ». Le but, c’est d’aller nombreux dans un supermarché, de tous prendre un caddy et de se promener dans le magasin sans rien acheter », a renchéri un deuxième orateur.

D’autres plaident pour des opérations de blocage plus classiques. C’est notamment le cas d’un jeune participant, coiffeur de son état : « La pierre angulaire du mouvement, c’est la détestation de Macron. On a tous fait des manifs qui n’ont eu aucun impact. Ils ne comprennent que la force. Il faut bloquer le péage du Boulou, le flux des camions qui alimentent Saint-Charles. »

Un ancien gilet jaune a mis sur la table une autre proposition. « Les différentes actions devront être actualisées le jour même avec tout le monde, a-t-il souligné. Mais il nous faut dès maintenant des propositions de blocage. Pour ma part, je propose de bloquer le pont Arago et la voie sur berges. »

Plusieurs militants syndicaux sont également intervenus dans le débat. Le porte-parole de la CGT, qui appelle avec Solidaires et la FSU à se rassembler le 10 septembre à 11 heures sur la place de la Victoire, a estimé que « pour bloquer l’économie, il faut mettre le maximum de salariés en grève ». Tandis que des militants de la Confédération paysanne ont profité de l’occasion pour annoncer que celle-ci rejoignait le mouvement.

Arnaud Andreu (L’Indépendant, le 6 septembre 2025)

Rentrée scolaire. FSU et SNUipp se rallient aux mobilisations du 10 et 18 septembre (L’Indep)

À l’approche imminente de la nouvelle année scolaire, FSU et SNUipp s’inquiètent d’un climat « tendu » pour cette rentrée et annoncent rejoindre les mobilisations du 10 et 18 septembre.

À l’aube de cette rentrée scolaire 2025-2026, la FSU-SNUipp (Syndicat National Unitaire des Instituteurs, Professeurs des Écoles et PEGC) 66 s’est réunie ce vendredi 29 août 2025 dans ses locaux pour pointer du doigt les conditions de cette nouvelle année. Et le sentiment partagé par Audrey Corrège, Frédéric Traby et Jean-François Nogues, co-secrétaires du syndicat n’est autre que de l’« inquiétude ».

Tout d’abord, l’inquiétude face au constat que « plus de 400 élèves sont sur listes d’attente pour intégrer des établissements spécialisés et pourraient donc se retrouver en milieu ordinaire ».

« Nous n’avons pas la même notion de priorité »

Mais aussi celle qui impacte les classes Ulis et le manque de places pour le passage des élèves au collège. A cela, s ajoute la problématique des moyens.

« La ministre annonce vouloir faire du 1er degré une priorité puisqu’ils sont un investissement pour l’avenir mais quand on voit les restrictions avec les coupes budgétaires, nous n’avons pas la même notion de priorité », expose Audrey Corrège.

Avec des classes de 27 élèves en moyenne dans les écoles, la FSU-SNUipp rappelle que dans un contexte de baisse démographique, c’était l’occasion, « même avec un budget constant d’avoir moins d’élèves. Ils ne profitent même pas de ce moment-là. Encore une occasion ratée », poursuivent les co-secrétaires.

15 démissions dans le 1er degré en 2024

Dans le même sac, ils évoquent « une brigade de remplaçants forcés de prendre des postes de titulaires pour combler le manque de moyens », « une revalorisation salariale qui n’a pas abouti », « un métier non attractif pour les jeunes », « les 15 démissions du 1er degré en 2024 dans le département »… Entre autres. Concluant sur des sujets qu’ils ne négligeront pas pour cette année : l’inclusion, la souffrance au travail et le côté déficitaire de titulaire, remplacés par des contractuels.

Des constats qui amènent à une date de mobilisation, celle du 18 septembre à l’initiative de l’intersyndicale pour dénoncer « les choix de budget et l’effort des 44 milliards ». Mais avant ça, le 10 septembre sera aussi un point de ralliement : « On soutient et on appelle à participer aux mobilisations », conclut le syndicat.

Laura Morales (L’Indépendant, le 30 août 2025)

« Bloquons tout le 10 septembre » : partis et syndicats dans l’expectative (L’Indep)

Un mouvement aux nombreuses inconnues que les acteurs politiques et sociaux appréhendent avec curiosité, prudence, voire inquiétude. État des lieux.

On en parle, à bas bruit depuis ce printemps, avec beaucoup plus d’écho, depuis juillet et, une fois dévoilées les premières mesures d’économies envisagées par François Bayrou, comme du mouvement du 10 septembre. Qui appelle à bloquer le pays à cette date.

Un mouvement initié par des citoyens anonymes s affirmant apartisans, soutenu rapidement sur les réseaux sociaux par des groupes venus d’horizons divers.
Avant qu’il ne soit adoubé, le 17 août, par Jean-Luc Mélenchon, qui appelle à une « offensive déterminée », puis par le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard, le lendemain.

Depuis, les Écologistes, les communistes ou le syndicat Sud Rail (qui, jeudi, a affirmé que « le 10 septembre, on bloque tout dans le ferroviaire ») ont confirmé publiquement leur appui.

D’autres organisations syndicales semblent plus partagées, ou indécises, alors que, à l’instar de FO ou de certaines branches de la CGT, des appels à la mobilisation sociale, début septembre, avaient déjà été lancés. Une intersyndicale prévue le 1″ septembre devrait permettre de clarifier les positions.

« Revendications floues »

Certaines unions départementales et fédérations de la CGT (chimie, commerce) ont décidé de ne pas attendre cette date pour se prononcer en faveur du mouvement et prévoient de se mobiliser le 10 septembre. Et ce, dans un contexte où d’autres initiatives émergent, ou sont déjà programmées : les fédérations de taxis disent vouloir « mettre le pays à l’arrêt » le 5 septembre, les pharmaciens envisagent une grève « illimitée des gardes », le secteur de l’énergie sera en grève le 2 septembre et plusieurs syndicats de personnels hospitaliers élaborent plusieurs formes de mobilisation.

Du côté des partis politiques, on marche sur des œufs, entre la peur de passer à un côté d’un mouvement d’envergure, comme cela avait été le cas avec celui des « gilets jaunes », et la crainte d’être visé par des accusations de récupération. Si LFI a mis de l’allant dans son renfort, les communistes et les Écologistes, eux, affirment leur soutien, certes, mais en précisant, a l’instar du porte-parole du PCF, lan Brossat, vendredi dans nos colonnes, qu’ils seront aux côtés de toute action stigmatisant le projet de budget 2026 du Premier ministre.

À gauche toujours, du côté du Parti socialiste, il a finalement été là aussi décidé « d’accompagner » le mouvement pour « lui offrir un débouché politique » de gauche, selon Olivier Faure. Même si « nous n’en connaissons pas complètement les contours » et que « ses revendications sont encore floues », a-t-il prudemment reconnu.

À l’autre bout de l’échiquier politique, toujours dans l’opposition, mais du côté du Rassemblement national, c’est vendredi que le parti a donné sa position officielle, par la voix de sa vice-présidente Edwige Diaz « Notre rôle en tant que parti politique est d’apporter des réponses aux problèmes et aux revendications des gens. Pas de crier dans un haut-parleur », a-t-elle lancé.

Et pour l’instant, sauf exception, rares sont les prises de parole sur le sujet dans les rangs du gouvernement (le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, avait sèchement refusé de nous répondre quand Midi Libre l’avait sollicité, mardi à Nîmes) ou dans le camp présidentiel. Mais pour eux, à n’en pas douter, cette journée fera office de test grandeur nature, au cœur d’une rentrée sociale brûlante.

À la veille de sa conférence de presse prévue ce lundi à 16h, François Bayrou, menacé d’une nouvelle motion de censure, a fustigé le mouvement dans La Tribune Dimanche: « Tout le monde a le droit de protester, mais je ne crois pas que, devant une telle crise, la réponse des Français puisse être de bloquer le pays. » « C’est la chute de la falaise ou le chemin pour s’en sortir », a-t-il déclaré au Parisien, ajoutant que « seule l’adhésion des Français peut changer les choses ».

Vincent Coste (L’Indépendant, le 25 août 2025)

« Bloquons tout », présidentielle : la gauche se mobilise à tâtons (L’Indep)

LFI, le PCF et les Écologistes sont en universités d’été, ce week-end, avant le PS la semaine prochaine. Parviendront-ils à parler d’une même voix, sur fond de contestation sociale ?

C’est le week-end des universités d’été des partis politiques de gauche. Et ça tombe bien, il était temps de se mettre en ordre de bataille à deux semaines d’une mobilisation sociale promise, aux contours encore flous : « Bloquons tout le 10 septembre ». Et à un peu plus de six mois des élections municipales, où il sera inévitablement question d’accords ou de désaccords de partis. Sans compter l’élection présidentielle qui arrive à grands pas.

« Arrêtons avec les attaques personnelles et les guerres picrocholines, et la commedia dell’arte, et les « gnagnagna » », a lancé à la tribune la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier.

Le Parti socialiste (qui organise son université d’été le week-end prochain à Blois) a clarifié sa position, jeudi, lors de l’ouverture de l’université d’Europe écologie à Strasbourg. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a ainsi commenté la mobilisation du 10 septembre : « Nous devons l’accompagner » pour « lui offrir un débouché politique » de gauche, rapporte le Huflington post. Tout juste a-t-il convenu de « revendications encore floues ». Pour le reste, pas question de louper le coche d’une contestation qui peut être « massive (…), à la hauteur de l’exaspération et du rejet du pouvoir actuel ».

Même écho du côté de Fabien Roussel, chef de file d’un PCF rassemble ce week-end à Montpellier. « On demande aux Français toujours plus, de travailler plus longtemps et de gagner moins », confiait-il, vendredi, à Midi Libre. Ils se disent : « « C’est toujours les mêmes qui payent » Et on voit dans le magazine Chalenges, en juillet, que les riches s’enrichissent tous les ans. Il y a largement de quoi être en colère. Un mouvement citoyen me parait tout à fait justifié ! »

« Oui, il faut que M. Bayrou tombe »

Le leader communiste reconnait que le mouvement « part de la base des Français qui ne se reconnaissent pas dans les syndicats et dans les partis politiques ». Fabien Roussel n’est pas sûr, d’ailleurs, qu’il faille se joindre aux troupes anonymes « chacun avec ses drapeaux ». « Je n’appelle pas à soutenir en tant que parti. Au PCF, nous sommes des citoyens, des ouvriers, des infirmières, des enseignants, des routiers. »

Les syndicats décideront de leur propre calendrier et des modes de mobilisation après une réunion de l’intersyndicale prévue le 1er septembre.

La France insoumise, en université à Chäteauneuf-sur-Isère, a annoncé la couleur : « Le 10 septembre, il faut que ce soit la grève générale », a lancé Jean-Luc Mélenchon.

LFI a un homme dans le viseur : François Bayrou. « Son plan qui promet beaucoup de souffrances aux Françaises et aux Français », a déclaré le député Manuel Bompard à Ici Drôme Ardèche. « Il y a une colère très, très grande face à la politique de M. Bayrou et il est légitime pour les Françaises et les Français d’exprimer cette colère (…). Oui, il faut que M. Bayrou tombe. Et ensuite, puisque le président de la République écarte toute possibilité de dissolution de l’Assemblée nationale, c’est la question de son propre départ qui sera posée. »

Une élection présidentielle anticipée : voilà le pronostic de LF1… Ce qui signerait les limites de l’exercice de rapprochements à gauche. Car si l’écologiste Marine Tondelier plaide « l’union », Jean-Luc Mélenchon a déjà prévu de faire cavalier seul.

Arnaud Boucomont (L’Indépendant, le 23 août 2025)