La charte de l’environnement fait partie de la Constitution française, c’est ce que le Conseil constitutionnel a rappelé au législateur en retoquant l’article 2 de la loi Duplomb.
Le sénateur Duplomb soutenue par la macronie a balayé d’un revers de main la charte environnemental en accédant à la volonté de la FNSEA de réintroduire le pesticide tueur d’abeille, l’acétamipride, dans l’agriculture. Il faut dire que ce monsieur Duplomb est un ancien dirigeant de ce puissant syndicat de l’agro-alimentaire.
À l’heure du dérèglement climatique impliquant la sécheresse et les mégafeux de forêt, les multinationales agro-industrielles tenants de la mal-bouffe rejoignent les climato-sceptiques de tout poil. Ils veulent passer en force. La droite, son extrême soutenue par la macronie assoiffée par l’appât du gain jettent par dessus bord les recommandations des spécialistes du climat et de l’environnement.
Alors que le gouvernement Bayrou remet en cause les budgets dédiés à l’écologies, les juges constitutionnels en retoquant l’article 2 de la loi Duplomb n’ont certes pas renversé la table mais ils remettent la France sur les rails.
La France fait figure d’exemple en Europe en interdisant l’acétamipride quand d’autres membres de l’UE l’autorisent. C’est aussi un des enjeux que pose ce débat sur la loi Duplomb, qui a suscité un mouvement citoyen d’ampleur : l’Union européenne doit impérativement harmoniser par le haut les règles pour une agriculture saine, expurgée de l’agrochimie et de la loi de la jungle.
Une victoire pour les progressistes
En recourant au Conseil constitutionnel, la gauche avait bloqué la promulgation de la loi. Les Sages censurent « les dispositions de l’article 2 de la loi qui permettaient de déroger par décret à l’interdiction d’utiliser des produits phytopharmaceutiques contenant des néonicotinoïdes ou autres substances assimilées ». Ils appuient leur décision sur les « exigences de la Charte de l’environnement ». Cette charte a une valeur constitutionnelle depuis son inclusion, en 2005, dans le bloc de constitutionnalité du droit français. Elle consacre les devoirs fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement.
Dans la foulée de la décision du conseil, l’Élysée a annoncé que le président Emmanuel Macron promulguera la loi, mais sans la disposition censurée par les Sages. Autant dire que c’est une victoire pour les opposants au texte. L’article 2 de la loi Duplomb vient d’être censuré. Plus de deux millions de citoyens mobilisés par la pétition lancée par une jeune étudiante en Master QSE et RSE (Qualité, Sécurité, Environnement / Responsabilité Sociétale des Entreprises ont été entendus par les Sages du Conseil constitutionnel. Le sénateur communiste Ian Brossat se réjouit de cette « excellente nouvelle pour la santé publique et l’environnement ». Il dénonce une « loi absurde et dangereuse ».
La bataille n’est pas gagnée pour autant puisque le sieur Duplomb sous pression de la FNSEA prépare un nouveau projet pour réintroduire par la fenêtre ce que le Conseil a jeté par la porte. La pétition a encore de beaux jours devant elle !
Dominique Gerbault